Le programme économique du nouveau Front populaire : décryptage

vendredi 28 juin 2024, par Attac France

Depuis la présentation du programme économique du Nouveau Front Populaire, le gouvernement crie au scandale. Un tel programme conduirait ni plus ni moins à un naufrage de l’économie française à des destructions d’emplois et à un chômage de masse.

Pourtant, les richesses n’ont cessé de s’accroitre, et des politiques pour la justice sociale et la bifurcation écologique nécessitent des investissements publics massifs.

Cet article, qui reprend les éléments d’un échange entre Cédric Durand, économiste à l’université de Genève et Vincent Drezet, porte-parole d’Attac France, revient sur les grandes lignes du programme du Nouveau Front populaire.

La question du SMIC à 1 600 €

Contexte

Pour aborder la question du SMIC à 1 600 €, il est essentiel de contextualiser l’accord qui a été établi entre différentes forces de gauche et le programme qui en découle. Cet accord est très bon pour trois raisons principales :

- Répondre à une urgence sociale : Il s’agit de mettre un coup d’arrêt à la régression sociale, notamment en termes de niveau de vie, de fragilisation des services publics et de paupérisation due à la précarisation.

- Entamer une bifurcation économique : L’objectif est de redonner du pouvoir aux salariés au sein des entreprises et de proposer des pistes pour transformer qualitativement l’économie via des éléments de pilotage de l’investissement.

- Assurer la crédibilité du programme : Contrairement à ce que prétend Gabriel Attal, très mal placé pour parler de crédibilité, le programme ne repose pas sur des promesses économiques non tenues, comme celles de la politique de cadeaux fiscaux aux riches sous la présidence d’Emmanuel Macron. Ces cadeaux ont creusé les finances publiques sans générer le dynamisme économique attendu.

L’échec du macronisme et les cadeaux aux riches

Les gouvernements sous la présidence d’Emmanuel Macron ont dû faire face à des chocs majeurs, mais les finances publiques sont dans un état grave parce qu’en plus de la pandémie et des chocs géopolitiques, il y a une politique de cadeaux aux riches extrêmement importante. Cette politique de cadeaux aux riches, de baisses d’impôts pour les plus fortunés, flat tax pour les détenteurs de capitaux sur les revenus du capital mais aussi de différents dispositifs d’aides non conditionnées aux entreprises, ont creusé les caisses de l’État.

Ceci est un premier élément mais il faut ajouter qu’il y en a un encore plus grave du point de vue de la crédibilité du gouvernement. L’objectif même du macronisme, de la startup nation, c’était de redynamiser l’économie française en baissant la fiscalité sur les riches. Cette politique, censée stimuler l’économie via l’entrepreneuriat, a échoué. La productivité, critère numéro un du dynamisme économique, a reculé depuis 2019 en France, plus que dans d’autres pays comparables. Donc il y a un échec qui est vraiment fondamental du point de vue du macronisme.

Le SMIC

Le programme du Nouveau Front Populaire propose une hausse du salaire minimum de 200€, ce qui correspond à une hausse de 14% et qui porterait le SMIC à 1600€ net. L’idée est de ne pas poursuivre la politique du ruissellement, qui a échoué avec Gabriel Attal, mais de mettre en place une politique de justice sociale et une forme de choc de confiance qui permettent de relancer l’activité économique, mais pas de façon indiscriminée.

Impacts de la hausse du SMIC à 1 600 €

Dans une note à paraître pour Alter Eco, Léo Malherbe et Cédric Durand proposent une analyse des travaux empiriques sur les effets de la hausse du salaire minimum. Ils reviennent sur le discours ambiants qui voudraient que la hausse du SMIC mènerait le pays à la ruine.

- Coût du travail pour les entreprises : Pour les PME et TPE, le choc de l’augmentation des salaires sur la trésorerie peut être significatif. Le programme du Nouveau Front populaire anticipe ce risque et prévoit des facilités de trésorerie pour les six premiers mois ou la première année afin de soulager ces entreprises et éviter des faillites en chaîne.

