Prétendant parler au nom des entreprises non financières, qu’une TTF ne toucherait pourtant pas, les organisations patronales s’inquiètent en réalité pour les profits des grandes banques. Attac Allemagne et Attac France dénoncent ces mensonges et ces alibis.
Des annonces importantes sur la TTF sont en préparation pour le sommet Ecofin du 6 mai prochain. L’inquiétude des grands patrons porte particulièrement sur l’inclusion des produits dérivés dans l’assiette de la taxe. Le gouvernement français milite depuis des mois pour leur exonération alors que le gouvernement allemand et la Commission veulent les taxer.
Les produits dérivés représentent plus de 80 % de l’ensemble des transactions financières : une TTF qui les exempterait serait vide de contenu. Les deux arguments avancés dans leur communiqué par les patrons allemands et français contre la taxation des dérivés sont aussi mensongers l’un que l’autre.
1) Selon le communiqué BDI-Medef, « ces contrats sont en effet largement utilisés par les entreprises non financières pour couvrir leurs risques. Accroître leur coût porterait un préjudice grave à la compétitivité de ces entreprises ». C’est faux. Pour Peter Wahl, d’Attac Allemagne, « seulement 7 % des transactions sur des contrats sont réalisées entre un acteur financier et une entreprise non financière. Les 93 % restant sont de la spéculation pure entre acteurs financiers. Le volume des transactions sur les produits dérivés atteint aujourd’hui le montant absurde de 700 000 milliards d’euros, soit 10 fois le PIB mondial. Il faut dégonfler cette bulle avant qu’elle n’explose de façon catastrophique ».
2) Toujours selon le communiqué BDI-Medef, « taxer les contrats de dérivés provoquerait également une relocalisation massive de ces activités dans des entités financières situées en dehors des États participant à la coopération renforcée ». A nouveau, c’est faux. Selon Dominique Plihon, porte-parole d’Attac France, « le projet de la Commission européenne repose sur le principe de résidence : une transaction réalisée par une banque française ou allemande sera taxée même si elle est réalisée à Londres ou Singapour. Délocaliser ne servira à rien pour y échapper. Les banques et le gouvernement français doivent cesser de chercher de faux prétextes : l’heure est venue d’instaurer une vraie taxe sur les transactions financières ».