Dans un monde en guerres, pas de paix sans justice, solidarités altermondialistes

mercredi 30 avril 2025, par Attac France

La situation ouverte par l’élection de Donald Trump aux États-Unis confirme des dynamiques à l’œuvre dans de nombreux pays, notamment à travers une alliance entre l’extrême droite et des courant libertariens, et l’extension d’une internationale d’extrême-droite aux racines variées, mais dont les forces se rejoignent largement sur un certain nombre de valeurs conservatrices.

Néanmoins, l’élection états-unienne ouvre aussi une nouvelle période quant aux rapports de force entre puissances, des guerres commerciales, des formes de l’impérialisme et des guerres, du multilatéralisme et du droit international.

Si dans les mouvements sociaux et la gauche en général, il y a un accord pour dénoncer toutes les logiques inhérentes au trumpisme, il existe d’importantes nuances au sein de notre camp concernant les enjeux internationaux, la responsabilité des différentes puissances dans les guerres en cours, la place de l’Union européenne dans ces processus, les velléités de défense et de sécurité européennes… Entre une position qui ne voit dans le réarmement européen qu’un prétexte à l’approfondissement de l’austérité et des politiques antisociales, une position alignée sur celle des cercles dirigeants de l’Union européenne, ou encore une position qui ne considère comme unique ou essentiel danger que l’impérialisme états-unien, les divergences sont importantes. Chacune de ces positions pose des questions certes légitimes, tout en éludant également une partie des enjeux qui se posent aujourd’hui en Europe et dans le monde. Le contexte actuel exacerbe les tensions, entre États et en leur sein, et montre à quel point la loi du plus fort s’installe sur fond de post-démocratie, de post-vérité, de négationnisme quant aux réalités sociales et climatiques, etc. La « nouvelle mondialisation » n’est plus seulement néolibérale, elle est autoritaire, intolérante, brutale, nationaliste.

On résumera ici quelques-uns de ces enjeux, sans prétention à l’exhaustivité et sans revenir sur le contexte plus général de polycrises qui affecte le monde (en premier lieu la crise climatique) mais qu’il est bien sûr nécessaire de garder en tête.

1/ On assiste à un profond bouleversement des alliances entre États : la donnée géopolitique importante concerne la nouvelle entente scellée entre les États-Unis et la Russie. Entre Trump et Poutine, il existe plus qu’une convergence de vues, tous les deux sont les défenseurs d’un carbo-capitalisme agressif, avide de conquêtes territoriales, masculiniste, anti-« wokes », anti-démocratique… Pour autant, une telle convergence n’appelle pas nécessairement une alliance. Ce qui a changé, c’est le statut de la Russie dans la politique états-unienne. Jusque-là, les États-Unis considéraient la Russie comme un État rival, possiblement dangereux, qu’il fallait contenir, notamment dans la guerre en Ukraine. A présent, Trump considère la Russie comme un partenaire avec qui on peut négocier le partage des ressources, qui est un allié idéologique (bien plus que l’Union européenne) et qui reste cependant largement dominé sur le plan économique.

2 / Cette nouvelle collaboration entre la Russie et les États-Unis est le principal danger planétaire, du fait de la puissance économique et militaire de l’alliance, même si bien sûr, cela n’élimine pas les autres problèmes ni les régimes autoritaires sur le reste du globe. Mais de fait c’est cette entente qui demeure une clé majeure de réorientation de l’ordre mondial, même si la Chine demeure le rival économique, technologique et géopolitique majeur pour les États-Unis, quels que soient les gouvernements en place. Par ailleurs, cela redessine les relations multilatérales, qui pouvaient être structurées à travers les institutions internationales financières (OMC, FMI, OMS, UNICEF…) ou politiques (ONU). Désormais, sous les régimes de Trump et de Poutine, les alliés sont des vassaux des grandes puissances devant s’adapter aux politiques de celles-ci.