- Effet keynésien de stimulation de la demande : Les entreprises qui embauchent principalement au SMIC sont les entreprises qui servent essentiellement le marché domestique. Augmenter le SMIC stimule la demande domestique, ce qui est bénéfique pour les entreprises locales, notamment dans les secteurs des services, du commerce et de l’artisanat, qui ne sont pas exposés à la concurrence internationale.

- Effet sur l’emploi : L’étude la plus célèbre en la matière a été publiée par David Card et lui a permis d’obtenir le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel. Dans cette étude1, David Card et Alan Krueger montrent que l’augmentation du salaire minimum n’a pas d’effet négatif sur l’emploi. Pour ce faire, ils comparent la situation dans le secteur de la restauration rapide de deux États américains aux caractéristiques socio-économiques proches : le New Jersey (où le salaire minimum a augmenté de 18% en 1992) et la Pennsylvanie (où le salaire minimum est resté stable). Ils constatent que l’augmentation du salaire minimum n’a pas eu d’effet négatif sur l’emploi dans le New Jersey et même, qu’au contraire, elle a fait baisser le taux de chômage.

- Productivité du travail : Une des explications principales du fait que la hausse du salaire minimum n’entraîne pas de hausse significative du chômage tient aux effets positifs d’une telle mesure sur la productivité du travail. Une étude de Justin Wolfers et Jan Zilinisky1 recense les principaux mécanismes à l’œuvre. En premier lieu, la hausse des salaires réduit partiellement le coût du travail : on observe une baisse des problèmes disciplinaires, de l’absentéisme (et donc des coûts liés au contrôle) ainsi que du taux de rotation de la main d’oeuvre (et donc des coûts d’embauche et de formation des nouveaux travailleurs). En second lieu, la hausse des salaires génère un surplus de productivité du travail : des salariés mieux payés sont davantage motivés et sont en meilleure santé physique et mentale, ce qui permet d’augmenter la production pour un volume d’heure de travail donné. Enfin, dans la mesure où la hausse de la productivité d’un travailleur entraîne une hausse de celle de ses collaborateurs, on observe que les effets globaux de la hausse des bas salaires sur la productivité sont plus importants que ceux observés à l’échelle individuelle.

- Compétitivité internationale : Les entreprises exportatrices ne seront pas directement impactées par la hausse du SMIC, car elles emploient généralement des salariés avec des niveaux de compétence et de salaires plus élevés.

Exemples historiques et internationaux

Des augmentations significatives du salaire minimum ont déjà eu lieu par le passé, comme les accords de Grenelle après 1968, au moment du Front populaire, ou plus récemment en Espagne, où on a eu une augmentation du salaire minimum très importante, en deux fois 15% qui ont été faites en un an et demi.

Pourquoi 1600 € ?

La hausse du salaire minimum a des conséquences très concrètes sur les conditions de vie des travailleurs et de leurs familles : c’est un rempart contre la pauvreté et un puissant levier de réduction des inégalités qui bénéficiera en particulier aux femmes, sur-représentées dans les bas-salaires. Toutefois, il est légitime en période électorale de se demander si porter à 1600€ le SMIC mensuel net est faisable sans augmentation significative du taux de chômage. Pour ce faire, nous pouvons calculer le ratio entre le SMIC mensuel net et le salaire mensuel net médian.

En France, le salaire mensuel net médian dans le secteur privé s’établissait en 2022 à 2091€ d’après l’INSEE. Comme indiqué précédemment, la littérature considère que des effets négatifs sur l’emploi sont susceptibles d’apparaître quand le salaire minimum est fixé au-delà de 81% du salaire médian. Dans le cas français, ce seuil se situerait donc à 1694€ net mensuel, soit en dessous des 1600€ proposés par le programme du NFP. Ce seuil n’est pas non plus à prendre comme une limite absolue. Dans le cas de l’Espagne, le ratio entre salaire minimum et salaire médian s’établit à 86,2% et aucune conséquence négative ne se présente à l’horizon en termes d’emploi2.

