Ces dernières années ont vu paraître de nombreux ouvrages portant sur l’histoire de l’énergie. On peut se réjouir de ce renouveau d’intérêt, on peut aussi regretter que ces ouvrages se soient placés sous la bannière de la « transition ». [1].
La révolution industrielle est ainsi présentée comme une « transition » du bois au charbon, comme le passage d’une « économie organique » vers une « économie minérale ». On peut lire dans un ouvrage de référence récent que le pétrole et l’électricité au XXe siècle furent des « transitions énergétiques » – alors que l’électricité accroît la consommation de houille et que le pétrole ne la réduit pas forcément [2]. La vision « phasiste » du monde matériel est si profondément ancrée que des historiens opposent un XIXe siècle du charbon à un XXe siècle du pétrole – et en tirent des conclusions hasardeuses sur l’histoire et la nature du pouvoir [3]. La prodigieuse lenteur de l’actuelle « transition énergétique » n’a pas non plus annulé les présomptions sur celles qui sont supposées avoir eu lieu par le passé [4].
Le problème de ces travaux n’est pas tant leur base empirique que ce qu’ils choisissent d’étudier. En se focalisant sur les transitions, l’histoire de l’énergie oriente les leçons que l’on infère du passé [5]. Cet article propose d’aborder la question par un autre angle : non pas celui des dynamiques, ni même celui des persistances, mais en considérant les relations symbiotiques qui se nouent entre énergies et matières [6].
Symbioses industrielles
Commençons par l’exemple, canonique entre tous, de la révolution industrielle. Depuis les années 1980, les historiens de l’énergie ont ressuscité cette notion en la réinterprétant comme la transition séculaire d’une « économie organique » (l’expression remonte à Werner Sombart) reposant sur le bois, la force musculaire et l’hydraulique, vers une « économie minérale » ou un « capitalisme fossile » fondé sur le charbon, cette « forêt souterraine » qui permit à l’Europe d’échapper à la « contrainte photosynthétique » [7].
Cette interprétation repose sur des calculs énergétiques qui tendent à minorer le rôle des énergies dites traditionnelles et qui accentuent la révolution produite par le charbon [8]. Derrière la froide objectivité des courbes énergétiques ascendantes du XVIe au XIX siècle se cachent des choix discutables sur ce qui entre dans le calcul. Par exemple, selon les données collectées par Paul Warde – qui sont à l’arrière-plan des analyses d’Anthony Wrigley ou de Vaclav Smil sur la révolution industrielle –, le bois ne jouerait plus aucun rôle dans le mix énergétique britannique au milieu du XIXe siècle [9]. Pourtant, les mines de charbon anglaises engloutissent d’énormes quantités de bois : des poutres, des étais, des perches et des planches destinés à boiser les galeries. En tout, 4,5 millions de tonnes en 1913 [10]. Cela signifie qu’en 1913 la Grande-Bretagne utilise environ deux fois plus de bois pour extraire son charbon qu’elle n’en brûlait au milieu du XVIIIe siècle. Malgré des efforts d’économie, réalisés au mépris de la sécurité des mineurs, la consommation de bois d’œuvre demeure proportionnelle à l’extraction du charbon (en France : de l’ordre de 3-4 % du charbon extrait) loin dans le XXe siècle [11]. Cet exemple témoigne d’un phénomène général : bien plus qu’une transition du bois au charbon ou des matières organiques aux matières minérales, l’industrialisation fut avant tout une mise en relation symbiotique des trois règnes.
