[À voir] De l’eau jaillit le feu, un film de Fabien Mazzocco

mardi 25 avril 2023, par Attac France

S’il ne devait y avoir qu’un seul bien commun, ce serait l’eau !

De l’eau jaillit le feu : presque tout est dit dans ce film qui sort en juin après la répression violente de la contestation de la mégabassine de Sainte-Soline.

De l’eau jaillit le feu présente la lutte du collectif Bassines Non Merci pour préserver le Marais poitevin, un écosystème unique constituant la deuxième plus grande zone humide française après la Camargue. Le Marais poitevin subit un accaparement croissant de ses eaux souterraines par les maïsiculteurs ; ces derniers construisant toujours plus de méga-bassines remplies en hiver avec les eaux souterraines pour pouvoir irriguer en été.

Mais pour comprendre pourquoi la lutte contre les méga-bassines dans le Marais poitevin a pris récemment une telle ampleur au niveau national, il faut rappeler quelques décisions politiques controversées concernant l’irrigation agricole et la gestion calamiteuse des épisodes de sécheresse de ces deux dernières années.

Conséquence du changement climatique, les épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et intenses diminuent le rendement de certaines cultures. Après un intense lobbying lors des Assises de l’eau (2019) et surtout lors du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique (2022), la FNSEA a obtenu des pouvoirs publics le développement de retenues de substitution sur tout le territoire afin d’augmenter les surfaces agricoles irriguées.

Les retenues de substitution (bassines, barrages-réservoirs, retenues collinaires) ont été présentées lors du Varenne comme le moyen le plus efficace d’accroître la résilience des systèmes agricoles tout en préservant les ressources en eau et les milieux aquatiques. Or, il n’en est rien comme le collectif Bassines Non Merci le constate chaque année dans le Marais poitevin. Le remplissage des retenues en hiver limite la recharge des nappes et l’infiltration de l’eau dans le sol, ce qui augmente le risque de sécheresse estivale avec des cours d’eau dont le débit minimum biologique n’est plus assuré.

Cette année, les porteurs de projets de retenues de substitution subventionnées par la région, le département, l’agence de l’eau et l’union européenne sont même confrontés à une situation inédite : le manque d’eau pour effectuer le remplissage hivernal des retenues à cause de la faiblesse des précipitations de ces derniers mois.

En réalité, le véritable objectif du développement des retenues de substitution est le maintien coûte que coûte d’un modèle agricole exigeant toujours plus d’eau et d’intrants et qui désormais ne profite qu’à une minorité d’agriculteurs, et cela dans un contexte de changement climatique et de raréfaction de la ressource en eau. Ceux, des membres de la Confédération paysanne aux simples citoyens, qui se sont mobilisés contre les projets de méga-bassines dans le Marais poitevin, l’ont bien compris.

Thierry Uso, animateur de la liste de diffusion Eau d’Attac France
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Depuis le début des années 2000, le Marais poitevin est un lieu de résistance aux méga-bassines. L’urgence est grande de préserver la diversité là où elle est encore présente. Et la visite à laquelle nous invite les amoureux des lieux, et en particulier Juien Le Guet, porte-parole de Bassines Non Merci, n’en est que plus convaincante : perturbation des écosystèmes et disparition de la biodiversité sont visibles dans la balade tranquille à laquelle nous convie le film qui ne privilégie pas les affrontements violents. Comment ce territoire à l’image si paisible est-il devenu le terreau d’une véritable guerre de l’eau ? Fabien Mazzocco, le réalisateur dont ce n’est pas le premier film sur le sujet, nous l’explique de façon très pédagogique.

Alors que les sécheresses sont de plus en plus préoccupantes, comment peut-on imaginer poursuivre une politique qui aggrave les problèmes en favorisant l’accaparement de l’eau pour une culture unique et intensive ?

La situation du Marais poitevin n’est pas unique : des projets de méga-bassines existent dans toute la France et des milliers de personnes sont aujourd’hui engagés dans la lutte. Ces militants de tous bords s’opposent avec créativité et pugnacité à l’appropriation de l’eau pour irriguer les plantations de maïs en été. Ce qu’ils veulent mettre en débat, c’est la gestion de l’eau et le modèle agricole.

À commencer par les agriculteurs eux-mêmes. Pas ceux de la FNSEA, bien sûr, dont le nouveau « patron », Arnaud Rousseau est un « agro-industriel ». C’est du côté de la Confédération paysanne, membre fondateur d’Attac, qu’il faut se tourner. Nicolas Girod, son porte-parole le résume ainsi : Les bassines sont un artifice de plus pour perpétuer un modèle agricole qui fait disparaître les paysans et qui répond de moins en moins aux enjeux écologiques et climatiques. Elles enferment dans un modèle d’industrialisation et d’agrandissement. »

Dans cette lutte, les « éco-citoyens » prennent une place de plus en plus importante à l’appel des Soulèvements de la terre, vaste mouvement dont Attac est partie : « On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte, on ne dissout ni l’espoir, ni le courage. On ne dissout pas une idée dont l’heure est venue. »

Sylvie Agard, pour le groupe Cinéma d’Attac

Lire aussi le dossier de presse de la Confédération paysanne (avec les multiples liens qui y sont donnés) : « Méga-bassines, une fausse solution face au changement climatique »

Le site du film

Photos : Fabien Mazzocco

P.-S.

Attac est avec enthousiasme partenaire de ce film sélectionné par le groupe cinéma d’Attac que vous pouvez contacter à cinema@attac.org

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