Pour une justice écologique, libérons le climat des marchés financiers

lundi 30 novembre 2009, par Attac France

« Au départ, je pensais que je luttais pour sauver les hévéas, ensuite je pensais que je luttais pour sauver la forêt amazonienne. Maintenant je réalise que je lutte pour l’humanité ». Chico Mendes (quelques mois avant son assassinat).

Brochure Attac France à télécharger.

Depuis quelques années, le développement d’une crise écologique globale, affectant l’avenir des habitants de la planète, est devenu une évidence. L’ampleur de la crise a été démontrée par les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui, dans des rapports successifs, a précisé la réalité du réchauffement climatique global et en a identifié la cause principale : l’augmentation de la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre, en premier lieu le dioxyde de carbone (CO2) issu principalement de l’utilisation toujours croissante des combustibles fossiles. D’autres éléments participent à la dégradation de l’environnement : la déforestation, l’épuisement et la pollution des sols, la pollution de l’air et de l’eau. Le cadre naturel, qui a permis à l’humanité de se développer pendant des millénaires, devient source de problèmes (sécheresses, famines, maladies, migrations de populations, guerres pour les ressources). Les effets sur les autres espèces vivantes ne sont pas moins préoccupants : diminution de la biodiversité, désertification, dégradation des écosystèmes, tous ayant des répercussions sur la qualité de la vie humaine et, à terme, sur sa pérennité. La crise climatique révèle la profondeur de la crise écologique globale. Elle apparaît aujourd’hui comme la condensation des limites et contradictions d’un modèle d’organisation des sociétés que la planète ne peut plus supporter. C’est la possibilité de vivre dans des sociétés construites sur des valeurs de liberté, de solidarité, de justice sociale et de démocratie qui est menacée. La globalisation économique et l’extension du capitalisme à l’échelle du monde ont considérablement accéléré un processus déjà à l’œuvre depuis près de deux siècles. Cette crise résulte d’un double mouvement lié à une double croyance. La première consiste à faire comme si les organisations économiques et sociales, quelles qu’elles soient, pouvaient se construire indépendamment des écosystèmes et pouvaient disposer des ressources de la nature de manière infinie. Elle suppose que les innovations pourraient permettre de substituer des moyens techniques aux défaillances de la nature, voire de créer une seconde nature par manipulations et transformations successives. La deuxième, contemporaine de la naissance du capitalisme, consiste à faire comme si l’économie et les forces possédantes et dominantes pouvaient indéfiniment, au nom de la rentabilité, du profit, du progrès (voire du « socialisme »), s’approprier et se soumettre les sociétés, réduites à des champs d’expansion du capital.

Les politiques néolibérales et la globalisation économique, en permettant l’extension de ce mode productiviste à l’ensemble de la planète, ont accru et accéléré la pression sur les ressources à un point inimaginable. La globalisation, en s’attaquant à toutes les limites qui s’opposent à la marchandisation et à la croissance infinies, a paradoxalement révélé les limites écologiques du monde. La simultanéité de l’explosion des déséquilibres financiers, sociaux, agricoles, écologiques n’est pas un hasard de calendrier, mais le signe des limites atteintes par ce système. La logique économique de rentabilité à court terme, la maximisation du profit et de la rémunération des actionnaires, le libre-échange et la concurrence se sont imposés à l’ensemble des sociétés et ont soumis ou tenté de soumettre l’ensemble de la vie sociale à cette dynamique prédatrice. Cela aboutit à une exacerbation de l’exploitation des travailleurs, au pillage de la planète, à la précarisation et à la disparition de millions de paysans et paysannes, à la condamnation à l’exil et à l’errance de populations déracinées toujours plus nombreuses.

En ce sens, la crise climatique est bien plus qu’une crise environnementale, elle est une crise de la domination de l’économie sur l’ensemble de la vie sociale et politique, domination que le néolibéralisme a porté à son extrême en en faisant un véritable projet politique. La crise sociale et la crise environnementale ne sont pas les conséquences d’une crise économique qui aurait sa propre logique interne, coupée de la société et de son environnement ; elles sont les composantes d’une crise globale qui est celle d’un modèle de société ayant fait de l’organisation économique, ici la lutte pour le profit et la rentabilité immédiate, l’essence des sociétés.

Mais, loin de désarmer, les néolibéraux enfourchent désormais la crise climatique elle-même pour en faire une nouvelle « opportunité » de croissance économique et de valorisation financière, une écologie de marché, une écologie financière. Le protocole de Kyoto, qui fut certes le premier pas significatif d’une négociation internationale sous l’égide de l’ONU, a ouvert la voie en ce sens. Pourtant, le rapport du PNUD 2007-2008, souligne qu’ « une des plus dures leçons enseignées par le changement climatique est que le modèle économique des pays riches qui pousse la croissance et la consommation qui va avec, est écologiquement insoutenable ». La conférence de Copenhague en décembre 2009, qui doit mettre en place l’après-Kyoto, met en jeu le sauvetage de la planète et sa réparation en même temps que les choix des sociétés, les formes de la coopération internationale entre le Nord et le Sud, les modalités de répartition de la richesse, la justice sociale, la gestion des biens publics et des biens communs.

Attac a fait de l’urgence climatique et de la justice climatique une de ses priorités de campagne et d’éducation populaire. Cette brochure s’inscrit dans la continuité de ses travaux et de ses combats et s’attache à montrer et expliciter les enjeux du financement du changement climatique, enjeux écologiques, économiques, sociaux et politiques. C’est une démarche essentielle pour s’approprier des débats qui ne peuvent être laissés seulement à des experts et pour pouvoir conjuguer écologie et solidarité, écologie et justice, écologie et démocratie. Il serait suicidaire d’oublier que la question climatique, devenue une des priorités planétaires incontestables, est d’abord et avant tout le fruit d’alertes et de travaux remarquables de la communauté scientifique académique au premier chef, mais aussi de travaux permanents de contre-expertises indépendantes et citoyennes contrebalançant les discours des gouvernements et des transnationales de tous les secteurs peu enclins à remettre à plat nos modèles de développement.

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