160 organisations du monde entier appellent à un moratoire sur le « forçage génétique »

samedi 17 décembre 2016, par Attac France, Collectif

Avec 160 organisations du monde entier, nous appelons les gouvernements présents lors de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité de 2016 (COP 13), notamment le gouvernement français, à établir un moratoire sur la technologie controversée d’extinction génétique appelée « forçage génétique ». Un communiqué de presse et une note d’analyse ont été publiés en ce sens ce lundi 5 novembre.

Le forçage génétique, développé grâce à de nouvelles techniques d’édition du génome, offre la possibilité de répandre dans toute une population donnée un trait génétique particulier ainsi conçu. Une pratique qui pourrait potentiellement changer des espèces entières ou même causer des extinctions délibérées. Notre déclaration exhorte les gouvernements à mettre en place urgemment un moratoire mondial sur le développement et la diffusion de cette nouvelle technologie qui pose des menaces sérieuses et potentiellement irréversibles pour la biodiversité, ainsi que sur la souveraineté nationale, la paix et la sécurité alimentaire.

Plus de 160 organisations de la société civile de six continents se joignent à cet appel. Parmi eux se trouvent des organisations environnementales comme les Amis de la Terre international ou l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation représentant plus de 10 millions de travailleurs dans 127 pays ; des organisations représentant des millions de petits paysans du monde entier, comme la Via Campesina et la Fédération internationale des mouvements agricoles biologiques ; l’organisation internationale des peuples indigènes Tebtebba ; des coalitions de scientifiques, dont le Réseau européen des scientifiques pour la responsabilité sociale et environnementale et l’Union des scientifiques engagés avec la société (Mexique) ; ainsi que ETC group, le Third World Network, Attac France ou encore la Fondation Sciences citoyennes pour la France.

« Nous manquons de connaissances et de compréhension pour libérer des gènes dans l’environnement – nous ne savons même pas quelles sont les questions qu’il faut poser. Conduire délibérément une espèce vers l’extinction a des implications éthiques, sociales et environnementales importantes », selon Dr Steinbrecher, représentant la Fédération des scientifiques allemands. « Il est essentiel que nous nous arrêtions, pour permettre à la communauté scientifique, aux populations locales et à la société en général de débattre et de réfléchir à ce sujet. Nous ne pouvons pas nous laisser guider par les promesses d’une technique nouvelle. En attendant, un moratoire est essentiel ».

« Ces technologies d’extinction génétique sont des fausses solutions face aux défis de conservation de la nature », a déclaré Dana Perls des Amis de la Terre. « Nous voulons soutenir les efforts de conservation de la nature qui sont réellement soutenables et qui sont mis en œuvre par les populations. Le forçage génétique pourrait être récupéré par l’agro-businnes et les intérêts militaires. Nous avons besoin d’un moratoire sur les technologies irréversibles et irresponsables tels que l’est le forçage génétique ».

« Le forçage génétique sera l’un des plus féroces débats de la CDB cette année », selon Jim Thomas de l’ETC Group ». Le forçage génétique avance beaucoup trop vite dans le monde réel, et jusqu’à présent, de façon non réglementé. Il y a déjà des centaines de millions de dollars qui se déversent dans le développement du forçage génétique, et même des propositions irresponsables visant à libérer de tels génes dans l’environnement lors des quatre prochaines années ».

« La CDB est le seul espace international qui permette de protéger la biodiversité et la vie sur la Terre de nouvelles menaces », a déclaré Lim Li Ching de Third World Network. « C’est le mandat de la CDB que d’adopter ce moratoire, et les pays qui sont membres de cette convention doivent agir maintenant pour éviter un préjudice grave ou irréversible ».

Notes complémentaires

  1. Le texte de l’appel pour un moratoire mondial sur le forçage génétique est disponible avec une liste complète des signatures et un bref exposé décrivant les arguments en faveur d’un tel moratoire sur le site http://www.synbiowatch.org/gene-drives/gene-drives-moratorium
  2. Les organisateurs de la lettre invitent les organisations à adhérer en tant que signataires. D’autres signatures peuvent être envoyées à : trudi@etcgroup.org
  3. La Convention des Nations Unies sur la biodiversité (CDB) se tient du 4 au 17 décembre à Cancun, au Mexique.
  4. Dans la perspective de la COP 13, la ministre allemande de l’Environnement Barbara Hendricks a écrit une déclaration affirmant qu’elle ne soutiendrait pas la libération de gènes issus du forçage génétique, https://www.testbiotech.org/en/node/1772
  5. En septembre 2016, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a adopté un moratoire de fait sur l’appui ou l’approbation de la recherche sur le forçage génétique à des fins de conservation ou à d’autres fins. Plus d’informations sur ce moratoire est disponible ici http://www.foe.org/news/news-releases/2016-08-genetic-extinction-technology-rejected-by-international-group-of-scientists
  6. En juin 2016, l’Académie nationale des sciences des États-Unis a publié un rapport intitulé « Gene Drives on the Horizon », qui rend compte des préoccupations environnementales et sociales du forçage génétique et a mis en garde contre la libération dans l’environnement de tels gènes. Plus d’informations sur le rapport peuvent être trouvées sur http://nas-sites.org/gene-drives/
  7. Voici l’article du Monde suite à la publication de cet appel : Bio-ingéniérie, un appel contre le forçage génétique, http://abonnes.lemonde.fr/sciences/article/2016/12/05/bioingenierie-un-appel-contre-le-forcage-genetique_5043860_1650684.html

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