Carnet de bord d’Attac au FSMI, du 29 mai au 1er juin à Montréal

samedi 31 mai 2025, par Attac France

C’est parti pour la première édition du Forum social mondial des intersections (FSMI) du 29 mai au 1er juin 2025 à Montréal ! Ambiance jour après jour par les militant·es d’Attac présent·es sur place.

jeudi 29 mai

25 ans d’Attac Québec

Attac Québec fête ses 25 ans ! Attac France à répondu présente avec l’envie de décloisonner nos luttes, de partager nos expériences militantes et de penser ensemble des ripostes face aux crises du capitalisme.

Attac Québec mène actuellement la campagne « Mon lobby a du talent ? ». Aux côtés d’autres organisations de la société civile, elle milite pour une révision de la Loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme afin de renforcer le pouvoir citoyen face aux intérêts privés. Après avoir remis le prix du public du meilleur Lobby en mars à Mc Kinsey, Attac Québec décernera celui du Jury le 19 juin !

Fidèle à l’internationalisme d’Attac, la section québécoise est engagée dans la campagne « Sortons la caisse des crimes en Palestine », qui vise à dénoncer le rôle des institutions financières canadiennes dans le financement de l’occupation israélienne. Attac Québec soutient activement la Coalition du Québec d’Urgence Palestine et appelle au boycott des entreprises complices du colonialisme israélien.

L’un des piliers du travail d’Attac Québec reste l’éducation populaire, indispensable pour déconstruire les récits dominants. Grâce à ses brigades d’information citoyenne, le collectif crée des espaces d’échange, d’analyse et de débat.

Cette rencontre franco-québécoise s’inscrit également dans une dynamique plus large : la préparation du Forum social mondial des Initiatives (FSMI), qui commence aujourd’hui à Montréal. Attac Québec et Attac France y porteront des ateliers sur le lobbyisme et les conséquences de l’extractivisme. Plus que jamais, l’internationalisme est notre boussole. Face à un capitalisme globalisé, notre riposte doit l’être tout autant. Les 25 ans d’Attac Québec sont une étape dans cette construction collective. Rendez-vous au FSMI pour continuer à lutter ensemble !

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FSMI : entre art, luttes et intersectionnalité

Le FSMI (Forum social mondial des intersections) à commencé à Montréal cet après-midi sous le signe de l’art comme levier de transformation sociale. Dans le hall de la Maison des arts participatifs, divers ateliers allant du théâtre, aux chants de lutte en passant par la confection de pancartes sont organisés.

En parallèle, à la mairie de Montréal une cérémonie d’ouverture plus institutionnelle avait lieu pour officialiser l’ouverture du Forum, en présence de Kimberlé Crenshaw. Juriste et militante afro-féministe, elle a forgé le concept d’intersectionnalité à la fin des années 1980 pour décrire la manière dont les discriminations raciales et sexistes se croisent et s’amplifient.

Ce forum a été pensé en complément des Forums sociaux mondiaux, dont le dernier s’est tenu au Népal, afin de créer un espace spécifique pour intégrer l’intersectionnalité à nos luttes. Il s’agit de dépasser les approches cloisonnées et de reconnaître que les oppressions systémiques – racisme, sexisme, capitalisme, colonialisme, validisme, homophobie, politiques migratoires – ne peuvent être comprises ni combattues isolément. Cette approche permet aussi d’interroger la manière dont nos propres mouvements peuvent reproduire des hiérarchies si ces croisements ne sont pas pensés politiquement.

En fin d’après-midi, tout le monde s’est retrouvé au parc La Fontaine pour la marche d’ouverture menée par les peuples autochtones. Puis la journée s’est terminée sur une soirée musicale.

Demain matin, Kimberlé Crenshaw ouvrira la première conférence plénière sur l’intersectionnalité. L’occasion de poser davantage les bases politiques et analytiques du forum.

Marche d’ouverture du FSMI

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vendredi 30 mai

Réactiver le potentiel subversif de l’intersectionnalité - conférence de Kimberlé Crenshaw

La première conférence du FSMI commence évidemment par celle de Kimberlé Crenshaw, juriste et théoricienne féministe, qui nous rappelle combien il est crucial de penser l’intersectionalité à un moment où les droits sont remis en cause. Loin d’être un simple mot à la mode, l’intersectionnalité est un outil pour démasquer les structures de pouvoir qui marginalisent celles et ceux à l’intersection de plusieurs dominations.

1. Genèse : penser ce qui est rendu invisible
L’intersectionnalité est née d’une impasse juridique : des femmes noires discriminées par General Motors n’ont pu faire valoir leurs droits, car ni le critère de genre, ni celui de race ne suffisaient à décrire leur situation. Cette absence de “représentation mentale” adaptée montre la nécessité de penser les oppressions de manière imbriquée.

