Le mirage de la finance verte

mardi 11 septembre 2018, par Attac France

Les financements nécessaires pour mettre en oeuvre la transition énergétique mondiale, rendre l’économie mondiale soutenable et faire face aux conséquences des dérèglements climatiques sont colossaux. Cela implique donc un transfert massif des investissements vers des secteurs climato-compatibles tels que les énergies renouvelables ou l’efficacité énergétique.

En décembre 2017, Emmanuel Macron et le gouvernement français ont organisé à Paris le premier “One planet Summit”, sommet mondial destiné mettre en avant le rôle du secteur financier dans la lutte contre le changement climatique. Les promoteurs de la “finance verte” prétendent en effet que les nouveaux outils financiers verts, comme les obligations vertes, vont permettre de relever le défi du financement de la transition écologique. Mais encore faudrait-il que les obligations vertes soient vraiment vertes !

En théorie, une obligation est verte (green bond) ou climat (climate bond), si elle finance des projets compatibles avec la protection de l’environnement ou du climat. Mais en l’absence de critères clairs il n’y a aucune garantie que ces innovations financières contribuent effectivement à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. De fait, les outils existants de certification, ne sont ni universels ni contraignants ; ils ne permettent donc pas de garantir aux investisseurs la distinction entre les projets compatibles avec l’environnement et le climat des autres. Du coup, les exemples d’utilisations abusives d’obligations vertes ne manquent pas, comme le bouclage du financement d’un grand barrage controversé en Amazonie par Engie, ou le financement d’un aéroport au Mexique.

Des obligations vertes ont même financé la rénovation des raffineries de pétrole de la multinationale pétrolière Repsol !
Par ailleurs, émettre une obligation est réservé à des acteurs qui disposent d’une grande assise financière. Le développement de ce circuit de financement qui, dans une période de stabilité financière permet d’obtenir des taux d’intérêt relativement bas, pourrait conduire à évincer un grand nombre de petites ou moyennes entreprises. Vaut-il mieux voir EDF, champion du nucléaire, verdir son image en finançant la construction d’une centrale photovoltaïque avec une obligation verte ou créer les conditions pour que de petites et moyennes entreprises engagées dans le développement des énergies renouvelables puissent le faire à des taux tout aussi intéressants ?

Accélérer la transition vers des investissements sobres en carbone c’est possible !

  • les pouvoirs publics devraient réguler le marché des obligations vertes afin de garantir la distinction entre les obligations qui contribuent véritablement à financer des activités soutenables et compatibles avec la lutte contre les dérèglements climatiques des autres. Les secteurs des énergies fossiles, du nucléaire, des agro-carburants, des grands barrages, du stockage et du captage du carbone, des incinérateurs (qui encouragent à maintenir un haut niveau de déchets) doivent être exclus de façon ferme et définitive de ce marché ;
  • mais si le marché des obligations vertes est en plein essor, il reste bien sûr une goutte d’eau (0,1% du marché obligataire mondial) dans un océan financier insoutenable. A l’heure où les investissements mondiaux dans les énergies fossiles sont encore trois fois plus importants que ceux dans les énergies renouvelables, l’enjeu n’est pas de promouvoir un tout petit marché des obligations vertes, mais bien d’exiger que l’ensemble du marché obligataire mondial soit compatible avec les enjeux climatiques ;
  • les petites et moyennes entreprises, coopératives citoyennes et associations, acteurs de premier plan de la mise en oeuvre de la transition énergétique sur les territoires, n’ont d’autres moyens de financement que le crédit bancaire ou l’appel à l’épargne publique. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics de créer d’autres canaux de financements qui permettent à ces acteurs de financer leurs actions. Par exemple une banque publique, qui ne soit pas prisonnière des critères de rentabilité à court terme des investisseurs privés, dotée de moyens suffisants pour financer les investissements de long terme nécessaires à la transition écologique.

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