En tout état de cause, porter le SMIC à 1600€ net ne devrait pas causer sur le plan macroéconomique le désastre annoncé par le gouvernement et par les organisations patronales. Leurs affirmations, présentées comme des évidences, sont en totale contradiction avec l’état des savoirs en sciences économiques et avec la pratique de la politique économique des dernières années chez nos voisins européens.

Conclusion

Pour conclure, la tactique de Macron était de baisser l’impôt sur les riches pour les inciter à investir, c’est l’hypothèse Aghion. Et le constat actuel, c’est le constat de son échec. Un pays comme la France avec des infrastructures qui existent, l’héritage du service public, un niveau élevé de compétence, il faut continuer à investir dans ces domaines. La stratégie économique proposée est une stratégie de compétitivité de qualité, en investissant dans les compétences et les infrastructures pour produire des biens et services de meilleure qualité, répondant ainsi à la demande domestique et étant capables d’avoir quelque chose à proposer à l’échelle internationale.

Comment financer le programme ?

Augmentation des minimas sociaux, abrogation de la réforme des retraites, augmentation du point d’indice des fonctionnaires

Une des singularités de ce programme, c’est qu’il a été chiffré et évalué de manière assez précise.

Concernant les différentes dépenses prévues, il y a la question de revenir sur la réforme des retraites, et aussi l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires de 10 %. Il faut se souvenir que le point d’indice des fonctionnaires a perdu 25 % depuis le début du millénaire, entraînant un appauvrissement et une paupérisation de la fonction publique, ce qui a dégradé le service public.

Ces dépenses sont substantielles, mais elles sont nécessaires pour marquer un nouveau départ. Pour les couvrir, plusieurs propositions ont été faites. La philosophie est d’avoir davantage de progressivité sur l’impôt, avec quatorze tranches permettant de taxer davantage les hauts revenus.

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Taxer les très riches

Alors comment on fait pour récupérer des impôts sur les très riches ?

- Taxer davantage le patrimoine, en particulier financier.

- Revenir sur la « flat tax » qui taxe seulement à 30 % les revenus du capital contrairement aux revenus du travail ou il y a une progressivité.

- Mettre en place une « exit tax » pour contraindre ceux qui changent de résidence à continuer de payer des impôts selon les règles de leur pays d’origine.

Aux États-Unis, les citoyens sont taxés sur leurs revenus mondiaux, peu importe où ils résident. Il n’y a pas de possibilité d’échapper à l’impôt sans renoncer à votre citoyenneté. Adopter une telle approche en France pourrait réduire l’évasion fiscale.

Le vrai enjeu c’est la mobilisation du capital

La crainte que les capitalistes arrêtent d’investir, entraînant récession et chômage, est un enjeu clé. Voici trois points pour répondre à cette crainte :

- Conditionnement des aides aux entreprises : Le programme propose de conditionner les aides à des objectifs politiques, notamment environnementaux, plutôt que de les distribuer de manière indiscriminée.

- Continuer l’activité économique : Tant qu’il y a de l’activité économique, les entreprises continueront d’investir.

- Développement d’un pôle public bancaire : Un pôle public bancaire autour de la Caisse des Dépôts et de la Banque Publique d’Investissement fournirait des instruments pour investir et soutenir les entreprises et collectivités publiques. Ainsi, vous donnez les moyens de stimuler l’activité économique.

