Attac et le G7 de Biarritz

vendredi 26 avril 2019, par Christophe Aguiton

Du 24 au 26 août 2019, le G7 se réunira à Biarritz, au cœur du Pays Basque.
Le G7 se réunit tous les ans et il regroupe les chefs d’États et de gouvernements des principaux pays occidentaux, États-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada.

Rappel historique

Il a été créé en 1975 sous la forme d’un G6 (sans le Canada qui l’a rejoint en 1976, de même que l’Union Européenne qui y participe en tant qu’invitée) avec comme objectif la coordination des politiques économiques et financières face à la crise économique. Après la dislocation de l’Union Soviétique et la généralisation de la mondialisation néolibérale à l’essentiel des pays de la planète, la Russie l’a rejoint en 1997, jusqu’à son exclusion en 2014 à la suite de l’annexion de la Crimée.

Dans les années 1990 et jusqu’au début des années 2000, le G7 (ou le G8) était un élément important d’une « gouvernance internationale » qui s’était mis en place après la chute des régimes communistes d’Europe de l’Est. La mondialisation néolibérale des années 1990 allait de pair avec une courte phase de multilatéralisme qui s’appuyait sur des institutions internationales qui jouaient un rôle essentiel. Le « consensus de Washington », qui édictait les règles du néolibéralisme, était celui des directions de FMI, de la Banque mondiale et du département du Trésor des États-Unis, toutes basées dans le même quartier de Washington.

La libéralisation des échanges et du commerce a abouti à la création de l’OMC en 1995. L’ONU, de son côté, se chargeait de grandes questions sur lesquelles une convergence des différents États était jugée importante avec les conférences de Rio en 1992 sur l’environnement, de Beiging en 1995 sur les droits des femmes, d’Istanbul en 1996 sur l’habitat…

Le G7 n’a jamais eu de statut formel lui donnant une fonction particulière. Mais en regroupant les principaux dirigeants de la planète il jouait un rôle d’impulsion essentielle au développement de la mondialisation et du multilatéralisme.

Le contexte actuel

Les premières tensions entre grandes puissances sont apparues, sous la présidence de Bill Clinton, avec les guerres dans l’ex-Yougoslavie où la Russie s’est opposée aux interventions américaines et européennes. Alors que la 1re guerre du Golfe, en 1991, avait été conduite sous l’égide de l’ONU, les interventions dans les Balkans ont été le fait de l’OTAN. Ces craquements dans la gestion multilatérale du monde sont devenus des fractures ouvertes avec la guerre en Irak menée par les États-Unis et la Grande-Bretagne en 2003. Les tensions ne se sont pas limitées à l’intervention en Irak : l’OMC s’est vite retrouvée paralysée, n’arrivant pas à conclure le cycle de Doha, la désastreuse gestion par le FMI de la crise argentine a poussé la plupart des pays en développement à tout faire pour ne pas passer sous ses fourche caudines, et l’ONU a vu son rôle se marginaliser. Dans la période la plus récente l’élection de Donald Trump a poussé ces tensions à leur paroxysme, et le G7 n’échappe pas à ces divisions. La dernière réunion du G7 au Québec en 2018 en a été la caricature : Donald Trump a dénoncé le communiqué final – pourtant sans consistance et qu’il venait de signer - pendant le vol qui le ramenait aux États-Unis !

Pour le G7 de Biarritz il n’est donc pas possible de dénoncer le G7 comme « directoire du monde », comme nous le faisions au début des années 2000 car il est d’ores et déjà certain qu’aucune décision importante n’y sera prise. Mais il n’est pas possible, pour autant, de se désintéresser de ce sommet, par son impact médiatique qui nous permettra de nous faire également entendre, mais surtout parce que les dirigeants du G7 appliquent, dans leurs pays, des politiques assez similaires sur des problèmes clés, migrations, crise climatique et environnementale, questions sociales, militarisation… problèmes sur lesquels il est indispensable de se mobiliser et face auxquelles il faut défendre nos alternatives.
S’opposer aux politiques néolibérales, militaristes et répressives

