Pari réussi : blocage du sommet de Pau par les militants climat

Du 4 au 7 avril, plus de 450 activistes déterminés à protéger les océans et le climat ont fortement perturbé le sommet MCEDD sur les forages pétroliers en haute-mer, multipliant les actions de blocage et de désobéissance civile. Des rassemblements citoyens (die in, chaîne humaine, concert) ont réuni largement plus d’un millier de personnes au cours des 3 jours. Ce jeudi 7 avril, les militant·e·s sont parvenu·e·s à bloquer les entrées du sommet et à organiser un die-in géant devant le Palais Beaumont.

Ce matin, alors que devait se tenir la dernière journée du sommet MCEDD, 150 activistes sont parvenus à bloquer à partir de 7 h 30 les différentes entrées du Palais Beaumont où devaient se réunir les membres des plus grosses compagnies pétrolières et gazières mondiales. Cubes gonflables, percées spectaculaires des barrages policiers, menottage des militant·e·s aux attachés-case des congressistes ou au camion logistique de l’entreprise organisatrice du sommet, occupation des différentes voies d’accès ont contraint plus de 70 congressistes à rester à l’extérieur, tandis que d’autres enjambaient les corps étendus des militant·e·s sur la voirie. La journée avait débuté par le blocage symbolique d’un hôtel où dormaient certains congressistes, une sirène mazoutée placée au cœur d’une scène de crime climatique rappelant que les entreprises participant à ce sommet organisent un crime climatique avec préméditation.

A 12 h 30, près de 500 personnes ont symbolisé un die in géant devant les portes du Palais Beaumont pour représenter les victimes du dérèglement climatique, tandis qu’étaient annoncés les degrés supplémentaires qui menaçaient la planète si aucune mesure n’était mise en oeuvre pour enrayer la trajectoire actuelle. Cette dernière journée d’action marquait l’achèvement de trois jours et trois nuits de mobilisation continuelle lors desquels les militants climat sont parvenus à créer une situation d’anormalité perturbant très fortement la tenue du MCEDD.

Ils répondaient à l’appel lancé par 350.org, Action Non-Violente COP 21, Alternatiba, les Amis de la Terre France, Attac France, Bizi !, Chrétiens Unis pour la Terre, Emmaüs Lescar-Pau, Friends of the Earth International, Nation Océan et Surfrider Foundation Europe. Objectif : dénoncer la véritable provocation consistant à organiser un tel sommet, moins de 4 mois après la COP 21, sans aucune référence à l’impératif climatique et à l’Accord de Paris.

Les multinationales pétrolières et gazières, ainsi que les entreprises spécialisées dans les forages en mer, avaient en effet rendez-vous au Palais Beaumont de Pau, fief de Total, pour faire en sorte que l’exploration et l’exploitation offshore restent « compétitives », comme si les engagements pris à Paris n’avaient jamais existé. En toute connaissance de cause, les promoteurs de ce sommet climatique cherchent à repousser toujours plus loin et toujours plus profond la frontière des combustibles fossiles, en contradiction flagrante avec les objectifs fixés par l’article 2 de l’Accord de Paris visant à contenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2 °C.

Pour Malika Peyraut, des Amis de la Terre France, « Le sommet de Pau rassemblait de véritables criminels climatiques, c’est-à-dire des entreprises multinationales comme Total, BP, ou Shell qui sont en train de provoquer un réchauffement climatique très largement supérieur à + 1,5 °C, dont les populations les plus démunies paient déjà un lourd tribut ». « Ce sommet illustre les limites des engagements volontaires et non contraignants tels que ceux qui sont consignés dans l’Accord de Paris, alors que maintenir le réchauffement climatique bien en dessous des +2 °C implique de geler la quasi totalité des réserves prouvées d’énergies fossiles », a poursuivi Maxime Combes, d’Attac France. « L’océan est la nouvelle frontière de la ruée vers le gaz et le pétrole, dénonce Olivier Dubuquoy, de Nation Océan. 78 % de la production d’hydrocarbures de Total provient de l’offshore, dont 30 % de l’offshore profond » Puisque aucune institution n’est chargée de juger et rendre conformes à l’impératif climatique les décisions des acteurs privés, cette responsabilité est de facto transférée à l’opinion publique mondiale. « Nous devons donc prendre nos responsabilités, explique Txetx Etcheverry, du mouvement Bizi !, ce que nous avons fait ici, en organisant des actions de désobéissance civile et des manifestations publiques pour empêcher la tenue de ce sommet et interpeller l’opinion publique ». « Nous, nous tenons l’engagement que nous avons pris le 12 décembre, à la COP 21 : faire barrage à la destruction du climat, veiller à ce que les lignes rouges d’un futur juste et durable ne soient jamais franchies. À Pau, nous avons honoré cette promesse », explique Nicolas Haeringer de 350.org.

Cette mobilisation est une première : ces sommets se déroulent habituellement loin des projecteurs, loin des media de masse, sans publicité et sans mobilisation citoyenne. Une première qui en appelle d’autres. Pour Cécile Marchand, du mouvement Action Non-Violente COP 21 « Le message que nous envoyons depuis Pau est clair : ils ne pourront plus se réunir sans que nous les en empêchions ; ils ne pourront plus se lancer dans de nouveaux projets climaticides sans que nous n’intervenions par des actions non-violentes et déterminées pour sortir de l’état d’urgence climatique et engager la transition vers un monde vivable et solidaire ».

Prochaines mobilisations :

  • Le 21 avril, à Paris, pour bloquer le Oil International Summit
  • Du 4 au 16 mai prochain, partout dans le monde, pour les journées d’actions « Breakfree - Libérons-nous des combustibles fossiles » - avec, notamment, des actions de blocage d’une mine de charbon en Allemagne, du 13 au 16 mai.
  • À l’automne, pour de nombreuses actions de blocages d’infrastructures liées aux combustibles fissiles et une journée de mobilisation contre l’EPR de Flamanville.

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