3/ Donald Trump entend remodeler la mondialisation au profit des États-Unis, comme en témoigne sa politique de droits de douane. Le 2 avril devait symboliser la « libération » économique du pays, marquant une rupture avec le système économique construit par Washington et ses alliés depuis les années 1980, à l’image du choc de l’ancien président Nixon qui avait mis fin au système de Bretton Woods en 1971. D’une manière unilatérale, les États-Unis imposent une politique coercitive visant le monde entier, y compris ses alliés traditionnels, l’éloignant de son discours officiel sur la démocratisation et la stabilité mondiale. L’hégémonie américaine classique, qui ralliait à sa cause les pays sous sa coupe, laisse sa place à une stratégie de domination. En parallèle, le ralliement des GAFAM et d’Elon Musk à Trump renforce l’influence de la Big Tech et la dynamique de « technoféodalisation » de la société. L’UE, de son coté, s’accroche à une logique libre-échangiste héritée des années 1990 et continue à signer et négocier des accords libre-échange (Mercosur, Mexique, Indonésie, Inde, Thailande…). Le choc Trump nous pousse vers un monde multipolaire, avec une partie comprenant des pays vassaux qui ont cédé au président américain et une autre où les BRICS+ émergent comme une alternative. Chine et Russie s’affirment comme des garants de stabilité, s’efforçant de configurer des règles du commerce international, et multipliant des accords commerciaux moins contraignants que leurs équivalents européens ou américains. La résilience de Moscou face aux sanctions pourrait inspirer d’autres pays du Sud, tandis que des puissances comme l’Inde ou les Émirats arabes unis consolident leurs réseaux commerciaux. Cependant, la suprématie états-unienne persiste, portée par le dollar et l’hégémonie numérique (70 % du trafic internet transite par les serveurs d’Amazon, deux tiers du cloud sont contrôlés par Microsoft, Amazon et Google). À court terme, les États-Unis conservent leur emprise, mais les équilibres globaux évoluent.

4/ L’alliance qui se dessine entre les États-Unis et la Russie est une alliance contre les peuples et le droit international, en premier lieu en Ukraine et en Palestine. La façon dont Trump a engagé ou poussé à des accords dans les deux cas montre non seulement l’inanité de ses propositions pour mettre fin aux guerres, mais également l’absence totale de considération pour les peuples concernés ou leurs représentants. La situation ne peut qu’engendrer de nouvelles guerres quand ces deux puissances ou leurs alliés décideront de nouvelles agressions militaires. Il nous faut beaucoup plus que précédemment lier les questions ukrainiennes et palestiniennes dans nos analyses, car ces conflits, avec toutes leurs particularités, dessinent deux aspects complémentaires des agressions impérialistes contre les droits des peuples. Dans les déséquilibres géopolitiques et de rapports de force que ces conflits révèlent, l’Union européenne apparaît comme une simple zone de libre-échange dépourvue de corpus politique et ayant un poids faible dans les relations internationales.

5/ A Gaza, on dénombre depuis le début de l’agression militaire plus de 50 000 morts, dont 15 000 enfants, et plus de 115 000 blessées, dont plus de 34 000 enfants, 11 200 personnes disparues (chiffres Unicef avril 2025). Après le 7 octobre 2023, Israël a radicalisé son projet colonial en menant une guerre génocidaire et en cherchant à prendre le contrôle de Gaza. Ce pays est un allié essentiel non seulement des États-Unis, ces derniers lui permettant de poursuivre sa guerre, mais aussi de l’Union Européenne qui n’a rien fait pour stopper le génocide en cours, n’a pas mis fin à l’accord d’association avec Israël, dont différents pays membres ont autorisé l’avion de Netanyahou à les survoler alors que la CPI a émis un mandat d’arrêt contre lui… Cependant, les dirigeants européens sont attachés au respect de certaines règles permettant de légitimer l’ordre international néolibéral ; or, avec Israël, plus aucune de ces règles n’est respectée, l’UE poursuit donc son soutien à Israël tout en s’inquiétant des risques de conflit et déstabilisation régionale. Et ce, non seulement au mépris du droit international mais également, hélas, en faisant payer au prix fort ce soutien aux Gazaouis et restant dans l’incapacité de peser réellement sur la scène internationale.

