Guyane : la mobilisation a fait voler en éclat les préjugés

dimanche 23 avril 2017, par Attac France

Après des semaines de blocages, dont celui du centre spatial de Kourou, de manifestations historiques et de grève générale, l’État français a été contraint de répondre à la mobilisation des Guyanaises et des Guyanais qui exprimaient leur mécontentement face à leurs conditions de vie dans cette ancienne colonie française.

Son premier « Plan d’urgence » pour la Guyane, d’un montant de 1,085 milliards d’euros sur environ 5 ans, était dérisoire et méprisant.

Le collectif unitaire « Pou Lagwiyann dékolé », pour que la Guyane décolle, qui coordonne la protestation, a fait part de son insatisfaction devant ces miettes et a durci la mobilisation faute d’avancées sur l’exigence des deux milliards d’euros supplémentaires dès 2017 nécessaires pour satisfaire les revendications portant sur l’éducation, la santé, l’insécurité, le foncier, les énergies, l’économie et les peuples autochtones. La colère vient de loin : des promesses non tenues, des inégalités criantes, du comportement colonial de la France.

Alors que l’État est capable d’investir des milliards d’euros pour faire régulièrement décoller des fusées, il a prétendu ne pas avoir d’argent pour construire des collèges et des lycées, pour doter le territoire d’un système de santé public décent et pour rendre l’économie indépendante des importations venant de la métropole. Aucune reconnaissance des peuples autochtones n’est accordée et l’exploitation illégale et privée des ressources est banalisée. La Guyane a totalement été abandonnée. Le chômage touche 44% des jeunes de 15-24 ans, le taux de pauvreté est de 44,3 %, 15 % de la population n’a pas accès à l’eau potable. Le taux de criminalité y est le plus important des territoires régis par la France.

Il aura fallu plus d’un mois de mobilisation, en pleine campagne électorale, pour qu’un accord soit signé la veille du premier tour. Le protocole doit paraître au Journal officiel, le prochain gouvernement devra donc en tenir compte au risque d’une action en justice et de nouvelles mobilisations.

L’accord confirme « le plan d’urgence » précédemment acté, incluant la construction de cinq lycées et dix collèges en cinq ans, 300 millions pour une quatre-voies et le doublement d’un pont, 212 millions en faveur de la Collectivité territoriale de Guyane, la construction d’une cité judiciaire à Cayenne, d’une prison à Saint-Laurent-du-Maroni et des renforts de policiers et gendarmes. L’accord confirme la cession de 250 000 hectares de foncier de l’État à la collectivité territoriale de Guyane (CTG) et aux communes, la revendication de la rétrocession totale du foncier de l’État à la CTG est renvoyée aux futurs états généraux qui devront alors rouvrir le débat sur l’évolution statutaire. Si l’accord signé y ajoute officiellement deux milliards d’euros supplémentaires, le « plan additionnel d’investissement et de fonctionnement » n’est pour l’heure qu’un objectif.

Pourtant de l’argent, il y en a beaucoup, concentré entre quelques mains. L’actuel président de la République, autoproclamé « ennemi de la finance  », n’a rien fait pour le récupérer. Pire, il a même offert aux entreprises plus de 40 milliards de cadeaux fiscaux. Sans compter que le Centre spatial guyanais ne paie pas le moindre centime d’impôt local !

Les centaines de milliards d’euros confisqués par l’évasion fiscale, par le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), par l’absence de taxe sur les transactions financières doivent être restitués et doivent servir aux urgences sociales et écologiques comme en Guyane.

La mobilisation a fait voler en éclat les préjugés que les uns avaient sur les autres. « Nous sommes tous guyanais – brésiliens, haïtiens, surinamais, gyaniens… ». Elle a été exemplaire par sa détermination. Lagwiyann lévé ! (Guyane soulève-toi !).

Attac France exprime tout son soutien à la population de Guyane !

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