Conclusion

Nous ne sommes plus en 1983, au début du néolibéralisme. Le monde traverse une crise due à l’échec du projet néolibéral depuis 2008. C’est la fin de l’idée que les marchés financiers peuvent piloter l’économie. Les États reprennent petit à petit des marges de manœuvre. La France est en retard par rapport à ça. Le volontarisme économique y est moins important comparé aux États-Unis, sans parler de la Chine, qui est la plus grande expérience politique économique du début du XXIè siècle.

Il y a un moment de rattrapage historique à effectuer. Le problème du nouveau Front populaire, c’est non seulement l’idée de renouer avec une tradition d’ambition sociale, mais c’est aussi doter la politique économique des moyens d’intervenir dans une conjoncture post néolibérale respectueuse des équilibres écologiques.

Pouvoir d’achat - Blocage des prix

Bloquer les prix ou plutôt les contrôler, c’est-à-dire les bloquer dans l’instant pour répondre à l’urgence sociale, est un mécanisme qui a été appliqué dans de nombreux cas, notamment en Suisse. En effet, en Suisse, c’est le pays en Europe où il y a le plus grand nombre de prix contrôlés.

Controler les prix c’est éviter que les chocs inflationnistes ne s’accélèrent et ne s’amplifient. L’idée est de cibler des prix essentiels comme ceux de l’énergie, du logement, et des biens de consommation de base. En bloquant ces prix, on évite une accumulation et un effet boule de neige qui mèneraient à une inflation galopante. Cela aide à contenir et à réguler l’inflation.

Pour que cela fonctionne, deux conditions doivent être remplies :

- La première est un contrôle des marges pour empêcher les superprofits. En période de choc inflationniste, certains augmentent leurs prix excessivement, comme on l’a vu dans les secteurs de l’énergie et de l’alimentation. L’observatoire des marges, existant en partie en France et de manière plus développée en Suisse, permet d’intervenir et de bloquer ces hausses injustifiées.

- La deuxième condition est que le contrôle des prix doit être une réponse à l’urgence, non une solution permanente. À long terme, un tel contrôle pourrait mener à des pénuries. Ainsi, il doit être accompagné d’une politique de réserve et de précaution. Des stocks énergétiques, par exemple, peuvent absorber les fluctuations de prix au niveau international. Cela vaut aussi pour les matières premières agricoles et certains biens de consommation. En Suisse, il existe même des stocks importants de café, gérés par l’État.

Le contrôle des prix, pris dans son entièreté, est un instrument de lutte contre l’inflation, qui s’inscrit dans une vision plus régulée de l’économie.

Enfin, il est important de noter que le contrôle des prix fonctionne bien en conjonction avec l’indexation des salaires, également prévue dans le programme. Cette indexation permet d’ajuster les salaires à l’inflation, comme en Belgique, où les salaires sont intégralement indexés, évitant ainsi une perte de niveau de vie malgré les hausses de prix.

Conclusion

Le programme du nouveau Front populaire, bien qu’ambitieux et progressiste, propose des mesures qui existent déjà dans d’autres pays et ont prouvé leur efficacité. Le contrôle des prix et l’indexation des salaires sont des instruments solides pour contenir l’inflation et protéger le pouvoir d’achat, loin des caricatures de radicalité parfois présentées.

La dette

Bruno Le Maire a annoncé que le pays va connaître une grave crise de la dette si le programme du RN ou du NFP était intégralement appliqué. Selon lui, la France risquerait même d’être mise sous tutelle en raison de l’insoutenable légèreté financière de ces programmes. Certains éditorialistes affirment qu’une explosion de la dette entraînerait une hausse des taux d’intérêt par les marchés financiers. La situation financière du pays n’est pas bonne, c’est vrai. Macron a vidé les caisses en favorisant les hauts revenus et les entreprises, ce qui a fragilisé les finances publiques. C’est pour cela que la justice fiscale est une priorité pour le nouveau Front populaire.

Il faut assumer des hausses d’impôts sur les hauts revenus pour rééquilibrer les finances.

