Dans notre lettre ouverte du 17 mai au peuple de Hambourg, nous avons souligné que nous représentons les valeurs que de nombreuses personnes partagent à Hambourg : de la démocratie et des droits de l’homme, de la durabilité écologique et la paix, de l’opposition à l’austérité et au néolibéralisme, du rejet du racisme et du sexisme.
Trump et Poutine, Erdogan et Xi, Merkel et Macron, Modi et Zuma, Temer et Macri, May et le Roi Salman ne nous représentent pas, et le monde qu’ils veulent est à nos dépens..
Nous notons avec préoccupation la suspension généralisée des droits démocratiques et des libertés civiles prévues pour le sommet du G20. Nous voyons que des manifestations sont déjà empêchées dans certaines parties de Hambourg avant le sommet, alors que la libre circulation au sein de l’UE (l’accord de Schengen) a été suspendue. Le droit de réunion a été suspendu pour une grande partie de la région de Hambourg pour les deux jours du sommet. Ceux qui espéraient camper à Hambourg ont dû se rendre devant les tribunaux pour obtenir le droit de le faire - seulement pour voir la soi-disant zone bleue nier ce droit de facto. Pendant ce temps, la revendication de la municipalité selon laquelle elle entend protéger le droit de protester est contredite par le choix d’un chef de police agressif connu pour provoquer l’escalade dans ces situations.
Il y a une raison simple pour cela : la politique du G20 répugne à la grande majorité des gens à Hambourg et en Allemagne, tout comme pour les personnes venues d’ailleurs en Europe et dans le monde.
En Russie et aux États-Unis, en Turquie et en Chine, en Inde et au Brésil, on constate un autoritarisme qui empêche toute expression de résistance populaire à leur pouvoir. Mais dans l’UE aussi, nous voyons des traités comme le CETA et le TAFTA construits à huis clos quand ils n’ont pas de mandat démocratique. Comme nous l’écrivons, les États-Unis et l’UE adoptent sans vergogne leur programme de libre-échange malgré une mobilisation massive « par en bas ».
Les élites néolibérales en Europe - que ce soit en Allemagne, en France ou en Grande-Bretagne - poursuivent leur « business as usual » : nier systématiquement les droits sociaux et civils fondamentaux des citoyens, démanteler davantage les structures de la protection sociale, proposer la logique mortelle de « la survie du plus fort ».
La politique du néolibéralisme et de la guerre est décidée au cœur de la ville, fermée aux citoyens, protégée par une force de police militarisée et soutenue par la suspension des droits politiques. Cette négation de la démocratie n’a qu’un but : défendre l’indéfendable.
Nos manifestations parlent pour un autre monde et viennent d’un monde différent ; un monde qui n’est pas motivé par les logiques du racisme, de la misogynie, de l’homophobie et de la peur de la différence, un monde qui prend au sérieux les changements climatiques causés par l’action humaine, les besoins sociaux d’aujourd’hui en matière de santé, d’éducation. Nous rejetons un monde dans lequel une chaussure de sport peut facilement traverser la Méditerranée tandis que les gens s’y noient. Nous parlons pour différentes villes : les villes qui ne sont pas abîmées par la spéculation immobilière et la privatisation des services publics, des villes vivantes et diverses, où les gens peuvent librement exprimer leurs désaccords, leurs propres espoirs pour un monde meilleur, des villes comme le Hambourg que nous connaissons et aimons.
Ils veulent une zone exempte de démocratie à Hambourg, à la place nous voulons un Hambourg sans G20. La municipalité de Hambourg et le gouvernement national allemand suspendent la vie quotidienne des gens au défilé d’une procession d’escrocs et de tyrans, et veulent empêcher que les gens de Hambourg et ceux du monde entier montrent qu’ils ne sont pas d’accord avec eux.
Nous exigeons la fin de la suspension de la liberté politique : la « zone bleue » empêchant le droit de protester, les contrôles frontaliers empêchant les déplacements gratuits, les tentatives d’empêcher le droit de se réunir. Au lieu de cela, nous célébrons la tradition de tolérance et de diversité de Hambourg, la démocratie et la dissidence. Si le G20 veut une planète enfermée dans des clôtures et des barbelés, nous voulons un monde solidaire sans frontières.