Cette relation était une évidence pour tous les forestiers de l’époque : l’un d’eux se gausse des « jugements superficiels », de ceux qui « se figurent que grâce à l’emploi du fer, de l’acier et du charbon, le bois est un produit de plus en plus délaissé [12] ». Pendant tout le XIXe sicle, l’utilisation du bois de feu résiste bien face au charbon. Au début du XXe siècle, les forestiers Zon et Sparhawk estiment qu’en Amérique du Nord comme en Europe, près de la moitié du bois est abattu pour être brûlé ou carbonisé – ce serait 80 % dans les autres continents [13]. Aux États-Unis, la sidérurgie au bois continue de croître jusque dans les années 1890 et son déclin date de l’entre-deux guerres seulement [14]. La France brûle 20 millions de m3 de bois en 1876 et encore 17 millions en 1908 [15]. La baisse du bois de feu concerne surtout les villes. À Paris, elle est compensée par la montée de la houille bien sûr, mais aussi par celle du charbon de bois dont la consommation par habitant croît jusque dans les années du dernier quart du XIXe siècle [16].
À cette date, la chimie prend le relais : les forêts de l’Yonne et du Nivernais qui approvisionnaient Paris sont dorénavant exploitées sur place grâce à l’industrie de la pyrolyse du bois qui, à la fin des années 1880, s’implante aux anciens points névralgiques du flottage. Les méthodes modernes de carbonisation (la cornue Lambiotte) permettent d’obtenir de meilleurs rendements, donc davantage de charbon, et surtout de récupérer des gaz dont on tire des produits chimiques et pharmaceutiques à forte valeur ajoutée. La fin du flottage sur l’Yonne dans les années 1920 n’est donc pas le signe d’un déclin du bois-énergie mais plutôt celui de sa reconfiguration par la chimie industrielle [17].
Même si le bois de feu recule dans certains pays ou certaines industries, ce recul est largement compensé par l’augmentation de la consommation de bois d’œuvre. La consommation britannique de bois d’œuvre est ainsi multipliée par 6 entre 1830 et 1930 – et par 3 rapportée au nombre d’habitants [18]. De tous les pays européens, c’est la Grande-Bretagne, championne du charbon, qui importe aussi le plus de bois : 12 millions de m3 à la fin du XIXe siècle, soit deux fois et demie la production des forêts françaises. Grâce au progrès des transports, elle peut s’approvisionner en quantité croissante à un prix décroissant (-35 % dans le dernier quart du XIXe siècle). D’autres pays européens mieux dotés en forêts suivent aussi cette tendance : la Belgique voit ses importations multipliées par 6 entre 1860 et 1900 et l’Allemagne, malgré ses forêts résineuses de plaine à fort rendement, double les siennes entre 1888 et 1898. La France, qui dispose surtout de forêts de taillis pour le bois à brûler, est obligée à la fin du XIXe siècle d’importer 3 millions de m3 de bois d’œuvre, soit la moitié de sa production nationale [19].
Que fait-on de tous ce bois d’œuvre ? Avec des variations nationales, la construction arrive en tête (environ la moitié de la demande), vient ensuite la production de papier (un cinquième), les transports, puis l’emballage (tonneaux et caisses) [20]. D’autres usages massifs sont tombés dans l’oubli : au début du XXe siècle la plupart des grandes artères londoniennes sont recouvertes de pavés de bois (un matériau glissant mais apprécié par la douceur de son roulement) [21] de même qu’un cinquième des chaussées parisiennes [22].
Les techniques emblématiques de la « révolution industrielle » reposent sur le bois. Les « chemins de fer » auraient tout aussi bien pu s’appeler « chemin de bois » : dans les années 1890, la maintenance du réseau américain requiert 73 millions de traverses par an, soit 14 millions de m3 de grumes – la production de 20 millions d’hectares de forêt. Un dixième de la production forestière des États-Unis serait ainsi consacré au train [23]. Au même moment la consommation en fer pour les rails était de 1,5 million de tonnes par an, un poids à peu près équivalent aux traverses susmentionnées [24]. A cela il faut ajouter que les fabricants de locomotives préféraient recourir à des aciers « de luxe » issu de la sidérurgie au bois (au moins pour les chaudières et les essieux) moins cassant que l’acier au coke.
