Éditorial : La manœuvre fut adroite
Numéro 13 - Printemps 2017 , , par ,
Dans la guerre éclair menée victorieusement pour conquérir la présidence de la République française, Emmanuel Macron a surfé et plané sur la nouvelle doxa pseudo-philosophico-sociologico-politique : l’opposition droite/gauche a disparu, donc la droite et la gauche peuvent… marcher ensemble. Cette nouvelle manière de penser la cité, la polis au sens grec, c’est-à-dire la structuration politique de la société, pourrait n’être qu’une variante de la thèse éculée de la disparition des classes sociales. On voit bien en effet le caractère contradictoire de ces affirmations : droite et gauche disparaissent mais peuvent s’allier pour gouverner ; les classes ont disparu, clament ceux qui naguère affirmaient qu’elles n’existaient pas. Mais, comme la nature a horreur du vide, dit-on, la politique aussi. Le substitut sémantique, à défaut d’être conceptuel, aux clivages de classes et leur traduction politique traditionnelle, c’est le populisme. Toute critique du capitalisme financier et de sa mondialisation, de l’austérité infligée au sein de l’Union européenne à tous les peuples, de l’envol des inégalités et de l’affaiblissement des droits des travailleurs et des citoyens, est disqualifiée comme populiste, qu’elle soit faite au nom de la démocratie et de l’égalité ou au nom de l’autoritarisme et de la xénophobie.