Sortons les (combustibles) fossiles du Louvre

mardi 17 janvier 2017, par Attac France, Collectif

Plusieurs dizaines d’artistes, chercheurs et militants appellent le Louvre à mettre immédiatement un terme à ses liens avec l’industrie fossile au nom de sa responsabilité morale face au changement climatique. Parmi les premiers signataires : Naomi Klein, Bill McKibben, Emma Thompson, Vivienne Westwood, ainsi que Geneviève Azam, Amélie Canonne, Christophe Bonneuil, Dominique Plihon et Aurélie Trouvé.

Le musée du Louvre est un lieu essentiel, qui nous permet de comprendre l’histoire humaine et de la situer dans le temps long, multimillénaire.

Des tablettes d’écriture cunéiforme à « la Liberté guidant le peuple », de la victoire de Samothrace aux œuvres de Léonard de Vinci, le Louvre donne à voir l’Histoire en train de se faire dans toute sa complexité. L’histoire de la naissance et de l’effondrement de civilisations entières. Une histoire émancipatrice comme dominatrice ; tumultueuse et guerrière comme harmonieuse et pacifiée ; aussi violente qu’éclairée.

Les antiquités et les œuvres exposées au Louvre ne sont pas seulement des manifestations de la créativité humaine. Elles sont autant de jalons qui témoignent d’un basculement profond, d’un changement d’ère : au fil des galeries du Louvre, le musée nous fait passer de la grande stabilité climatique caractéristique de l’holocène, au réchauffement climatique brutal que marque l’entrée dans l’anthropocène.

Le Louvre n’est pas un simplement témoin, extérieur, de ce basculement : il en est également victime. Le réchauffement climatique accentue en effet la fréquence et la vigueur des épisodes climatiques violents, et le risque de crue de la Seine se renforce. Au mois de mai dernier, le Louvre a ainsi dû évacuer ses réserves, pour les sauver de la montée des eaux. Certaines pièces ont donc traversé plus de 10 millénaires d’histoire, et sont menacées par l’intense combustion de charbon, de gaz et de pétrole à laquelle l’humanité se livre depuis à peine deux siècles.

L’Accord de Paris, adopté à l’issue de la COP 21 trace une ligne rouge claire : maintenir le réchauffement climatique au plus près des 1,5 °C, pour éviter de basculer dans le chaos climatique. Pour y parvenir, le consensus scientifique est clair : nous devons renoncer à exploiter 80 % des réserves connues de charbon, gaz, pétrole si nous voulons éviter l’effondrement de nos sociétés.

Nous sommes en effet en mesure d’identifier les victimes du dérèglement climatique. Mais nous pouvons également en désigner les responsables. Et nous pouvons nous opposer à l’incapacité, structurelle comme stratégique, des entreprises fossiles à faire le lien entre la connaissance scientifique et leurs activités.

Le Louvre n’est de fait pas une victime passive. Il est un acteur direct de la mise en danger des œuvres exposées : en acceptant de recevoir des dons d’entreprises du secteur des combustibles fossiles telles que Total et ENI, le musée du Louvre contribue en effet à renforcer l’idée que nous pouvons exploiter les combustibles fossiles sans dommage. En considérant comme légitimes les activités de Total et d’ENI, Le Louvre condamne en outre notre avenir. En forant toujours plus loin, toujours plus profond, ces entreprises participent à la destruction de la planète, d’écosystèmes entiers, et la possibilité pour les générations actuelles et futures de vivre dans un climat de justice et de paix. Partout dans le monde, ce sont des centaines de millions de vies qui sont d’ores et déjà bouleversées par le dérèglement climatique, et des pans entiers de la vie terrestre et de notre patrimoine commun qui pourraient continuer à disparaître rapidement.

Nous considérons que le Musée du Louvre a une responsabilité morale incontournable face à la crise climatique, en tant que courroie de transmission entre les civilisations et les cultures ; mais aussi en tant que lieu d’éducation. Ses partenariats avec Total et ENI entrent en contradiction avec ses missions et son ambition de tisser des ponts entre les civilisations passées et les générations actuelles comme à venir.

Nous le savons désormais : notre avenir commun n’est pas compatible avec l’industrie des combustibles fossiles. Nous demandons donc au musée du Louvre de mettre immédiatement un terme à ses liens avec l’industrie fossile.

Signez l’appel : http://zerofossile.org/louvre

Premiers signataires

  • Geneviève Azam, économiste
  • Mieke Bal, professeure à l’Académie néerlandaise des Arts et des Sciences, artiste vidéaste, critique et théoricienne culturelle
  • Christophe Bonneuil, historien
  • Leah Borromeo, directrice de Disobedient films
  • Cressida Brown, directrice artistique et productrice de la compagnie Offstage theater
  • Valérie Cabannes, Endecocide on Earth
  • Amélie Canonne, co-présidente du CRID
  • Caryl Churchill, dramaturge
  • Maxime Combes, économiste
  • T.J. Demos, historien de l’Art, Université de Californie
  • Dr. Benjamin Franta, historien des sciences
  • Rebecca Foon, musicienne
  • Fabian Freyenhagen, philosophe
  • Dr Chris Garrard, Art Not Oil
  • Jennifer A. González, historienne
  • Yvan Gradis, fondateur de Résistance à l’Agression Publicitaire
  • Dr. Gavin Grindon, historien de l’art
  • Guerrilla Girls, collectif d’artistes
  • Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France
  • Naomi Klein, journaliste
  • Jeremy Leggett, président de Carbon Tracker
  • Brooke Lehman, the Watershed project
  • Laetitia Liebert, déléguée générale de Sherpa
  • Yates Mckee, historien de l’art
  • Bridget McKenzie, directrice de Flow Associates
  • Bill McKibben, journaliste et cofondateur de 350.org
  • Nicholas Mirzoeff, professeur à la New York University
  • Jonathan Oppenheim, University College London
  • Clara Paillard, Presidente du secteur Culture au syndicat PCS (Grande-Bretagne)
  • Oliver Ressler, artiste
  • Jesse Paris Smith, musicienne
  • Jonathon Porritt, Forum for the future
  • Dominique Plihon, porte-parole d’Attac France
  • Dr. Geoffrey Supran, professeur à Harvard et au MIT
  • Glen Tarman, Liberate Tate
  • Emma Thompson, actrice
  • Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac France
  • Dr Michael Tymkiw, historien de l’art
  • Stephen Webster, directeur du département de sciences de la communication, Imperial College, Londres
  • Vivienne Westwood, Styliste et activiste
  • Jess Worth, BP or not BP ?

Organisations :

  • 350.org
  • Art not Oil
  • Attac France
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