La construction repose aussi sur une alliance du bois et du charbon : la cuisson des briques est un gouffre énergétique – le troisième consommateur industriel de charbon américain – et le premier poste de consommation de bois d’œuvre [25]. De manière plus anecdotique, le fameux Palais de cristal de l’exposition universelle de Londres en 1851, symbole de la modernité matérielle (fer/verre) du XIXe siècle, comportait au moins trois fois plus de bois que de fonte. L’une des vraies innovations liées à ce bâtiment – inspiré des serres agricoles – réside dans la production mécanique de pièces en bois standardisées [26].
Certaines innovations industrielles eurent aussi un rôle essentiel dans l’augmentation de la production de bois. On pense naturellement aux technologies d’attaques – les chemins de fer qui ouvrent de nouveaux fronts à l’exploitation forestière ou les scieries à vapeur – mais dans ce domaine la vraie révolution aura lieu plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, avec la diffusion de la tronçonneuse et des engins forestiers [27]. La grande innovation du XIXe siècle qui accroit indirectement la production de bois, c’est le papier de cellulose. Au début du XXe siècle, dans les pays riches, le papier est le troisième poste de consommation de bois après l’énergie et la construction [28]. Il s’agit d’une alliance à parts égales de bois et de charbon : chaque tonne de papier nécessitant environ une tonne et demie de chacune de ces matières (en plus de produits chimiques) [29]. Son intérêt est de valoriser les immenses forêts de résineux du Canada et des pays scandinaves, d’utiliser des bois plus jeunes et donc de permettre des rotations forestières plus rapides : à travers l’industrie papetière, le charbon accroît donc la production de bois [30].
Carbon fallacy
« Vous pourriez facilement traverser tout le nord de l’Angleterre » écrivait George Orwell en 1937 « sans vous rendre compte que cent mètres au dessous de la route des mineurs sont en train de tailler du charbon ». « Pourtant, ajoutait-il, ce sont eux qui font avancer la voiture [31] ». Pressés de raconter l’épopée du pétrole et de l’électricité, les historiens filent aussi à toute vitesse vers le futur : passé le cap des années 1900, le charbon passe à l’arrière-plan, analysé en tant que « persistance de l’ancien [32] », alors même que sa plus forte croissance a eu lieu dans les années 2000.
Si le pétrole s’ajoute au charbon plus qu’il ne le remplace c’est parce que les deux matières n’entrent que marginalement en concurrence. Les spécialistes des années 1930 insistent au contraire sur leur complémentarité ou même sur leur « solidarité [33] ». Le pétrole permet surtout de nouveaux usages et, au premier chef, de faire rouler des camions et des voitures. Or, l’automobile, par ses consommations induites, consomme davantage de charbon que de pétrole. En 1934, l’ingénieur en chef de l’Anglo-Iranian Company calcule que l’industrie automobile, la construction des pétroliers, des réservoirs et des raffineries britanniques ont requis13 Mt d’acier de 1918 à 1934, soit 53 Mt de charbon. La Grande-Bretagne n’ayant consommé que 21 Mt de pétrole dans la même période, il en concluait que chaque tonne de pétrole avait nécessité 2,5 tonnes de charbon [34]. Louis Pineau, le directeur de l’Office français des combustibles liquides arrive à un résultat comparable : la production d’une voiture en France nécessitait à peu près autant de charbon (7 tonnes) qu’elle ne consommait d’essence lors de la totalité de son usage [35]. Conclusion : le pétrole « épaule le charbon ». Ces calculs sont des estimations basses puisqu’il faudrait y ajouter le charbon employé à l’adaptation du réseau routier [36] ou encore celui nécessaire au raffinage et au transport du pétrole [37].
En fait, Orwell ne croyait pas si bien dire : avant la Seconde Guerre mondiale, le charbon a effectivement fait avancer les voiture, car on en tirait du benzol, un carburant qui améliorait les qualités anti-détonantes de l’essence. Dans les années 1900, en France, la plupart des autobus et la majorité des automobiles roulent non pas à l’essence de pétrole, mais au benzol. Selon un journaliste « c’est le benzol qui a développé l’automobile [38] ». Pendant la Première Guerre mondiale, les États belligérants obligent les cokeries et les usines à gaz à récupérer le benzol qui est aussi un composant des explosifs. La production s’accroît fortement dans l’entre-deux guerres en lien avec la perspective d’un conflit militaire. En France, le gouvernement encourage l’utilisation d’un mélange de benzol et d’alcool dénommé le « carburant national ». Dans les grands pays charbonniers, le benzol joue un rôle non négligeable : en Angleterre, il représente un dixième de l’essence et même jusqu’à un quart en Allemagne [39].