Les marchés financiers sont pragmatiques. Prenons l’exemple du Mexique : le gouvernement de Lopez Obrador, bien que progressiste, a augmenté les salaires et lancé quelques programmes d’investissement, tout en gardant une gestion rigoureuse des finances publiques. Le Mexique n’a pas été fragilisé ces dernières années.

Le programme du nouveau Front populaire ne vise pas une relance par la dette, mais plutôt à résorber les déficits progressivement grâce à une politique fiscale ambitieuse. Cela permet d’être raisonnable en termes de déficit public tout en restant ambitieux en termes d’investissements.

Un autre levier crucial est la question du pôle bancaire.

Depuis les années 80, la France est devenue vulnérable aux marchés financiers en raison de la libéralisation des flux de capitaux et de la vente de la dette publique à des investisseurs internationaux. Cette situation diffère de celle du Japon, où la dette publique, qui dépasse 260% du PIB, est majoritairement détenue par des Japonais, ce qui stabilise le système.

L’objectif du pôle public bancaire est de renationaliser la dette. Il s’agit de faire en sorte que la dette publique soit davantage détenue par des investisseurs nationaux, réduisant ainsi la vulnérabilité aux sorties de capitaux. Cela crée une stabilisation et une resocialisation de la dette publique.

Historiquement, cela a été fait via les réserves obligatoires. Aujourd’hui, la BCE détient encore un cinquième de la dette publique française, ce qui est un exemple de ce type de dispositif. L’objectif est de réduire l’emprise des marchés financiers et de limiter leur capacité de chantage vis-à-vis des finances publiques à moyen terme.

Les riches vont-ils partir ?

Alors, qu’en est-il du départ des plus riches ? On a souvent entendu dire que l’ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune) créait du chômage et poussait les riches à investir à l’étranger. Mais quel est le bilan réel de cette situation ?

L’exil fiscal est un mythe qui a été entretenu tout au long de l’existence de l’ISF. En réalité, les départs des personnes redevables de l’ISF étaient extrêmement rares. Cela représentait seulement 0,2 % des contribuables concernés. Certains revenaient même après quelques années, car l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs, notamment lorsqu’on a besoin d’un système de sécurité sociale de qualité.

La plupart des riches qui partaient à l’étranger continuaient à conserver des avoirs financiers en France. Par exemple, lorsqu’ils s’installaient en Belgique pour échapper à l’ISF et à la taxation des plus-values, ils gardaient souvent des actifs en France. En fin de compte, les pertes en matière d’ISF étaient minimes, environ 0,5 à 0,6 % du rendement total de cet impôt.

Le rapport de Bercy a confirmé que les départs n’avaient aucun effet négatif significatif sur le plan budgétaire ou économique. Bien sûr, il est important d’être prudent et de prévenir une éventuelle hémorragie de contribuables. Pour cela, deux outils peuvent être utilisés :

- Renforcement de l’Exit Tax : Cette taxe, qui existe déjà mais qui est peu efficace, impose aux résidents français quittant le pays de déclarer leurs plus-values latentes sur certains actifs. Actuellement, les mécanismes de report et de sursis d’imposition affaiblissent cette mesure. Il faudrait donc la renforcer en exigeant un paiement immédiat des plus-values lors du départ.

- Impôt Différentiel de Nationalité : Actuellement, en France, comme dans la plupart des pays, les impôts sont basés sur la résidence. Les conventions fiscales permettent de neutraliser la double imposition pour les résidents ayant des revenus étrangers. On pourrait imaginer un mécanisme complémentaire pour les citoyens français résidant à l’étranger. Le fisc français comparerait l’impôt qu’ils auraient payé en France avec ce qu’ils payent à l’étranger et leur réclamerait la différence. Cela rendrait l’exil fiscal inutile.