6/ En Ukraine, depuis février 2022, on compte plus de 12 000 morts et environ 30 000 blessés (chiffres de l’Onu en janvier 2025) ; mais le Haut-Commissariat aux droits de l’homme précise que les chiffres réels pourraient être bien plus élevés, et l’évaluation du nombre de morts militaires oscille entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines de milliers ; le Wall Street journal évoquant même un million de morts ou blessés en Ukraine et en Russie entre février 2022 et septembre 2024. Par ailleurs, depuis le début de la guerre, on évalue à 6,86 millions le nombre de réfugiés ukrainiens, dont près d’un million en Pologne. Cela s’inscrit dans la suite d’une série de conflits et d’annexions de territoires qui ont profondément changé la société ukrainienne. La « menace existentielle » brandie par Emmanuel Macron n’est pas réelle pour une bonne partie de l’Europe, mais « pour la Pologne, les États baltes et les pays nordiques, le danger est direct. Lorsque votre voisin est l’une des plus grandes puissances militaires du monde, un pays qui a violé tous les principaux accords internationaux au cours de la dernière décennie, bombarde quotidiennement les villes ukrainiennes […], la capacité à se défendre […] est une condition préalable à la survie. »

7/ L’Union européenne doit faire face aux conséquences du changement d’alliances en cours. Pour Trump, les États-Unis ont longtemps beaucoup trop dépensé pour leurs alliés européens. Il s’agit désormais d’inverser la tendance. D’où une politique commerciale qui vise à imposer à droits de douane aux pays qui exportent vers les États-Unis plus qu’ils n’importent. « On ne parle donc plus d’un simple protectionnisme, mais bien d’une politique coercitive et impérialiste, y compris à l’encontre d’alliés traditionnels, littéralement vassalisés. » Alors qu’après 1945, l’Union européenne s’est forgée comme alliée des États-Unis, incapable de mener une politique indépendante d’un point de vue militaire ou diplomatique, elle en paye le prix aujourd’hui, et est obligée d’opérer un virage rapide ; la réorientation de la politique européenne passe par une nouvelle politique militaire.

8/ Cette nouvelle politique se traduit par le plan "Réarmer l’Europe", présenté par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 4 mars 2025, qui vise à renforcer les capacités de défense de l’Union européenne en mobilisant près de 800 milliards d’euros sur quatre ans, grâce à : une augmentation des dépenses nationales de défense de chaque État ; la création d’un instrument de prêt européen pour la défense (150 milliards d’euros pour financer des prêts aux États membres), l’utilisation pour la défense d’une partie des fonds de cohésion (censés aider les pays les plus pauvres de l’UE) ; la mobilisation de la Banque européenne d’investissement. Cette augmentation devrait correspondre à 3 ou 4 % du PIB contre 2 % environ aujourd’hui ; l’Allemagne sera particulièrement concernée par cette hausse des budgets militaires. Certes, sur le plan des marchés militaires, les États-Unis restent largement dominants, avec près de 40 % des dépenses militaires mondiales (970 milliards de dollars sur les 2 443 milliards de dollars dépensés à l’échelle mondiale) et 43 % des armes exportées au niveau mondial. Mais l’UE a lancé plusieurs projets de défense dans les dernières années, et ses dépenses militaires sont passées de 204 milliards d’euros en 2022 à 326 milliards d’euros en 2024, soit environ 20 % des dépenses mondiales. L’aide à l’Ukraine agressée est une part très inégale et souvent minime de ces différents budgets. La réalité des menaces russes impose-t-elle de telles augmentations ? La France a augmenté de 47% ses exportations en 2023 et est devenue le deuxième plus grand exportateur au monde, devant la Russie. Les pays européens membres de l’OTAN ont une dépense militaire 3,5 fois supérieure à celle de la Russie. Cependant, la dépendance vis-à-vis des États-Unis demeure très importante. Une étude de 2025 de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) indique que deux tiers des armes achetées par les pays européens proviennent maintenant des États-Unis, avec un doublement de ces importations entre 2020 et 2024.

