Se mobiliser et s’organiser pour éviter et stopper la fièvre de la planète !

mercredi 17 septembre 2014, par Collectif

Lorsque nous, les êtres humains, avons de la fièvre, nous nous inquiétons immédiatement et nous agissons. Après tout, nous savons que lorsque la température de notre corps augmente de 1,5 °C, jusqu’à 2 °C au dessus de la moyenne, c’est sérieux, tandis qu’une augmentation de 4-6 ºC, ou plus, peut conduire au coma voire à la mort.

Il en est de même quand la Terre est touchée par la fièvre. Au cours des 11 000 dernières années, la température moyenne de la planète était d’environ 14 °C. L’augmentation de la température moyenne globale est d’ores-et-déjà d’environ 1 °C. Si nous ne prenons pas les mesures appropriées tout de suite pour arrêter la propagation de cette fièvre, les prévisions nous disent que la planète est sur la voie d’une augmentation de la température moyenne comprise entre 2 °C et 6 °C d’ici la fin du siècle. Dans ces conditions, la vie sur Terre, telle que nous la connaissons, pourrait changer radicalement.

Nous n’avons pas d’autre choix que de passer immédiatement à l’action. Mais pas n’importe quelle action, une action juste, au bon moment. Par exemple, lorsqu’un être humain a de la fièvre, il doit se reposer, s’hydrater abondamment, prendre le bon médicament et, si la fièvre persiste et continue d’augmenter, il doit aller voir un médecin pour identifier la véritable cause de la fièvre, qui peut aller d’une simple infection à des maladies mortelles comme le cancer.

La bonne prescription

Dans le cas de la fièvre planétaire, la bonne prescription nécessite de mener et d’appliquer, a minima, les 10 actions suivantes :

  1. Prendre des engagements contraignants immédiats – et non des engagements volontaires – pour maintenir l’augmentation de la température globale en deçà de 1,5 ºC d’ici la fin du siècle, en réduisant les émissions de gaz à effets de serre en deçà de 38 gigatonnes d’ici 2020.
  2. Laisser reposer la Terre en prenant des engagements contraignants pour maintenir plus de 80 % des réserves connues d’énergies fossiles dans le sol et sous le plancher des océans.
  3. Abandonner les logiques extractivistes en imposant des interdictions sur toute nouvelle exploration et exploitation de pétrole, de sables bitumineux, d’hydrocarbures de schiste, le charbon, d’uranium et de gaz naturel, y compris sur la construction de nouvelles infrastructures comme le pipeline Keystone XL.
  4. Accélérer le développement et la transition vers des énergies alternatives renouvelables comme l’éolien, le solaire, la géothermie et l’énergie marémotrice basées sur une propriété et un contrôle collectifs et citoyens.
  5. Promouvoir la production et la consommation de produits locaux et durables pour répondre aux besoins fondamentaux des populations et éviter le transport de marchandises qui peuvent être produits localement.
  6. Transformer les agricultures industrialisées et orientées à l’exportation vers des productions agricoles répondant aux besoins alimentaires locaux basés sur la souveraineté alimentaire.
  7. Adopter et appliquer des stratégies de zéro déchets pour le recyclage et l’élimination des déchets ainsi que pour la rénovation des bâtiments dans le but de réduire les consommations d’énergie liées au chauffage.
  8. Améliorer et développer les transports en commun pour le déplacement des personnes et des marchandises dans les centres urbains et entre les villes des régions urbanisées par des lignes ferroviaires efficaces.
  9. Développer de nouveaux secteurs de l’économie visant à créer de nouveaux emplois qui rétablissent l’équilibre du système Terre, tels que des « emplois favorables au climat » (climate jobs) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et restaurer la planète.
  10. Démanteler l’industrie de l’armement et l’infrastructure militaire dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre générées par la guerre, et de récupérer les budgets militaires pour promouvoir une paix véritable.

Les mauvaises prescriptions

Dans le même temps, nous devons également être conscients que toutes les actions ne sont pas des mesures appropriées et que certaines initiatives peuvent aggraver la situation. Notre défi le plus urgent réside sans doute dans le fait que les grandes entreprises détournent l’agenda climatique à leur profit pour tirer avantage des crises. En réponse, nous devons leur envoyer un message fort et clair : « Arrêtez d’exploiter la tragédie du changement climatique » !

Plus précisément, nous devons résister au « verdissement du capital », présenté comme la solution, en rejetant les politiques, stratégies et mesures suivantes :

  • La marchandisation, la financiarisation et la privatisation des fonctions de la nature à travers la promotion d’une « économie verte » factice qui consiste à mettre un prix sur la nature et créer de nouveaux marchés de dérivés qui ne feront qu’augmenter les inégalités et accélérer la destruction de la nature.
  • Cela signifie dire non aux dispositifs REDD (Réduction des émissions dues à la déforestation et la dégradation des forêts), aux projets d’« Agriculture intelligente face au climat » (climate smart agriculture), de Blue Carbon et de compensation de la biodiversité, qui sont tous conçus pour créer de nouvelles activités à but lucratif pour le secteur privé et financier.
  • Rejeter les solutions techno-scientifiques telles que la géo-ingénierie, les organismes génétiquement modifiés, les agrocarburants, la bio-énergie industrielle, la biologie synthétique, les nanotechnologies, la fracturation hydraulique, les projets nucléaires, la production d’énergie basée sur l’incinération des déchets etc.
  • S’opposer aux grands projets d’infrastructures inutiles qui ne bénéficient pas à la population et qui sont des contributeurs nets à l’effet de serre tels que les méga-barrages, les autoroutes, les stades de coupes du monde, etc.
  • Mettre fin aux accords de libre-échange et d’investissements qui encouragent les profits commerciaux internationaux, minent les populations qui travaillent, détruisent la nature, et réduisent considérablement la capacité des populations à définir leurs propres priorités économiques, sociales et environnementales.

Traitement préventif

En plus d’identifier les bonnes et les mauvaises prescriptions, il est fondamental de nommer la maladie qui provoque et génère cette fièvre planétaire permanente. Si nous ne le faisons pas, la fièvre ne cessera de s’aggraver d’une manière beaucoup plus agressive. Nous devons évaluer les causes structurelles de la maladie afin de résister à la tempête.

Les scientifiques ont clairement montré que l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre a commencé il y a 250 ans avec la révolution industrielle et s’est accélérée au cours du siècle dernier. De cette analyse, il est clair que le modèle industriel extractiviste et productiviste au profit de quelques-uns est la principale cause du problème. Nous devons remplacer le capitalisme par un nouveau système qui vise l’harmonie entre les humains et la nature, et non maintenir un modèle de croissance sans fin que le système capitaliste favorise afin d’accroître les profits. Nous avons besoin d’un système qui lie le changement climatique et les droits humains, assurant la protection des populations les plus vulnérables, comme les migrants, et reconnaissant les droits des populations autochtones.

La Terre-Mère et ses ressources naturelles ne peuvent pas supporter les besoins de surconsommation et de surproduction de la société industrielle moderne globalisée. Nous avons besoin d’un nouveau système qui réponde aux besoins de la majorité et non de quelques-uns. Pour aller dans ce sens, nous avons besoin d’une redistribution de la richesse qui est aujourd’hui contrôlée par 1 % de la population mondiale. En retour, cela exige une nouvelle définition du bien-être et de la prospérité sur la planète, dans le cadre des limites et de la reconnaissance des droits de la Nature.

Pour conclure, nous avons besoin de nous organiser et de nous mobiliser en Septembre, à New York et partout sur la planète, pour impulser un processus de transformation des causes structurelles de la crise climatique.

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