Si les dirigeants du G7 sont divisés sur des questions géopolitiques importantes, Iran, Moyen-Orient, Brexit, etc. ils appliquent des politiques similaires dans leur pays et vis-à-vis de leurs zones d’influence. Le sommet de Biarritz sera donc l’occasion de se mobiliser face :

  • Au retour du militarisme, les budgets militaires des 7 est en nette augmentation, aux interventions militaires comme celle de la France au Sahel et aux risques de guerres et d’interventions militaires comme le suggère l’administration américaines vis-à-vis de l’Iran ou du Venezuela,
  • Aux politiques anti-migrants qui sont similaires en Amérique du Nord et en Europe, alors qu’il faut au contraire accueillir les réfugiés, régulariser les migrants et garantir le droit de circulation,
  • Aux politiques antisociales qui précarisent le travail, menace les retraites et les services publics,
  • Aux tentatives de mettre en place, devant la paralysie de l’OMC, des accords bilatéraux favorables aux multinationales et au détriment des droits sociaux et des politiques environnementales,
  • Aux régressions ou à l’absence de volontarisme face au dérèglement climatique et à l’urgence environnementale.

Interpeller les gouvernements sur les priorités qu’ils affichent et défendre nos alternatives

La France veut mettre la lutte contre les inégalités au cœur du sommet de Biarritz, face à ce qui a toutes les chances de ne rester que des vœux pieux, à nous d’exiger une réelle égalité hommes/femmes, la fin de toutes les discriminations, de genre, d’âge ou de couleur de peau.
Les mobilisations des peuples dans le monde entier ont mis en avant des alternatives face au néolibéralisme et à aux politiques autoritaires, celles-ci sont résumées dans les appels des coalitions basques et françaises annexées à ce document.

Deux coalitions et des négociations en cours

Le pays basque a une double caractéristique. Les revendications autonomistes ou indépendantistes y sont ancrées très profondément, au Sud, c’est-à-dire en Espagne, comme au Nord, en France, dans des conditions historiques, politiques et sociales très différents : 3 millions d’habitants dans un sud industriel qui a gagné une autonomie importante, 300 000 au nord, dans un territoire rural et touristique qui vient juste d’acquérir une petite autonomie institutionnelle sous la forme d’une communauté de communes. L’autre caractéristique, commune au nord et au sud, est une vivacité très importante de la société civile, avec ses propres syndicats de salariés, LAB ou ELA (qui au sud représentent 75% des salariés), un syndicalisme paysans radical (membre la Via Campesina) et un tissu associatif puissant, Bizi, à l’origine de Alternatiba en étant une des principales expressions en France. Dès septembre 2018 une coalition basque, nord et sud, s’est mise en place, qui regroupe l’essentiel des forces sociales qui se revendiquent de l’identité basque plus, au nord, Solidaires, Attac et différentes formations politiques (NPA, EELV, Ensemble, FI et EHBai qui est la force politique abertzale).

Au niveau national la coalition s’est mise en place en mars 2019, et regroupe toute une série d’associations, d’ONG et syndicats. Les deux coalitions travaillent ensemble.

Les négociations avec les autorités se sont engagées au pays basque, les deux coalitions voulant mobiliser à la fois pour un sommet citoyen et un village associatif qui devrait se tenir du lundi 19 au vendredi 23 août et pour une manifestation de masse dont la date et le lieu n’ont pas encore été discuté.

Il faut ajouter à ces préparatifs, les mobilisations qui accompagnent la tenue de sommets thématiques qui vont précéder le G7 de Biarritz. A Dinard, en Bretagne, les 5 et 6 avril, aura lieu un sommet sur les affaires étrangères, et les militants locaux, en particulier les collectifs locaux d’Attac, préparent des mobilisations. Un mois plus tard, les 5 et 6 mai, ce sera à Metz que se tiendra un sommet sur le changement climatique et là aussi une mobilisation, à laquelle Attac Moselle est associé, est en préparation.

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