2. Récupération et dépolitisation du concept
Crenshaw alerte sur la manière dont l’intersectionnalité est aujourd’hui souvent vidée de sa charge politique. Théorisée à partir des luttes des femmes noires face à la violence, elle est parfois utilisée de façon abstraite ou comme simple label inclusif. En Europe, elle est parfois importée sans prise en compte des réalités locales, ni des luttes menées par les personnes concernées. Par exemple, en France, la criminalisation de la solidarité avec la Palestine a visé de manière disproportionnée les personnes arabes, musulmanes et racisées. Une lecture intersectionnelle permet de relier cette répression non seulement à la politique coloniale israélienne, mais aussi au racisme d’État français. L’intersectionnalité n’est donc pas qu’un outil pour analyser les rapports de pouvoir dans nos cercles militants, mais aussi pour transformer nos institutions et nos systèmes de droit.

3. Réactiver une praxis subversive
Pour Crenshaw, il faut lutter contre les discours prétendument “neutres”,comme le color-blindness ou gender-blindness, qui masquent les privilèges. Le refus de nommer les rapports sociaux permet à un ordre injuste de perdurer. Réactiver le potentiel subversif de l’intersectionnalité, c’est :

  • Relier les oppressions à leur histoire (esclavage, colonisation, patriarcat, etc.).
  • Refuser l’essentialisation ou la hiérarchisation des oppressions (la « course à l’intersection »).
  • Résister aux attaques contre les outils critiques comme la théorie critique de la race.
  • Et surtout : partir des expériences concrètes des personnes concernées pour transformer les pratiques, les alliances, et les stratégies politiques.

« Intersectionality is a tool, but it changes depending on how people use it. »

Cette première conférence est précieuse pour avoir un retour critique sur nos pratiques en tant que militant.es et mieux comprendre les outils à notre disposition pour lutter.

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Atelier « Becoming Working Class Revolutionaries : The story of The League of Revolutionnary Black Workers »

Jerome W. Scott, ancien membre de la League Révolutionnaire des Travailleurs Noirs, et Walda Katz-Fishman, sociologue marxiste américaine, ont présenté à travers une discussion leur projet retraçant l’histoire de la League par celleux qui l’ont faite. La League, formée en 1967, est le résultat d’une convergence entre les travailleur·euses noir·es des usines automobiles de Detroit, les étudiant·es noir·es et leurs communautés pour mener une grève « sauvage » pour leurs conditions de travail. Celle-ci a vu le jour dans un contexte où le ressentiment à l’égard de l’unique syndicat automobile - majoritairement dirigé par des blancs - et le mouvement porté par le « Black Manifesto » pour demander des réparations pour la participation active des églises à l’esclavage étaient tous deux très forts. Soit à l’intersection des luttes des travailleur·euses pour leurs conditions de travail et de la lutte pour les droits civiques. Partant des revendications sur les conditions de travail des ouvrier·es noir·es, celleux-ci ont montré que si iels pouvaient mettre la pression à leurs organisations syndicales pour une meilleure représentation, tant que le système d’oppression capitaliste demeurait il n’y aurait pas de changement fondamental dans leurs conditions d’existence.

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Assemblée en route vers le FSM 2026 Cotonou

A 16h rendez-vous était donné pour préparer le rendez-vous du prochain Forum social mondial du 4 au 8 août 2026 à Cotonou. Plus de 80 militant.es en présence et en ligne pour rappeler l’importance de ce processus altermondialiste des FSM où convergent des luttes du monde entier. Les participant·es ont été invité·es à partager leurs motivations, leurs espoirs et les luttes qu’iels et leurs organisations aimeraient y porter. Mais également à s’interroger sur la forme de leur participation et comment faire pour que toustes puissent trouver une place dans ce processus de résistance au capitalisme. Les volontés qui ressortent sont celles à la fois de porter l’espoir en allant rencontrer et soutenir les luttes locales, mais également d’aller en chercher pour faire face à la montée des fascismes et au découragement face au génocide de Gaza. Il est aussi ressorti l’envie de faire de cet événement à Cotonou un espace d’une culture politique accueillante qui permette d’interroger les rapports de pouvoirs et dépasser les résistances culturelles, un lieu d’articulation entre les luttes locales et mondiales. Si la question de l’accaparement des terres et du partage de l’eau sera importante puisque ce forum est porté par la Convergence globale de la Terre et de l’Eau Ouest africaine, les participant·es ont soulevé, entre autre, l’envie de porter les luttes concernant la santé sexuelle féminine, l’extractivisme, la réduction des inégalités entre les riches et les pauvres et enfin l’espoir de remettre du sens dans un droit international bafoué quotidiennement.

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Soirée festive à l’Afromusée

Après une première journée riche en échange, nous nous sommes retrouvé·es pour un DJ set reggae animé par O.N.S à l’Afromusée.

