Appel à réquisition citoyenne de 196 chaises avant et pendant la COP21

mercredi 30 septembre 2015, par Attac France, Collectif

L’argent pour sauver le climat existe : il est dans les paradis fiscaux ! Toutes et tous #FaucheursDeChaises
 
Alors que le dérèglement climatique est déjà une tragédie pour des millions de personnes et qu’il menace les conditions mêmes d’une vie civilisée sur Terre, les 196 pays membres des Nations-unies sont incapables de trouver 100 milliards de dollars par an pour alimenter le Fonds vert pour le climat.

Pourtant l’argent ne manque pas : il est dans les paradis fiscaux, qui abritent pas moins de 20 000 milliards de dollars selon Tax Justice Network. Rien qu’au niveau de l’Union européenne, l’évasion fiscale coûte 1 000 milliards € par an aux budgets publics. Elle est organisée en grande partie par les banques, comme l’a montré le scandale HSBC. Les banques françaises ne sont pas en reste : la première d’entre elles, BNP Paribas, détient 171 filiales dans les paradis fiscaux, dont 7 aux Îles Caïmans !

Alors que notre maison brûle, allons-nous les laisser continuer à détourner ces sommes colossales pendant que nos gouvernements regardent ailleurs ? Il y a là un véritable état de nécessité : nous devons agir par tous les moyens non-violents à notre disposition pour que les banques stoppent leurs activités d’évasion fiscale et que les paradis fiscaux soient mis ainsi hors d’état de nuire. Nous devons pousser les États à trouver d’urgence 100 milliards d’euros pour le climat, et bien au-delà.

Toutes et tous #FaucheursDeChaises

L’article 14 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen nous indique la voie : « tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ».

Pour répondre à la menace grave et imminente que représente l’évasion fiscale, nous appelons les citoyen·ne·s à réquisitionner 196 chaises d’ici la COP 21, dans les agences des banques les plus implantées dans les paradis fiscaux. Ces chaises serviront de support à une grande action symbolique en pleine COP 21, afin d’inciter les citoyen·ne·s du monde à entrer dans l’action. Nous appelons à mener ces actions au grand jour, à visage découvert, dans l’esprit de l’action non-violente et de la désobéissance civile, en respectant les personnes tout en affichant notre détermination à faire changer cette situation d’injustice.

Nous appelons également les citoyen·ne·s et les associations à se rendre solidaires de celles et ceux qui réquisitionneront ces chaises, en proposant d’héberger les chaises chez eux jusqu’à la COP 21. La réquisition et la circulation solidaire des chaises peut devenir un mouvement populaire de grande ampleur pour mettre enfin la finance au service des hommes et de la nature.

Le contexte

La COP 21, le sommet mondial de l’ONU sur le climat, aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. Il a pour objectif la signature par les 196 pays du monde d’un accord international de réduction des gaz à effet de serre, qui permettrait d’éviter la catastrophe annoncée en limitant le réchauffement climatique à moins de 2 °C.

Les négociations, qui durent depuis vingt ans, bloquent notamment sur le financement du Fonds Vert pour le climat par les pays riches : il faut trouver 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays du Sud à réduire leurs émissions et à s’adapter au changement climatique. Mais, dettes publiques et politiques d’austérité obligent, nos gouvernements sont à sec. Ils se tournent désormais vers le secteur privé et les banques pour alimenter ce Fonds Vert, avec non pas des dons mais des prêts.

Selon la Commission européenne, rien qu’au niveau de l’Union européenne, « des montants énormes sont perdus en raison de l’évasion fiscale et de l’évitement fiscal. Selon les estimations, cela irait jusqu’à1000 milliards € par an » [1]. Malgré les scandales (Cahuzac, LuxLeaks, SwissLeaks…) et les effets d’annonce, les paradis fiscaux continuent à prospérer et les grandes banques françaises et internationales, qui jouent un rôle clé dans l’industrie de l’évasion fiscale, n’ont toujours pas changé leurs pratiques.

C’est une question de choix politique : en finir avec l’évasion fiscale dégagerait des financements publics décisifs pour des politiques de transition écologique et sociale.

Les signataires

Philippe Aigrain, Christophe Alévêque, Claude Alphandéry, Geneviève Azam, Daniel Bachet, Francine Bavay, Julien Bayou, Adda Bekkouche, Olivier Besancenot, Jacques Bidet, Jérôme Blanc, Catherine Bloch-London, Christophe Bonneuil, José Bové, Thierry Brugvin, Dominique Cabrera, Alain Caillé, Claude Calame, Manuel Cervera-Marzal, Patrick Chamoiseau, Maxime Combes, Florent Compain,Pierre Concialdi, Eric Coquerel, Philippe Corcuff, Laurent Cordonnier, Jacques Cossart, Thomas Coutrot, Vincent Drezet, Txetx Etcheverry, Fabrice Flipo, Pascal Franchet, Jean Gadrey, Véronique Gallais, Didier Gélot, Susan George, Jean-Marie Harribey, Nicolas Haeringer, Sabina Issehnane, Jean-Claude Kaufmann, Pierre Khalfa, Anne Kunvari, Pierre Larrouturou, Pierre Laurent, Frédéric Lebaron, Hervé Le Crosnier, Serge Le Quéau, Sophia Mappa, Christiane Marty, France-Line Mary-Portas, Antoine Math, Gustave Massiah, Dominique Méda, Jean-Luc Mélenchon, Myriam Michel, Corinne Morel-Darleux, Edgar Morin, Laure Pascarel, Valérie Peugeot, Laurent Pinatel, Gérard Perreau-Bezouille, Dominique Plihon, Christine Poupin, Franck Pupunat, Philippe Quirion, Marie-Monique Robin Daniel Rome, Catherine Samary, Alexis Spire, Bernard Stiegler, Jacques Testart, Bruno Théret, Hélène Tordjmann, Denis Vicherat, Patrick Viveret, Louis Weber, Sophie Zafari

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