« Salauds de pauvres ! »

jeudi 28 mars 2024, par Attac France

Les réformes adoptées depuis 2019 ont fait baisser le montant des allocations de 17 % et la durée d’indemnisation de 25 %. Seulement 36 % des inscrit·es à France Travail sont indemnisé·es. L’assurance chômage est en excédent budgétaire. Mais Attal veut encore taper sur les chômeurs et les chômeuses !

Le Premier Ministre a annoncé son intention de réduire les dépenses sociales en s’attaquant une nouvelle fois à l’assurance chômage pour réduire la dette et les déficits publics. Il a beau s’en remettre aux négociations entre les « partenaires sociaux  », ceux-ci n’ont qu’une option : réduire les droits et les dépenses, faute de quoi le gouvernement reprendra la main. Les organisations syndicales ont donc le droit de discuter, mais uniquement des choix de nivellement par le bas gouvernementaux…

L’argument du gouvernement est d’inciter les personnes au chômage à retrouver un emploi. On retrouve ici la bonne vieille rengaine libérale selon laquelle le chômage serait largement choisi, ce que les faits démentent de longue date. Il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver du boulot, même lorsqu’on est prêt·e à accepter un travail aux qualifications différentes et au salaire faible…ce serait surtout obliger les gens à accepter n’importe quel travail, et offrir ainsi un blanc seing aux entreprises pour ne pas agir sur les salaires et les conditions de travail.

Et tout cela alors que moins de la moitié des personnes au chômage perçoivent une allocation et que la réforme de 2023 se traduira par une baisse de 25% de l’indemnisation pour 53% des personnes au chômage. 

En déclarant qu’il faut «  répondre aux inquiétudes des classes moyennes et faire en sorte que ceux qui travaillent gagnent plus que ceux qui ne travaillent pas », le pouvoir table tout à la fois sur la division de la population (faire en sorte que les personnes ayant un emploi ne se mobilisent pas contre son projet) et sur son appauvrissement. Réduire les revenus des personnes au chômage, c’est également se donner les moyens de faire en sorte que le travail paie plus que le chômage (ce qui est déjà le cas) sans revaloriser les salaires. Et en poursuivant son travail de sape contre les droits sociaux. L’orientation du pouvoir, c’est l’alignement vers le bas.

Comment ne pas voir un lien entre annonce de la TVA sociale qui va amoindrir les ressources de la Sécurité sociale en baissant encore les cotisations sociales et cette énième réforme de l’assurance chômage ? Le gouvernement porte un nouveau coup à la citoyenneté sociale, bien malmenée depuis 2017 et en réalité depuis plusieurs décennies. Ce n’est pas en faisant des économies qu’on crée de l’emploi !  Mais c’est toujours plus facile de pointer du doigt les personnes privées d’emploi (qu’on ne nomme jamais ainsi d’ailleurs) que de souligner la responsabilité des employeurs.

L’État lui-même en est un. On serait en droit d’attendre de lui qu’il crée des emplois de qualité, c’est-à-dire non précaires. La fonction publique est pourtant un excellent support pour créer des emplois stables et bien rémunérés (une fois que le point d’indice aura été revalorisé). Le gouvernement pourrait donc donner l’exemple et plutôt que de s’acharner contre les chômeur·euses, il devrait exiger des entreprises qu’elles limitent drastiquement les emplois de courte durée et mal rémunérés. A minima, il devrait revenir sur les exonérations de cotisations sociales consenties au cours des trois décennies et dont l’effet sur l’emploi laisse visiblement à désirer.

Fort avec les faibles, le pouvoir est ainsi faible (et complaisant) avec les forts. Ils continueront de bénéficier d’un système fiscal qui n’a jamais été aussi peu progressif ni aussi injuste. Les réformes passées ne sont pas remises en cause alors que de nombreuses voix, y compris au sein de la majorité, réclamaient à tout le moins des mesures temporaires de relèvement de la taxation des dividendes par exemple. 

Gabriel Attal a annoncé qu’il n’avait pas de tabou sur la taxation des superprofits. Cela fait pourtant deux ans que la majorité à laquelle il appartient rejette l’idée. Il aurait pu annoncer cette mesure ce mercredi 27 mars, mais il a choisi de ne pas le faire. Sa priorité était visiblement ailleurs. 

Jamais un gouvernement n’avait autant abîmé le « modèle social ». L’austérité n’est pas une fatalité.

La destruction de la protection sociale n’est pas la solution. Notre nouvelle campagne sur la justice fiscale est l’occasion de diffuser un contre-discours pour détricoter les mensonges du gouvernement et porter des alternatives à l’injustice. Des solutions existent, c’est la volonté politique qui n’existe pas ! 

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