9/ Face à l’alliance entre Trump et Poutine, les réponses européennes s’inspirent pour partie du rapport Draghi qui proposait « une stratégie propre à l’UE afin qu’elle devienne plus « indépendante » dans le contexte de la rivalité entre les États-Unis et la Chine » en renforçant « l’industrie de l’UE à hauteur de 800 milliards d’euros pour suivre la Chine et les États-Unis » à travers un « financement conjoint » public/privé pour soutenir les « biens publics européens » tels que les infrastructures énergétiques et la défense. L’élection de Trump agit comme un accélérateur en faisant de la défense une base possible pour un vaste plan de relance de l’industrie européenne ; c’est du moins l’hypothèse que font différents économistes face au plan "Réarmer l’Europe" ; la défense du peuple ukrainien n’étant alors qu’un moment dans des objectifs de défense plus vastes, comme l’expliquait Ursula Van Der Leyen : « Nous sommes à l’ère du réarmement et l’Europe est prête à augmenter massivement ses dépenses de défense, à la fois pour répondre à l’urgence à court terme d’agir et de soutenir l’Ukraine, mais aussi pour répondre à la nécessité à long terme d’assumer davantage de responsabilités pour notre propre sécurité européenne ». Ainsi, pour résumer la reformulation du projet pour l’UE, celle-ci doit devenir une puissance plus indépendante des États-Unis (sans pour autant rompre ses liens économiques), plus militarisée, dont le modèle économique s’appuie sur la relance de l’industrie de l’armement, qui accentue les politiques antisociales, sans politique climatique ambitieuse, et est toujours aussi violente avec les migrant·es. Bref, loin d’être un contre-modèle par rapport aux États-Unis et à la Russie, le nouveau projet européen cherche à se relancer, y compris militairement, dans le contexte d’une rivalité accrue pour les minerais rares et coûteux, les terres rares, les terres agricoles et même l’eau, que ce soit en Afrique, en Asie, en Europe ou ailleurs, accentuant « la militarisation de la société et des frontières et l’exclusion du nombre toujours croissant de personnes superflues. »

Face à l’alliance Trump-Poutine, il ne s’agit ni de se ranger derrière les injonctions au réarmement de l’Union européenne, défendues notamment par Emmanuel Macron, ni de mettre à distance les enjeux internationaux, y compris militaires, en occultant les solidarités envers les peuples agressés et les menaces concrètes (sociales, environnementales et militaires) auxquelles nous sommes confrontés.
On peut synthétiser quelques éléments d’orientation d’un point de vue altermondialiste, qui devront être approfondis dans les mois à venir.

1/ Pas de paix sans justice, de l’Ukraine à la Palestine, l’occupation est un crime !

Nous devons réaffirmer la légitimité des Ukrainiens à défendre leur pays et la nécessité de les soutenir, y compris militairement par la mise à disposition des armements européens. Une même attention doit être portée aux pays potentiellement menacés par Poutine (États baltes, Moldavie). Mais la question militaire doit s’articuler à d’autres mesures, comme l’annulation de la dette ukrainienne et le transfert vers l’Ukraine des avoirs russes gelés depuis 2022 (300 milliards d’euros, dont 200 milliards en Europe). Nous devons également exiger le retour des enfants ukrainiens enlevés par les forces russes et la condamnation de tous les crimes de guerre et contre l’humanité.
Nous devons revendiquer plus fortement la rupture de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, l’arrêt de toute livraison d’armes et de toute relation avec le gouvernement israélien, le respect du droit international, en particulier concernant les mandats d’arrêt de la CPI contre des dirigeants d’Israël, la fin la colonisation et de l’apartheid, le droit au retour des réfugié·es.

2/ S’appuyer sur le droit international

Si le droit international est issu historiquement du droit des grandes puissances à imposer leurs volontés, le fait qu’il soit violé aujourd’hui par nombre de ces mêmes puissances, en fait un appui nécessaire bien qu’insuffisant, en défense des peuples, relayés par certains gouvernements du Sud global, comme l’Afrique du Sud en faveur des Palestiniens. Sans angélisme, les campagnes internationales pour le respect de résolutions de l’ONU concernant certains conflits doivent être appuyées, tout en revendiquant, notamment pour ce qui concernant la France, la sortie de l’OTAN, institution qui ne fait que perdurer les logiques de blocs militaires sous égide des États-Unis.

3/ Ni réarmement ni casse sociale !

