La crise de la COVID-19 : Attac exige que les riches du pays partagent le fardeau

mardi 23 février 2021, par Attac Autriche

Сommuniqué d’Attac Autriche : « Corona-Krise : Attac fordert Lastenausgleich von den Reichsten des Landes » Traduit depuis l’allemand.

Pourquoi avons-nous besoin de répartir les coûts ?

La crise de la Covid-19 a mis notre société devant des contraintes insoupçonnées. De nombreuses personnes vivent des souffrances profondes, que ce soit des caissier.es, le personnel soignant ou les le parents, qui doivent gérer leurs enfants dans des petits appartements. Nous tenons le coup ensemble et chacun.e fait sa contribution pour survivre aux temps difficiles.

Mais cela ne suffira pas pour surmonter la crise. Notre société s’apprête à faire face à des coûts exorbitants, résultat du virus lui-même, mais aussi de la crise économique qui viendra comme conséquence des mesures employées pour vaincre la pandémie. Le taux de chômage est déjà le plus élevé de toute l’histoire de la Seconde République (note du traducteur : c’est-à-dire en Autriche depuis 1945). Les premiers calculs des universités d’Oxford, de Cambridge et de Zurich montrent qu’aux États-Unis et en Grande Bretagne, les plus touchés par la crise sont les jeunes, les travailleurs aux emplois précaires et aux salaires les plus bas. A cela se rajoute l’augmentation du niveau de stress, de fatigue et des maladies mentales. Le système des soins 24/24 risque de s’effondrer. Le Gouvernement prévoit une enveloppe d’aides atteignant les 38 milliards d’euros. C’est plus que ce que l’État alloue annuellement pour les écoles, les universités, le transport, la police, les pompiers, la justice, les prisons et l’armée. Et ce n’est peut-être que le début.

Quelqu’un va devoir payer ces coûts

Ces dépenses nous poursuivront encore pendant des années et quelqu’un devra en prendre la charge. Lors de la dernière crise économique de 2008 c’était la population générale. C’était elle qui a payé pour les sauvetages des banques au bord de faillite par le biais des taxes sur les prêts et sur la valeur ajoutée, ainsi qu’à travers des coupures budgétaires dans l’éducation, la sécurité sociale et la santé. Si nous n’agissons pas maintenant, cela risque de se reproduire. Et alors ceux et celles qui sont aujourd’hui célébré.es en tant que héros et héroïnes, devront non seulement continuer à faire leur travail dangereux, mais aussi payer les pots cassés.

C’est ce qu’il faut éviter à tout prix. Voilà pourquoi Attac exige une répartition égalitaire des coûts avec les plus riches. Car ceux qui ont beaucoup se doivent de contribuer à la hauteur de leurs capacités.

L’argent nécessaire pour surmonter la crise est là. La richesse extrême d’un petit nombre d’individus a atteint en Autriche [1] des niveaux astronomiques :

  • 40 familles les plus riches du pays possèdent plus d’un milliard d’euros [2]
  • Le 1% des plus riches possèdent plus de 40% de richesses, ce qui représente environ 500 milliards d’euros [3]

Cette population des riches doit contribuer à l’effort de manière égalitaire. Ainsi pourrons-nous combattre la crise de manière solidaire, tout en faisant face aux autres menaces existentielles telles que la crise écologique. Cela peut paraître radical, mais ça a déjà eu lieu par le passé, notamment les contributions pour la répartition des coûts en Allemagne après la Seconde guerre mondiale (voir plus bas).

Le fonctionnement de la répartition des coûts

La répartition exceptionnelle des coûts doit concerner les plus riches, les personnes ayant plus de 5 millions d’euros de patrimoine net (c’est-à-dire une fois les dettes soustraites). Les principes de base de la répartition des coûts :

  • La répartition exceptionnelle comprendra un abattement de 5 millions d’euros par personne. Le patrimoine restant sera imposé.
  • L’impôt initial sera de 10% (une fois soustrait l’abattement de 5 millions) avec un échelonnage allant jusqu’à 60% pour des fortunes de plus d’un milliard d’euros.
  • L’objet de l’égalisation sera le patrimoine total net, c’est-à-dire tous les types de possessions moins les dettes. Il y aura certaines conditions additionnelles ainsi qu’exceptions et plafonds pour les fonds propres des entreprises et les propriétés d’usage.
  • Une procédure internationale, ou du moins européenne, serait optimale. Si ce n’est pas possible, l’Autriche doit agir en pionnière, étant un pays de l’UE avec des inégalités des richesses particulièrement élevées.

De cette manière on peut récolter en Autriche entre 70 et 80 milliards d’euros, et ce selon les calculs les plus pessimistes. Les contributions des milliardaires représenteraient plus d’un tiers de cette somme.

Cette levée de fonds pour la répartition des coûts couvrirait les dépenses vitales pour les entreprises, l’emploi, la santé et la sécurité sociale. Et même au-delà, elle nous laisse la possibilité de faire des investissements importants dans le futur, c’est-à-dire dans la lutte contre le réchauffement climatique. La sortie de la crise de la Covid-19 ne peut en aucun cas être un retour au statu quo d’avant et doit nous amener vers un futur meilleur. Notre société doit devenir plus résiliente, juste et démocratique.

En plus de la répartition exceptionnelle des coûts du virus, il doit y avoir évidemment même dans les temps normaux une imposition à long terme des fortunes et des héritages, ainsi qu’une imposition juste des entreprises et des revenus des capitaux [4]

Exemple historique : la répartition des coûts en Allemagne en 1949

Il y a eu des précédents historiques d’États qui prélèvent des fonds sur les fortunes des plus riches lors de situations financières exceptionnelles. L’exemple le plus connu est celui de la répartition des coûts en Allemagne après la Seconde guerre mondiale. L’État a organisé un prélèvement de 50% sur les fortunes en espèces, en outils financiers et sur les fonds propres des entreprises. Cette répartition a fortement contribué à la reconstruction du pays et a été, selon l’Institut allemand de recherche économique, « un succès financier, économique et social » [5]

L’exemple allemand démontre qu’une telle répartition de coûts peut être menée avec succès et donne des moyens de combattre la crise efficacement.

Pourquoi une répartition des coûts de la crise de la Covid-19 ? Quatre raisons en bref.

Une telle répartition peut permettre de résoudre quelques problèmes économiques centraux :

  • La répartition fait de la sorte que le petit nombre des plus riches contribuent équitablement à l’effort de lutte contre la crise. Elle épargne ceux qui sont déjà touchés par la précarité, le chômage et la pauvreté, ainsi que ceux qui contribuent à l’effort par leur travail.
  • La répartition permet de diminuer les inégalités qui se creusent depuis des années et qui atteignent aujourd’hui des niveaux indécents. Ce serait un premier pas vers une imposition plus juste des fortunes.
  • La répartition stabilise le système financier gonflé hors proportion et volatile, en ôtant au casino l’argent du jeu.
  • La répartition rend possible des investissements vitaux et urgents dans le futur, notamment dans l’éducation, la santé et dans la réorganisation sociale et écologique de l’économie.

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