La crise de l’euro n’en finit pas de s’étendre. Elle soulève une double question : faut-il faire payer la crise aux couches sociales les moins favorisées ou à la finance ? Doit-on encourager un retour aux États-nations ou la construction d’une Union européenne plus politique et solidaire ? Parmi ceux qui ne veulent pas faire payer la finance, on trouve les partisans décomplexés du néolibéralisme, mais également tous les défenseurs d’une Union européenne plus forte, comme un but en soi et quelles que soient ses orientations. Tous ceux qui applaudissent au renforcement de la coopération entre gouvernements européens, y compris quand c’est pour mieux s’attaquer aux droits sociaux. Ceux qui se réjouissent de la proposition par les ministres des finances de la zone euro d’un contrôle européen des budgets nationaux avant même leur examen par les parlements, ce qui est en fait une façon de s’assurer que la politique d’austérité drastique prévue soit bien appliquée. Ceux qui, enfin, ont approuvé les décisions européennes du 9 mai dernier du plan de soutien européen, dont le seul objectif était de rassurer les marchés sans chercher à s’attaquer aux racines du mal européen. Derrière ces décisions se prépare un plan de rigueur à grande échelle, dont la réforme des retraites en France n’est qu’un début : la dette publique constitue une occasion unique d’imposer la logique ultime du néolibéralisme consistant à transférer une part croissante des richesses des salariés, retraités et chômeurs vers les grands détenteurs du capital. Les politiques de diminution des salaires et des pensions, de suppression de postes de fonctionnaires ou d’augmentation des impôts type TVA sont socialement injustes et économiquement inefficaces : cette cure d’austérité entraînera une dépression économique et une baisse des rentrées fiscales plus forte que les économies attendues, ce qui rendra les pays européens incapables de redresser la barre. Ceux qui souhaitent faire payer la crise à la finance soulignent quant à eux la responsabilité des marchés financiers dans la crise économique, le renflouement sans contrepartie des banques par les États, la récession et l’explosion des dettes publiques en Europe qui en ont résulté. Depuis 2007, la crise de la finance privée s’est ainsi transformée en crise des finances publiques (« Crise, la croisée des chemins ») et a été accentuée par les cadeaux fiscaux faits aux riches par les gouvernements. Lire la suite de cet article dans Le Monde du 20 mai 2010