Depuis le happening artistique des « 1000 zombies » dans les rues de Hambourg, aux mobilisations des groupes anarchistes, Ces journées ont été ponctuées par des manifestations « No G20 », anticapitalistes. L’une festive sous forme de parade dansée a rassemblé environ 15 000 personnes le 5 juillet. Le lendemain, une autre plus contestataire « G20, Welcome to Hell » a été bloquée très rapidement près de l’ancien marché aux poissons. S’en est suivit pendant plusieurs heures une démonstration de force et de contrôle de l’espace par les forces de police, avec fumigènes et canons à eau notamment. Une manifestation de nuit et des affrontements se sont déplacés le soir vers le quartier de Sternschanze.
En parallèle du Sommet du G20, une journée d’action « Color the Red zone »
Le premier jour du Sommet du G20, le 7 juillet dès l’aube s’est mis en place le blocage de la « Red zone », où les chefs d’États étaient attendus. En milieu de matinée, avec banderoles et slogans politiques une manifestation des jeunes contre le G20, « Jugend Gegen G20 », a occupé une partie des accès à cette zone, contraignant certains convois officiels à détourner leur route.
Parmi les actions de désobéissance, le réseau Attac présent à Hambourg a participé à plusieurs actions dans l’espace public, dénonçant notamment l’évasion fiscale.
Des actions de désobéissance et de blocage se sont déroulées jusqu’au soir, la tension est montée en puissance. Les renforts de police sont arrivés en nombre depuis tous les Lander, avec des pratiques différentes selon leur provenance. Aux abords de la « Red zone », la ville s’est trouvée bloquée, sans transports, les déplacements à pieds très difficiles avec la présence de nombreux barrages.
La ville de Hambourg est devenu un territoire morcelé.
La population de Hambourg empêchée dans ses déplacements quotidiens et soumise nuits et jours aux bruits des hélicoptères s’est montrée solidaire des manifestants, affichant son hostilité au G20 sur les murs et dans la rue. Beaucoup ont ouvert leurs portes pour héberger des militants étrangers, en particulier dans les quartiers de Schanze, Sanct Paoli, Altona.
On a pu observer trois cercles de mobilisations : les « grandes puissances » d’une part, les opposants réunis au contre-sommet et les manifestants d’autre part, et enfin les forces de l’ordre. Ces trois cercles répondant à trois dynamiques. Celle des « puissants » s’est avérée partiellement enrayée, incapable d’appréhender collectivement les grands enjeux mondiaux. Celle des forces de l’ordre répondait à une stratégie de démonstration de force et d’occupation de l’espace public, (voir de parade militaire ?) visant à écraser celle des manifestants. Celle des militants (issus de divers mouvements) correspondait à la fois à une stratégie propre et à un bouillonnement en cours, ancré dans les événements en cours. La multiplicité des actions entreprises, la diversité des organisations locales et internationales, qui auraient pu paraitre non coordonnées, voire contradictoires, ont en réalité tracé des pistes par l’action, ouvert des brèches dans un programme officiel qui semblait bouclé, exprimant un « ras-le-bol » global aux politiques libérales.
Le choix de Hambourg pour la tenue du G20 était controversé, y compris semble-t-il dans les rangs de la police. En particulier à quelques mètres du centre de Congrès ultra-sécurisé, le quartier de Schanze considéré comme un fief de la gauche de la gauche abrite le Rote Flora, ancien théâtre devenu lieu emblématique de la gauche radical et de groupes autonomes.
Dans la presse locale, la stratégie de Merkel de la tolérance zéro est vue comme une erreur. L’omniprésence policière est très mal perçue par les habitant.e.s de Hambourg. Déjà plusieurs
jours avant le G20, les forces de l’ordre mobilisées en nombre tentaient d’empêcher l’installation des campements organisés en divers points de la ville, puis de les contrôler en faisant irruption parfois jusque dans les tentes.
Les discussions sur le rôle de la police se poursuivent dans les médias mais aussi dans les organisations allemandes, chez lesquelles l’ancrage pacifiste est important. Les 20 000 policiers n’étaient pas là uniquement pour sécuriser l’accès des chefs d’états, mais aussi pour assoir un contrôle du territoire, véhiculer une impression de maitrise de la situation. Suite au G20, certains ministres allemands (de droite et d’extrême droite) se sont prononcés pour une politique plus sécuritaire, souhaitant procéder à des assignations à résidence ou à l’utilisation de bracelets électroniques.
A l’image du slogan « This is how democracy looks like ? », les militant.e.s ont questionné la stratégie des forces de l’ordre, mais également l’organisation sociale. Les questions soulevées à Hambourg sont nombreuses. Parmi elles, celle des formes d’organisations interpelle une nouvelle génération de militant.e.s anticapitalistes, mais aussi les sans-papiers et migrant.e.s présent.e.s à Hambourg, les mouvements pacifistes, ainsi que les organisations altermondialistes, syndicales, féministes, écologistes.
Au-delà de la contestation, ce qui s’est dessiné à Hambourg intègre bien une élaboration collective. Il est nécessaire pour nous d’y réfléchir et de prolonger le mouvement.
L’Université européenne des mouvements sociaux que le réseau des Attac Europe organise à Toulouse du 23 au 27 août sera aussi l’occasion de poursuivre cette démarche.