Samedi 31 mai

Conférence « La Palestine aujourd’hui : résister au génocide »

Dans un amphithéâtre plein à craquer à l’UQAM (Université du Qouébec à Montréal), une conférence forte en connaissances historiques et en émotions. En effet, Rachad Antonius a rappelé, documents historiques à l’appui, combien le 7 octobre n’était pas un point de départ mais un point d’arrivée. L’enjeu pour lui maintenant est d’arriver à décoloniser les imagnaires pour empêcher les dirigeants et les médias de justifier l’invasion israélienne qui depuis 1922 a progressivement nié l’existence du peuple palestinien. Ahmed Abu Shaban, ancien doyen de la faculté d’agriculture de El Azar à gaza, qui a réussi à fuir juste après le 7 octobre a montré des images bouleversantes de toutes les universités détruires à Gaza et en Cisjordanie. Mais il n’a pas renoncé à ce que l’enseignement puisse continuer car il a mis en place e plateforme pour proposer des enseignements à distance aux étudiatns palestiniens qui continuent à étudier sous les bombes. Un message vibrant de douleur et d’espoir. Norma Rantisi, professeur de géographie urbaine à l’université de Concordia a expliqué les différentes résistances possibles et l’imaginaire qui se développe dans les camps de réfugiés régulièrement détruits.

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Atelier conséquences de l’extration minière sur l’environnement et les peuples.

L’atelier, proposé par Attac France, Attac Québec et Terrafrik Guinée, a permis aux participant·es de partager les luttes contre l’extractivismes dont iels avaient connaissance.
Un premier témoignage de Marc Fafard sur les sociétés minières au Québec et leur réglementation, l’évolution du droit, notamment pour moins spolier les communautés autochtones, tout nouveau projet minier devant être validé par un comité de vérification des conséquences environnementales et humaines. Mais en réalité peu de transparence autour des projets miniers et les multinationales, Arcelor Mital, Rio Tinto, etc... ont un soutien fort de la part du gouvernement et la plus grande vigilance s’impose dans l’implantation de ces projets.
Un·e autre participant·e a apporté un second témoignage sur les conséquences de l’extraction minière de la Bauxite en Guinée. Celles-ci sont bien connues depuis une dizaine d’années et maintenant clairement visibles :

  • déplacement des populations sur des terrains nettement moins propices à l’agriculture et l’élevage,
  • pollution des eaux et des sols entraînant de nombreuses maladies
  • compensation promise mais jamais vraiment réalisée (par exemple un centre de soins construits dans l’enceinte de la mine et non-accessible aux populations déplacées).

Un nouveau projet d’extraction minière, Simandou, concernant une grande partie de la Guinée est en cours d’élaboration depuis plusieurs années. Ses promotteurs mettent en avant la construction d’une ligne de train, qui aurait beaucoup d’utilité pour l’ensemble de la population, avec l’idée de faire profiter la population des retombées économiques du plus grand gisement de fer du monde non exploité à ce jour. La question est de savoir quel sera le partage des richesses entre les sociétés minières, les peuples et les gouvernements. Les extractions minières sont plutôt actuellement des catastrophes pour les peuples et l‘environnement.
Une discussion ouverte a permis de mettre en évidence les luttes et la nécessité de se regrouper pour mieux se défendre.

Conférence « comment lutter contre l’oligarchie aux États-Unis ? »

Le journal des Alternatives avec la Grande Transition ont invité Tanya Vyhovsky, Sénatrice du Vermont du Progressive Party, Julian Lattimore, directeur de campagne à la Fondation Rosa Luxembourg à New York et Michael Pelias, président de l’Institut pour l’Imagination Radicale. Iels ont dressé un tableau de la gauche américaine divisée, voire disparue, et qui a été aveugles face aux renouveaux de la droite et ses nouvelles manières de mobiliser. Chacun·e à présenté ce qui lui semble essentiel pour résister et combattre l’oligarchie : créer des espaces de pratique et de formation politique révolutionnaire, s’emparer des réseaux sociaux comme un moyen de mobiliser ou encore renforcer les alliances partis politiques-syndicats. Avec ou sans les partis, iels se retrouvent sur la nécessité de porter un projet anticapitaliste pour interroger frontalement les inégalités structurelles. Dans la même idée évoquée par Kimberle Crenshaw qu’il faut d’abord faire comprendre clairement à quel système oppressif nous sommes soumis pour espérer créer l’envie de faire changer les choses.

Dimanche 1 juin

Agora des intersections et Journée de clôture

Cette journée qui s’est déroulée dans un parc du quartier populaire de Saint Michel à Montréal a permis de réunir également de très nombreux.ses participant.es en ligne qui pouvaient suivre toutes les activités en direct.

Le matin, l’Agora des intersections a proposé un partage d’annonces, actions, initiatives, intersections déployées par les entités présentes dans le FSMI. L’après-midi, tout au long de la clôture, des temps forts de rappel sur les trois jours du FSMI, des temps de présentation des événements à venir d’ici le FSM 2026 à Cotonou : FSOA (Forum social Ouest Afrique), UEMSS 2025, Forum social Asie pacifique, Sommet des peuples à Bélem, de la musique autour d’artistes engagé.es, des kiosques d’information comme Attac Québec ou de présentation de produits et d’artisanat locaux, des temps de rencontres et de discussion avant de se quitter. tout cela en collaboration avec le festival des saveurs, et sous un ciel gris, froid et pluvieux mais le soleil était dans nos cœurs !

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