Retraites : le choix de l’injustice

vendredi 16 septembre 2022, par Daniel Rallet

La réforme des retraites revient en force dans les débats de l’actualité, bien qu’elle n’en soit jamais vraiment sortie tant elle est devenue une sorte de totem des politiques réactionnaires qui se succèdent depuis des années. Emmanuel Macron souhaite désormais passer en force pour repousser l’âge de départ à la retraite. Un choix inique qui revient à faire payer les retraités, alors même que le gouvernement se refuse à faire contribuer les profiteurs de crise et superprofits.

Le président Macron en avait fait l’emblème de son mandat précédent, à la fin de l’année 2019, mais son projet de réforme des retraites soi-disant fondé sur la « justice » et la « simplification » avait été démasqué par une puissante mobilisation sociale et citoyenne.

Voilà que le vent mauvais revient mais sous une autre forme. Affaibli par son échec précédent et par le contexte politique issu des récentes élections, le président emprunte une autre voie.

Plus de réforme ambitieuse qui chamboule tout, s’attaque à de nombreux secteurs de la société, laisse du temps pour la déconstruction citoyenne du projet, facilite la construction d’alliances et de mobilisations. Celui qui déclarait en 2017, « je ne modifierai pas durant le quinquennat l’âge de départ à la retraite et je ne baisserai pas le niveau des pensions », s’apprête à passer en force et renoncer à cette promesse.

Comment ? En inscrivant un report d’âge et/ou un allongement de la durée de cotisation dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) ou par des amendements lors du débat parlementaire. On revient aux « classiques » des réformes précédentes : « il faut travailler plus longtemps », nécessité qui serait imposée par l’existence de déficits actuels et surtout à venir du fait du vieillissement de la population.

Le rapport du Conseil d’orientation des retraites conteste le lien mécanique établi entre déficit et réforme des retraites. Ce rapport montre une fois de plus que l’existence du déficit est fondé sur des conventions et des hypothèses discutables et qu’en tout état de cause son ampleur reste minime (0,4 % du PIB dans les années à venir).

La part des dépenses publiques dans le PIB, qui selon le COR, « constitue l’indicateur déterminant pour évaluer la soutenabilité financière du système de retraite », serait stable à court terme (de 13,8 % en 2021 à 13,9 % en 2027) et même à long terme dans une fourchette de 12,1 % à 14,7 % en 2070.

La conclusion du COR est importante : « Au regard de ces résultats, il ne revient pas au COR de se positionner sur le choix du dimensionnement du système de retraite. Selon les préférences politiques, il est parfaitement légitime de défendre que ces niveaux sont trop ou pas assez élevés, et qu’il faut ou non mettre en œuvre une réforme du système de retraite »

Et d’ajouter « les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ».

L’avertissement est clair : réformer le système de retraite n’est pas une nécessité économique ou démographique, c’est un choix politique.

Ce choix politiquement inavouable est masqué depuis des années par une mise en scène dramatisée du déficit du système de retraites. Quels sont ces choix ?

Le choix de la paupérisation des retraités

Le niveau de vie des retraités qui est actuellement égal à celui de la population diminuerait à l’horizon 2070 de 13 à 15 % par rapport à celui des actifs. Selon le COR, « la diminution de la part des retraites dans le PIB a pour contrepartie la diminution relative du niveau de vie des retraités par rapport à l’ensemble de la population ».

C’est une inversion historique considérable. Si le niveau de vie des retraités était encore de 30 % inférieur à celui de la population en 1970, il a rapidement progressé jusqu’à atteindre la parité des niveaux de vie dans les années 90.

Le choix de la destruction de la protection sociale et d’une société encore plus inégalitaire

La baisse des pensions entraînerait sa privatisation pour les classes supérieures avec le développement des fonds de pensions et l’immobilier.

Les classes moyennes seront victimes d’une protection vieillesse dégradée, tandis que les classes populaires seront évacuées du système solidaire de retraite vers des dispositifs d’assistance sociale. Tel est le sens de la promesse d’un minimum de retraite à 1100 euros appelé à fusionner avec le minimum vieillesse (ASPA).

Le choix cynique du financement de la transition écologique, de la santé et de l’éducation par la baisse du niveau de vie des retraités

C’est la nouveauté de la rentrée ! Le gouvernement n’a trouvé comme moyen de financement des dépenses d’avenir que de faire des économies sur les retraites, alors qu’il multiplie les refus de faire payer les profiteurs de crise. Tout est dit !

Daniel Rallet

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