Ces mesures visent à limiter les départs motivés par des raisons fiscales tout en assurant une justice fiscale. Bien que l’impôt différentiel de nationalité soit plus long à mettre en place en raison des discussions internationales nécessaires, il est parfaitement faisable et constituerait un outil puissant contre l’exil fiscal.

La Balance Commerciale et la Compétitivité

Aujourd’hui, il est important de comprendre que la situation a beaucoup évolué par rapport à 1981. À l’époque, la France faisait face à des déficits publics extérieurs et une balance commerciale déficitaire, ce qui avait des impacts directs sur la valeur de la monnaie et l’inflation importée. Ces déficits étaient problématiques car ils entraînaient une dévaluation de la monnaie et une hausse des prix des biens importés, ce qui avait un effet cumulatif négatif sur l’économie.

Situation Actuelle et Avantages de l’Euro :

Cependant, aujourd’hui, nous faisons partie de la zone euro, ce qui change fondamentalement la donne. La menace d’une dévaluation de la monnaie n’existe plus dans le même sens, car nous utilisons une monnaie commune. Cela signifie que les déficits extérieurs et une balance commerciale déficitaire n’ont pas les mêmes impacts immédiats qu’avant. La stabilité apportée par l’euro empêche la perte de valeur de la monnaie que nous connaissions dans les années 1980.

Importance de la Compétitivité à Long Terme :

Bien sûr, cela ne signifie pas que la compétitivité n’est plus un enjeu. À long terme, il est crucial de renforcer notre compétitivité. Cela passe par une montée en gamme de nos produits, des investissements massifs dans la qualité des infrastructures et une amélioration de la productivité. Malheureusement, sous la présidence d’Emmanuel Macron, ces aspects ont été négligés, fragilisant notre compétitivité à l’international.

Les Enjeux Européens et la Gouvernance :

Il est également important de noter que nous vivons toujours dans un contexte où les décisions économiques sont fortement influencées par les politiques européennes. Les contraintes macroéconomiques sont européennes, tandis que la politique reste nationale. Une politique économique différente en Europe nécessiterait de nouvelles alliances et une reconsidération du rôle de la Banque centrale européenne (BCE). Il y a un consensus au sein du nouveau Front populaire pour questionner les limites de la gouvernance européenne actuelle.

Sur les Prix Agricoles

Mesures Temporaires :

La question du blocage des prix, comme mesure temporaire pour améliorer le pouvoir d’achat, est une option envisagée. Cependant, il est impossible de maintenir une telle politique à long terme car les modes de production et de consommation évoluent, nécessitant des ajustements constants des prix.

Juste Prix pour les Agriculteurs :

La priorité est de garantir un juste prix pour les agriculteurs. Cela implique une régulation des prix pour assurer des revenus stables et encourager des pratiques agricoles durables. Le nouveau Front populaire propose des politiques pour stabiliser les revenus des agriculteurs et promouvoir l’agriculture biologique et paysanne, contribuant ainsi à la souveraineté alimentaire.

Productivité et Tarification Progressive

Productivité : La productivité, définie comme la quantité de richesse produite par heure travaillée, a diminué en France ces dernières années. Cela souligne l’importance de politiques économiques visant à améliorer l’efficacité et la compétitivité de notre économie.

Tarification Progressive : La tarification progressive pour des services essentiels comme l’énergie est également proposée. Le programme du nouveau Front populaire prévoit que les premiers kilowattheures soient gratuits, instaurant ainsi une forme de progressivité dans la tarification.

Ces mesures, combinées, visent à créer une économie plus résiliente, équitable et durable, capable de faire face aux défis nationaux et européens actuels.

Tranches Fiscales et Réforme de l’Impôt

La question des tranches fiscales est cruciale et mérite une attention particulière. Actuellement, il y a une discussion autour de l’introduction de quatorze tranches fiscales, une proposition qui a été initialement avancée par la France Insoumise en 2016-2017. À cette époque, la proposition était très détaillée et visait à rendre l’impôt plus progressif.

