Lutter contre le lobbying financier et énergétique

mardi 11 septembre 2018, par Attac France

Pourquoi est-il si difficile de réformer les secteurs de la finance et de l’énergie ? La réponse tient en un mot : les lobbies, c’est-à-dire le pouvoir d’influence des élites industrielles et technocratiques sur les décisions politiques.

L’efficacité du lobbying et des stratégies d’influence repose sur quelques principes de base, communs à ces deux secteurs clé de notre économie. Le premier est un discours idéologique relayé par la plupart des médias : la finance libéralisée est efficiente, le nucléaire est garant de la souveraineté énergétique, les mécanismes de régulation sont défavorables au bon fonctionnement de l’économie.

Deuxième principe, le système de recrutement des élites : d’un côté, l’École Nationale d’Administration dont sont issus les inspecteurs des finances, qui se retrouvent à la tête du ministère de l’Économie et des grandes banques, et de l’autre, l’École polytechnique d’où viennent les ingénieurs des mines, à la tête du ministère de l’Industrie et des entreprises du secteur de l’énergie (EDF, Engie, Total). Ces élites forment une classe dominante qui se retrouve dans tous les centres de décision stratégiques, en pratiquant le pantouflage et les “portes tournantes”, qui consistent à passer d’un poste de direction d’un ministère à celui d’une banque ou d’une grande entreprise. Ainsi, Anne Lauvergeon, ingénieure des mines a été conseillère de François Mitterrand puis PDG d’Areva ; Emmanuel Macron, inspecteur général des finances, a travaillé
pour la banque Rothschild avant d’être secrétaire général adjoint de l’Élysée puis ministre de l’Économie...

Sur les 11 000 lobbyistes enregistrés à Bruxelles, un peu plus d’un millier sont basés en France qui, du coup, figure dans le quatuor de tête avec l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Belgique. EDF, Engie et Total occupent une position de choix dans le lobbying exercé par les entreprises françaises à Bruxelles, mais les banques et entreprises de la finance française ne sont pas en reste, notamment à travers de nombreuses associations professionnelles. En France, les entreprises du CAC40 ont déclaré globalement 9,65 millions d’euros de dépenses de lobbying à Paris. Les normes, mécanismes de régulation et d’incitation liés à la transition énergétique sont un énorme enjeu pour ces acteurs ; tout comme l’attractivité de Paris comme place financière, autrement dit, la course au moins-disant fiscal pour attirer les traders de la City suite au Brexit.

Beaucoup des instruments utilisés par les groupes de pression sont désormais bien connus, comme la transmission d’amendements et d’argumentaires clés en main à des députés peu soucieux de la qualité et de la sincérité du travail parlementaire ou encore le financement d’études présentées comme “scientifiques” visant à orienter le débat public.

Certains lobbies ont un pouvoir d’influence considérable, qui leur permet de défendre leurs intérêts et d’entraver les réformes en intervenant à tous les niveaux des processus de décision, depuis l’élaboration des lois dans les ministères jusqu’à leur mise en oeuvre. Cette “capture des régulateurs” par les lobbies explique l’échec de réformes récentes comme par exemple la réforme bancaire, avortée après la crise financière de 2007, avec l’abandon du projet de séparation des banques de détail et d’investissement.

Limiter le pouvoir des lobbies, c’est difficile… mais possible !

  • en France, depuis la loi Sapin 2 (2016), les lobbies doivent s’enregistrer pour déclarer leurs activités. Ce n’est qu’une toute petite première étape ;
  • la collusion entre industriels, banquiers et État est si forte et si enracinée qu’elle implique d’agir à plusieurs niveaux à la fois : nous pouvons dénoncer ces pratiques et exercer une pression citoyenne auprès des pouvoirs publics pour exiger l’interdiction, pour les hauts fonctionnaires, d’exercer pendant au moins trois ans dans les établissements bancaires et industriels qu’ils ont supervisés dans le cadre de leurs missions politiques ;
  • et pour instituer, comme au Canada, un commissaire aux conflits d’intérêts, capable de s’autosaisir des dossiers, et de recevoir les plaintes des citoyen·ne·s.

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