Pour Thomas Coutrot, « c’est l’aboutissement d’une année de manœuvres de la France pour saboter le projet proposé par la Commission européenne en mars 2013. Au lieu de freiner fortement la spéculation et de rapporter 35 milliards d’euros, la TTF européenne n’aura quasiment aucun effet et rapportera dix fois moins. De tous les renoncements accumulés depuis son élection, celui-ci est le plus symptomatique de la dérive ultralibérale du président de la République. Car c’est le seul dossier économique sur lequel il n’a pas hésité à s’opposer très fermement à l’Allemagne et à la Commission, qui désiraient au contraire taxer l’ensemble des produits dérivés. »
Dominique Plihon reste également plus que réservé sur cette annonce : « Nous devrions nous féliciter de la mise en œuvre d’une mesure que nous défendons depuis la création d’Attac, mais il n’en est rien. C’est une taxe au rabais qui verra le jour, sur le modèle de la dérisoire TTF française. La taxation des produits dérivés est repoussée aux calendes grecques. Il s’agit pourtant des produits les plus spéculatifs, donc les plus dangereux. Cette décision lamentable résulte directement du lobbying des banques françaises relayées complaisamment par Bercy et l’Élysée. »
Les banques françaises cumulent la somme de 118 000 milliards de dollars d’engagements sur des produits dérivés, dont la moitié pour la seule BNP Paribas. « Cette bombe à retardement va donc pouvoir continuer à grossir à vitesse accélérée dans les années à venir, menaçant le système financier mondial d’une explosion sans précédents » précise Thomas Coutrot.
Interviewé ce matin sur son bilan après deux ans au pouvoir, François Hollande a annoncé que « la finance a été maîtrisée » et que ses engagements de campagne avaient été honorés. Pour Dominique Plihon, au contraire, « les efforts du gouvernement français pour saboter le projet de TTF européenne sont un exemple parmi d’autres qui montre l’écart abyssal entre les paroles et les actes de l’exécutif. François Hollande n’a pas été élu pour cela ! »
Attac publie, deux ans après l’élection du président Hollande, un bilan de ses engagements non tenus.