Pendant la Guerre froide, le pétrole ne joue qu’un rôle secondaire comme énergie industrielle, la période correspondant plutôt à l’apogée du charbon qui se modernise sous la houlette d’États dirigistes : l’Angleterre connaît son pic de consommation en 1956, le charbon représenterait alors 95 % de son énergie primaire ; en France, le pic de consommation est atteint en 1962 avec 75 millions de tonnes [40]. L’électrification renforce encore la centralité du charbon : des centrales thermiques sont établies directement dans les bassins houillers, les plus grandes pouvant engloutir 4 millions de tonnes de charbon par an [41]. La politique suivie dans les pays capitalistes n’est pas de favoriser le pétrole mais plutôt de gérer au mieux sa coexistence avec le charbon : au premier, l’essence, les lubrifiants, les plastiques, à savoir des produits plus rémunérateurs ; au second, la production électrique, le ciment et la sidérurgie. Les progrès dans le raffinage permettent justement de réduire la part des fractions lourdes destinées à l’industrie. La consommation du fuel industriel ne décolle en Europe qu’à partir de 1958 avec l’afflux de pétrole moyen-oriental bon marché et la diffusion véritablement massive de l’automobile qui rendent le pétrole compétitif par rapport au charbon [42].
Contrairement à l’hypothèse de Tim Mitchell, ce n’est donc pas une transition inexistante vers le pétrole qui a pu dompter les mineurs. En France, la grande grève de 1947-1948 dans les charbonnages du nord fut vaincue grâce à la répression militaire, aux licenciements et surtout grâce au charbon américain et allemand [43]. Pour briser la grève, le gouvernement français importe jusqu’à un million de tonnes de charbon des USA par mois grâce au plan Marshall. Celui-ci, parfois présenté comme le cheval de Troie du pétrole en Europe de l’Ouest [44], a davantage contribué à la modernisation des mines. En France, après EDF, c’est Charbonnage de France qui reçoit le plus d’argent du plan Marshall [45].
Le charbon est au cœur de la stratégie des États-Unis en Europe [46]. C’est sous leur égide qu’est lancé le grand plan « charbon pour l’Europe ». Son but : reconstruire et intégrer l’industrie européenne grâce au charbon de la Ruhr, tout en ménageant des débouchés à leurs propres houillères. L’administration du plan Marshall considère d’un mauvais œil la politique pétrolière expansionniste de la France qui cherche à renforcer sa souveraineté énergétique. Ce plan – qui deviendra celui de Schuman en 1950 puis la CECA en 1954 – permet de protéger le gouvernement français des mineurs cégétistes du Nord puisqu’il est dorénavant possible de puiser dans le charbon allemand. Enfin, le déclin du charbon en France après le plan Jeanneney de 1962 est beaucoup plus spectaculaire en relatif (du fait de l’afflux du pétrole moyen-oriental bon marché) qu’en valeur absolue : la France en consomme encore entre 40 et 50 millions de tonnes dans les années 1970-1980, c’est-à-dire deux fois plus qu’un siècle auparavant.