Principes de la Réforme Fiscale :

Deux principes fondamentaux sont à retenir :

- Neutralité pour la majorité des contribuables : L’idée est de s’assurer que pour 90% des foyers fiscaux, soit ceux ayant des revenus inférieurs à 4 000-4 500 euros mensuels, la réforme soit neutre, voire légèrement favorable en termes de baisse d’impôt. Environ la moitié des foyers fiscaux, qui ne paient actuellement pas d’impôt sur le revenu, ne seraient pas affectés par cette réforme.

- Augmentation des taux pour les plus hauts revenus : La réforme propose de rehausser les taux d’imposition les plus élevés. Historiquement, le taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu était de 65% en 1982, alors qu’il n’est plus que de 45% aujourd’hui. L’objectif est de restaurer un taux plus élevé, potentiellement autour de 50% ou plus, afin de rétablir une certaine progressivité fiscale.

Calculs et Projections :

Il est évident que des calculs précis et des projections sont en cours pour déterminer les détails exacts de cette nouvelle grille fiscale. Une fois au pouvoir, le nouveau Front populaire pourrait s’appuyer sur les ressources de Bercy pour affiner et finaliser ces tranches en utilisant des données actualisées.

Conclusion

La réforme fiscale proposée vise à rétablir une plus grande progressivité en augmentant les taux pour les plus hauts revenus tout en maintenant une neutralité pour la majorité des contribuables.

Comparaison avec le programme du Rassemblement national

Analyse des Programmes Économiques

Examinons l’impact des Programmes sur les Revenus des Ménages :

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- Ces graphiques montrent l’impact des programmes économiques sur le revenu disponible des ménages.

Programme du Rassemblement National (RN) :
- Effet anti-distributif.
- Réduction des revenus des 20% les plus pauvres (environ 250 € par mois).
- Augmentation des revenus des 10% les plus riches (environ 1 160 € par mois).
- Effet majeur dû à la suppression des allocations et transferts sociaux pour les étrangers les plus pauvres.

Programme du Nouveau Front Populaire :
- Redistribution favorable à la majorité de la population.
- Diminution des revenus des 10% les plus riches (environ 600 € par an).
- Augmentation des revenus pour les 80% restants, avec des gains autour de 200 € par an.

Conclusion Générale

Mardi 25 juin, 300 économistes ont signé une tribune de soutien au programme du nouveau Front populaire, paru dans Le Nouvel Obs. « Leur programme indique une direction de politique économique claire : prendre le chemin d’une prospérité partagée et soutenable grâce au renforcement de la politique sociale et à l’investissement public et privé » expliquent leurs premières lignes. Cette action vient d’une triple prise de conscience parmi les économistes :

Gravité de la situation actuelle :
- Menace vitale posée par le Rassemblement National sur les bases démocratiques et égalitaires.
- Décennies de sabotage des solidarités collectives et montée de la concurrence parmi les citoyens, exacerbant la précarité et l’isolement, terrains propices à l’essor du RN.

Échec du projet macroniste :
- Absence de modernisation et de transformation économique durable.
- Augmentation des inégalités avec un record des revenus pour les 1% les plus riches.

Crise du néolibéralisme :
- Grands périls géopolitiques et surtout crise écologique existentielle.
- Le RN adopte une position quasi-négationniste par rapport à la crise écologique.
- Le programme du Nouveau Front Populaire se distingue en proposant une bifurcation écologique nécessaire, avec une prospérité au-delà de la croissance économique traditionnelle, englobant la qualité de vie et l’accès aux services publics.

La discussion et les analyses des graphiques démontrent l’impact significatif des programmes économiques sur les différents segments de la population. Les 300 économistes signataires soulignent l’urgence d’adopter des politiques économiques et sociales plus justes et durables, capables de répondre aux défis actuels, notamment la montée des inégalités, la crise écologique, et la menace des extrémismes politiques.

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