Vendredi 7 novembre
Témoignages autour de la « Caravane mésoaméricaine pour le climat et la vie »

À trois jours de l’ouverture officielle de la COP, le mouvement social est déjà mobilisé : nous rejoignons une soirée très chaleureuse, stimulante et combative dans un lieu culturel et commun de luttes à Belém : le « Gueto Hub ». La soirée s’inscrivait dans le cadre de la « COP das Baixadas », un mouvement alternatif né dans les quartiers populaires (baixadas) de Belém, pour que la population amazonienne, et en particulier les habitantes des périphéries de la ville aient accès à l’information, soient entendues dans les décisions publiques, et ne soient pas uniquement spectateurs et spectatrices de cette COP30.
La soirée mettait à l’honneur la « Caravana mesoamericana por el clima y la vida » et fut un moment festif très chaleureux mais aussi une occasion de réflexion politique sur le sens de nos luttes au Sud comme au Nord. Cette caravane a été pensée comme un processus politique et territorial, porté par des peuples, communautés et organisations d’Amérique centrale (Mésoamérique), visant à rendre visibles les résistances, à articuler les luttes, à construire un pouvoir populaire et à défendre la vie face à la crise climatique, à l’extractivisme et aux violations des droits humains qui menacent leurs territoires et leurs communautés. Du 6 octobre au 12 novembre, elle a traversé les territoires aujourd’hui connus sous les noms de Guatemala, Salvador, Honduras, Costa Rica, Panama, Colombie, pour rejoindre Belém le temps de la COP30 et des sommets alternatifs.
Dans un monde fragmenté entre un supposé Nord global développé et riche et un Sud global pauvre et toujours pas assez développé, les organisations internationales gouvernementales ont beau jeu de vouloir réduire les écarts en créant des fonds alimentés par des capitaux nationaux créant ainsi de nouveaux marchés financiarisés à l’échelle mondiale. Force est de constater que les populations du Sud comme du Nord ont le même ennemi : un capitalisme patriarcal, colonialiste, extractiviste porté par des politiques publiques néolibérales. La lutte qu’Attac mène en France pour un autre budget s’inscrit totalement dans ce constat : elle s’oppose à un projet de budget gouvernemental injuste, écocidaire, guerrier, anti-féministe, qui va réduire encore plus nos services publics déjà bien attaqués, poursuivre les aides publiques aux plus grandes entreprises, diminuer les revenus des retraitées et des plus précaires et militariser un pays qui est déjà le 2e exportateur mondial d’armes.
Il est incontestable toutefois que le dit Nord global recouvre les pays de l’histoire les plus impérialistes, qui ont conquis des territoires en colonisant, et ont organisé le pillage des terres et des richesses naturelles par les firmes multinationales. Ces pays, au-delà de la mesure des richesses par le PNB, en contribuant à plus de 80% des émissions de gaz à effet de serre (pour le G20) ont une responsabilité historique énorme et continue sur les impacts dramatiques du changement climatique sur les populations les moins favorisées des pays dits du Sud. Comme l’a si justement évoqué Mario Quinteros de l’Assemblée des peuples indigènes en défense de la terre et du territoire (APIIFTT, Mexique) « les caractéristiques inégalitaires du Sud global dans ce monde capitaliste reflètent les inégalités dans les pays du Nord ». La question n’est pas aussi binaire que cela en effet. Il y a du Nord dans le Sud et de plus en plus de Sud dans le Nord. Camarades militantes de tous les pays, unissons-nous !