La vague de globalisation et la révolution néolibérale des années 1980 se sont aussi parfaitement accommodées du charbon. Aux USA l’élection de Reagan marque le début d’une énorme croissance charbonnière, lancée par les chocs pétroliers et qui aboutira en 2008 au pic historique de la consommation américaine à1,2 Gt/an. Bien plus que le pétrole, c’est l’évolution technologique du charbon qui a transformé la culture politique des mineurs. L’extraction aux USA migre des mines d’anthracite de Pennsylvanie vers le Wyoming, des bastions ouvriers socialistes au Midwest agricole et républicain. L’activité minière se transforme : plutôt que d’extraire le charbon du sous-sol, d’immenses engins enlèvent le sol qui se trouve au-dessus de lui [47]. Résultat : la productivité des mines triple aux États-Unis entre 1980 et 1995. L’ouvrier des mines à ciel ouvert du Wyoming extrait 20 tonnes de charbon par jour contre 1,5 tonne pour les Charbonnages de France dans les années 1950 [48]. De même, en Allemagne, ce n’est pas le pétrole qui remplace le charbon, mais la lignite qui se substitue à l’anthracite. Le charbon a aussi alimenté l’essor économique de la Chine dont la consommation passe de 1,5 Gt à 4 Gt entre 2000 et 2015. Chaque année, la Chine brûle à peu près autant de charbon que la France dans toute son histoire. Le charbon n’est pas une énergie qui serait « moins moderne » que le pétrole. Il est tout autant l’énergie de la « révolution industrielle » que celle d’internet qui n’est au fond qu’un réseau d’électrons supplémentaire.
Notons pour finir que si l’énergie focalise l’attention, son histoire n’est absolument pas exceptionnelle : au cours des deux derniers siècles, l’éventail des matières premières utilisées s’élargit sans cesse et chacune des matières est consommée en quantités croissantes. Les matières premières ne deviennent jamais obsolètes et les processus de substitution sont largement compensés par les effets rebonds ou les réorientations d’usage. Entre 1900 et 2015, le poids total des matières premières consommées par l’économie mondiale a été multipliée par 12 [49]. Depuis la Seconde Guerre mondiale, malgré la prolifération des produits de synthèse (plastiques, etc.) aucune grande matière première n’a décru, hormis la laine de mouton qui recule face aux fibres synthétiques, ce qui n’est d’ailleurs pas une bonne nouvelle pour l’environnement. Entre 1960 et 2010, sur les 69 principales matières premières, seules six ont vu leur consommation mondiale décliner. Et pour cinq d’entre elles, cette décroissance est due à leur toxicité et à des interdictions nationales [50]. Malgré la crise environnementale, et malgré la crise financière de 2008, la consommation matérielle mondiale s’accélère : elle a cru de 53 % entre 2002 et 2015. Entre ces deux dates, on a extrait 1 000 Gt de matières du sol, soit un tiers de tout ce qui avait été extrait depuis 1900.
Conclusion
Dans les années 1980, au moment où une nouvelle vague de charbon déferlait sur le monde, la transition devint la grande préoccupation des historiens de l’énergie. Il faut voir dans ce paradoxe l’influence de la prospective énergétique très en vogue depuis les années 1970. Le discours de la transition émerge dans le milieu des futurologues qui pensent l’avenir énergétique des USA après les chocs pétroliers. Si cette notion n’est pas un bon descripteur du passé, c’est que ce n’était tout simplement pas son but initial [51]. Et si elle a séduit les historiens, c’est qu’elle leur donnait une certaine importance : en parlant la langue des technocrates, des pans entiers de l’historiographie (l’histoire économique, l’histoire des techniques, la révolution industrielle) semblaient soudainement acquérir une grande pertinence pour penser les défis du futur. Connaissant les ressorts des transitions énergétiques passées, les historiens pourraient devenir des experts de la transition à venir.
Le problème est que cette notion ne rendait pas du tout compte de la nature cumulative et symbiotique du passé énergétique et matériel. Elle permettait par contre d’imaginer une économie décarbonnée comme la suite, voire l’aboutissement d’un majestueux processus historique amorcé il y a deux siècles. Le problème de la « transition énergétique » est qu’elle projette un passé qui n’existe pas sur un futur pour le moins fantomatique.
Cet article est paru dans le numéro de janvier 2021 de la série Responsabilité & Environnement des Annales des Mines que la revue Les Possibles est autorisée à reproduire.