[À voir] Green Border, de Agnieszka Holland, 2023

mercredi 27 décembre 2023, par Attac France

Le contexte : fin 2021, pour déstabiliser l’Union européenne, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a utilisé les migrants en les encourageant à franchir la frontière avec l’Union européenne via la forêt de Białowieża. Les refoulements d’un pays à l’autre, bien qu’illégaux, ont été –et sont encore– largement pratiqués aux frontières de l’Europe et ont provoqué des dizaines de morts.

GREEN BORDER, un film de Agnieszka Holland, 2023, 2h27

Un film choc sur les horreurs auxquelles sont confrontés les réfugiés dans la zone d’exclusion entre la Pologne et la Biélorussie.

Agnieszka Holland raconte l’histoire d’une famille syrienne qui fuit la guerre et tente
dans cette forêt marécageuse, « zone d’exclusion » interdite aux ONG entre la Biélorussie et la Pologne, de passer en Europe.

Tout ce qui apparaît dans le film est solidement documenté mais la fiction permet de traiter la réalité de façon synthétique. Le film adopte trois perspectives très différentes : celle des migrants, d’un jeune garde-frontière et d’une activiste malgré elle. Il décrit les agissements de chacun (marche dans la forêt, reconduite ou extorsion, repérage et aide...) et donne un aperçu des règles suivies dans ce statu quo glaçant.

Si la Pologne, comme d’ailleurs notre pays, s’est illustrée pour son accueil généreux envers les Ukrainiens, elle demeure embarrassée dans son rapport à d’autres populations.

Le film révèle ainsi le racisme européen dans le traitement accordé aux différents groupes de réfugiés de guerre.

La sortie du film en Pologne, en septembre dernier, a été accompagnée d’une violente campagne calomnieuse de la part du gouvernement sortant et la réalisatrice de 74 ans a été l’objet de menaces physiques. Ce qui, finalement, a plutôt servi le film.
À l’occasion de la première du film à Prague, la réalisatrice constatait : « Je ne m’attendais pas à cet accueil, surtout pas en Pologne, où nous espérions peut-être attirer 150 000 spectateurs (le film totalise plus de 700 000 entrées). Si nous pensions à un succès public, c’était dans d’autres pays, par exemple en France. C’est quand même un film de deux heures et demi, en noir et blanc, un film qui n’est pas facile à regarder, car il est très éprouvant à certains moments. Ce n’est pas un film d’aventure, même si notre objectif était aussi, évidemment, de captiver le spectateur. ». Ce que le film réussit formidablement malgré quelques facilités scénaristiques.

Oui, le cinéma peut être une arme lorsqu’il traite de sujets politiques.

Cette œuvre humaniste est un témoignage essentiel sur ce qui se passe aux frontières de l’Europe. Il faut absolument soutenir ce film, d’autant qu’il arrive au moment de la mise en cause en France de l’égalité de droit sur la base d’une distinction xénophobe et précède des élections européennes où la montée de l’extrême-droite se précise.

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Sortie le 7 février 2024 Film distribué par Condor

Lire comment le film a été accueilli en Pologne ici.

On pourra revenir à ce que disait Attac, en 2009, dans son livre : « Pour une politique ouverte de l’immigration »  :

Les migrations constituent un phénomène historique permanent, elles sont même consubstantielles à l’histoire de l’humanité. Pourtant, les États de l’Union européenne et l’Union elle-même pratiquent une politique d’isolement, entendant n’admettre d’immigrants, au compte-gouttes, que sur le seul critère de leur " intérêt économique " pour le pays d’accueil. Cette politique n’est pas nouvelle. Elle a toujours échoué. Elle a comme première conséquence de rendre illégitime la présence de populations issues de l’immigration, installées parfois depuis longtemps, et ne fait que renforcer les discriminations de fait ou de droit dont elles sont victimes. Ce livre rappelle que l’immigration, loin d’être un danger, peut et doit profiter aux uns et aux autres. Il démonte un à un les arguments invoqués pour tenter de justifier l’Europe forteresse et le repli sur soi, et met en lumière l’absurdité de l’immigration prétendument choisie. Il faut, au contraire, envisager une politique d’immigration ouverte, apaisée, accompagnée d’une citoyenneté de résidence. Ce qui suppose des décisions politiques courageuses, octroyant aux étrangers un certain nombre de droits attachés à cette citoyenneté, par exemple le droit de vote et d’éligibilité. La liberté de circulation et d’installation des personnes fait partie des droits fondamentaux de l’humanité, il est grand temps de s’en souvenir. D’autant que, comme le disait le président bolivien Evo Morales : " Les problèmes de cohésion sociale dont souffre l’Europe ne sont pas la faute des migrants, mais le résultat du modèle de développement imposé par le Nord, qui détruit la planète et démembre les sociétés des hommes. "

Et pour l’actualité récente, lire le texte d’Attac  : « Les contre-vérités économiques de la loi Darmanin ».

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