Le plan Réarmer l’Europe vise à faire de l’Union européenne une puissance militaire concurrentielle plus qu’un soutien aux peuples opprimés. Ses budgets militaires sont par ailleurs relativement conséquents. Nous refusons le pan d’Ursula Van Der Leyen tout comme nous refusons toute réforme anti-sociale, toute restriction budgétaire, tout recul des politiques écologistes ou toute attaque contre les libertés publiques, au nom de la guerre. Pour autant, nous devons affirmer la nécessité d’une indépendance de la politique de défense (notamment par rapport aux États-Unis) et le soutien aux peuples agressés par des livraisons d’armes quand ceux-ci le demandent. Cela n’implique pas une hausse des budgets militaires mais une réorientation des politiques en la matière qui passe par un contrôle démocratique sur les productions d’armes (qui ne doivent pas être des marchandises pour générer des profits) et leur destination. Nous pouvons ainsi poser la question de la nationalisation des industries d’armement, en même temps que nous sommes favorables à l’arrêt des livraisons d’armes à des régimes réactionnaires (qui ne respectent pas le droit international ou qui répriment leurs populations) ou pour des visées néocoloniales de la part de notre propre État (que ce soit en Kanaky ou dans les anciennes colonies). Nous devons redévelopper des campagnes pour remettre à l’ordre du jour la bataille au plan mondial pour de nouveaux traités contre la prolifération des armes nucléaires et le désarmement, et dessiner des perspectives altermondialistes qui sortent de la logique armée pour promouvoir les sécurités collectives des peuples.

4/ Pour une autre Europe : vieux débats, nouveaux enjeux

Alors que les dirigeants européens insistent sur le besoin d’indépendance militaire, l’UE est surtout dépendante dans des domaines bien plus cruciaux comme l’énergie (voir les problèmes posés par la dépendance au gaz russe), les productions utiles (voir les effets de la rupture des chaines d’approvisionnement du matériel médicale pendant la crise du covid), sans compter la dépendance politique qui se joue à travers les ingérences électorales venues de Russie ou des États-Unis. Si de grands investissements européens sont nécessaires, il faut d’abord les diriger vers des politiques écologiques, énergétiques, agricoles, alimentaires, de santé, numériques…
Plus largement, c’est le moment de relancer les débats et actions pour une autre Europe, sociale, démocratique, écologique, une Europe accueillante pour les migrant·es, qui engage des rapports économiques équitables (contrairement aux accords de libre-échange), qui rompe avec le néocolonialisme, etc, débats qui incluent les enjeux de "sécurité" au sens large et de solidarités que nous défendons, dans le contexte mondial. On trouvera vingt propositions en ce sens dans le récent livre d’Attac et de la fondation Copernic Leur Europe et la nôtre. Mais au-delà des nécessaires débats, il est indispensable que se reconstruisent des mouvements sociaux à l’échelle européenne, et que se produisent des ruptures profondes vis-à-vis de l’UE actuelle.

Conclusion

Nous vivons une période charnière. Les politiques néolibérales sont en échec. Elles n’ont pas su assurer une croissance durable au sens entendu par les néolibéraux. Elles n’ont jamais fait ruisseler l’argent sur l’ensemble des agents économiques. En réalité, la richesse, pour une part croissante au fur et à mesure des années, a été captée par les plus riches et les multinationales. Outre, son incapacité à assurer une vie décente et pacifique tout en garantissant une préservation de l’environnement, le capitalisme néolibéral est également à bout de souffle, ainsi que la mondialisation dans les formes et avec les institutions dont s’étaient doté les classes dominantes après la chute du mur de Berlin ; les marges de manœuvre pour créer toujours plus de richesses et dégager toujours plus de profit sont de plus en plus limitées. Pour perdurer, le capitalisme doit évoluer et prendre d’autres formes, encore plus prédatrices et violentes, s’affranchir des règles démocratiques, délaisser les politiques environnementales et s’attaquer aux États eux-mêmes ainsi qu’à l’organisation de l’action publique et de la protection sociale. Pour ce faire, il lui faut également garantir son accès aux ressources (énergie, eau et nourriture notamment) alors que les besoins ne cessent de croître et ce, quel qu’en soit le prix, y compris si cela doit passer par des conflits, directs ou indirects. Enfin, pour asseoir sa légitimité aux yeux des populations, il lui faut développer une stratégie visant à diviser la population, à affaiblir les contre-pouvoirs et à jouer sur les peurs, en dramatisant par exemple (c’est le cas en France) la question de la dette publique dont seraient responsables tout à la fois notre « train de vie » (entendons ici les services publics et la protection sociale), les « normes » (sociales et environnementales) et les immigré·es, dans un discours qui favorise l’extrême droitisation du discours politique et médiatique.

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