Quelques mois plus tôt, l’élection de Donald Trump est apparue comme un séisme politique, le Brexit comme une remise en cause du projet européen. Installés depuis plusieurs mandats ou fraîchement élus, les chefs d’états du G20 suscitent peu d’enthousiasme et d’espoir, certains générant au contraire une hostilité importante dans leur pays et à l’échelle mondiale. Pourtant, et non sans contradiction, les chefs d’États des pays du G20 se sont réunis à Hambourg, avec l’ambition de « bâtir un monde interconnecté ».
Ce sommet est présenté par ses participants comme un espace de discussion où les grands enjeux mondiaux pourraient être appréhendés dans l’intérêt collectif. Il n’en est rien. Chaque chef d’état est arrivé avec ses propres objectifs, des intérêts ainsi qu’une image à défendre sur un plan national - notamment en perspective d’élections, d’élaboration de lois nationales, ou pour assoir des stratégies et des alliances.
Face à cette vision de court terme qui favorise les intérêts de la finance et des grands groupes transnationaux quitte à alimenter une course à l’armement, des militant.es de toute l’Allemagne ont organisé une semaine de mobilisation à Hambourg, afin de tirer la sonnette d’alarme.
Lors du contre-sommet de la Solidarité, deux jours d’échanges, de débats, d’analyse, et de mutualisation ont souligné l’écueil des politiques libérales, et mis en avant des propositions alternatives. Des manifestations massives ont occupé les rues de Hambourg pour dénoncer les politiques de ces chefs d’état aux conséquences internationales et l’entre-soi du G20.
Non seulement le G20 est illégitime mais il est aussi inefficace à résoudre les grands enjeux mondiaux.
Face aux désordres provoqués par leurs politiques, et à la mobilisations des peuples, les chefs d’ État des "grandes puissances" cherchent à maintenir leur domination. Or, les contradictions entre eux pour le partage du monde se développent, ce qui provoque notamment une hausse des dépenses d’armement et une extension des conflits armés.
Trump a été présenté comme isolé sur un plan international suite à sa déclaration de sortie de l’Accord de Paris. Le communiqué final du Sommet visualise une séparation entre les signataires de l’Accord et les États Unis sortis de l’Accord. En accord avec la Maison Blanche, cette distinction contribue à valider le fait que Les États-Unis pourront continuer à vendre leur gaz de schiste, par exemple. Le désaccord est acté, mais n’est pas plus contraignant que l’Accord de Paris lui-même, marquant la fragilité du processus, et de la volonté à prendre les mesures nécessaires. Sans changement en profondeur de système productif, l’objectif de limiter la hausse des températures en dessous de 2° semble très mal engagé.
En réalité la volonté affichée, notamment par Macron et Merkel, d’isoler les États-Unis est totalement illusoire. Ainsi la déclaration finale (sur ses volets climat et commerce) qui condamne « le dumping » et le « protectionnisme » tout en soulignant la possibilité d’avoir « des instruments de défense commerciaux » semble taillée sur mesure pour Trump. Celui-ci a obtenu de pouvoir mener une politique divergente -au mépris des accords climatiques-. Cela irait dans le sens de sa volonté de taxer les importations afin de favoriser la production américaine, notamment de l’acier. Dans le même temps, sur un plan national, il va vers plus de dérégulation.
Les chefs d’État ont tenté de donner l’image d’un groupe souhaitant défendre l’intérêt général. Il s’agissait surtout de défendre le bilan des politiques libérales et probablement d’éviter une faillite de ce système mondialisé.
A l’agenda du G20 figure aussi la lutte anti-terrorisme. Et notamment la lutte contre le financement du terrorisme alimenté par le traffic, le blanchiment d’argent, l’exploitation des ressources. Or ces ambitions sont d’emblée limitées, notamment le travail du groupe d’action financière GAFI, organisme transnational qui vise à contrer le blanchiment d’argent et la fraude fiscale, qui implique d’examiner les comptes et transactions financières, à quoi sont réticents un certain nombre de pays.
Les organisations sociales dénoncent de plus l’utilisation de la lutte anti-terroriste contre les opposants, et les militants. La Turquie de Recep Tayyip Erdogan n’a pas hésité à procéder à des arrestations d’opposants -notamment des kurdes- et récemment des militants pour les droits humains ou des journalistes accusés d’aide à des organisations terroristes. Partout en Europe, l’arsenal sécuritaire limite l’accès d’un pays à l’autre et vise le contrôle des exilé.e.s qui fuient les conséquences des politiques libérales, les guerres, ou encore du terrorisme. En France, la criminalisation des migrant.e.s s’accompagne de celle des citoyen.ne.s solidaires. Emmanuel Macron poursuit les politiques répressives et un projet de loi anti-terroriste qui menace les libertés publiques de tous et toutes est déjà engagée dans le processus parlementaire.
Au mépris des grands accords internationaux impliquant l’ensemble des pays du monde, le sommet du G20 paraît bien irresponsable et inapte à faire face aux grands enjeux mondiaux.
Tandis que les dirigeants s’appliquent à préparer une nouvelle crise économique et climatique, des organisations du monde entier se rassemblent pour faire entendre d’autres voix, porter de réelles alternatives pour l’émancipation de tous et toutes, et l’élaboration d’un système économique respectueux de l’environnement et des droits humains.