Des féministes de toute l’Europe à l’ESU

mardi 9 septembre 2014, par Lysiane Rollet, Marion Lafon

L’Université d’été des mouvements sociaux, qui a rassemblé plus de 2 000 personnes à Paris du 19 au 23 août, a été l’occasion de réunir des féministes de toute l’Europe qui se sont retrouvé·e·s dans le cadre de deux ateliers et d’une assemblée de convergence le dernier jour.

Bien que les femmes soient les premières victimes de l’oppression néolibérale, cumulée à l’oppression patriarcale traditionnelle, les questions de genre sont souvent peu développées au sein du mouvement social. L’Université d’été des mouvements sociaux a été l’occasion de mettre en commun les différentes expériences nationales et d’élaborer des pistes de travail en commun, en matière de féminisme. Différentes structures et organisations ont participé à ces échanges : des représentant·e·s des différents Attac d’Europe, du Maroc, d’organisations féministes (Marche mondiale des femmes…), des partis féministes, des organisations de lutte contre la prostitution, des syndicalistes.

Deux thèmes ont été abordés au sein des ateliers.
Premièrement, les femmes et la droite et l’extrême-droite en Europe : il s’agissait d’analyser la manière dont la montée de courants d’extrême-droite et populistes ces 20 dernières années, notamment avec un discours plus lisse et une plus grande apparence de « respectabilité », ont eu des conséquences particulièrement dramatiques sur la situation des femmes.
Deuxièmement, comment, en cette période de crise économique généralisée, les droits des femmes deviennent des revendications secondaires par rapport à l’illusoire lutte contre l’austérité.

Il ressort de ces discussions qu’une logique commune est en œuvre dans les différents pays européens. Même si les attaques sont différentes en ce qui concerne leurs formes et leur degré, elles vont toutes dans le sens d’une régression généralisée des droits des femmes relativement à leur émancipation (droit à disposer de leur corps, indépendance économique et financière).

Si avec la crise économique de ces dernières années, c’est une bonne partie du mouvement social qui est en retrait, force est de constater que les attaques dont sont victimes les femmes est d’une bien plus grande ampleur.
Avec cette situation, il ne s’agit plus, pour beaucoup, de se battre pour gagner de nouveaux droits, mais de se battre pour ne pas perdre les anciens.
Les femmes subissent ainsi dans plusieurs pays de graves atteintes dans leurs droits : remise en cause de l’IVG (Espagne, Portugal, Pologne…), déremboursement des moyens de contraception… De plus, elles constituent de façon récurrente la grande majorité des travailleurs pauvres, subissent de plein fouet le travail partiel. Elles sont majoritairement victimes de la remise en cause des services publics et plus particulièrement des services d’aide à la personne. En effet, ce sera prioritairement sur elles que retomberont les tâches auparavant imputées à la collectivité. Avec dans le même temps, un retour en force des traditions familiales et de la volonté de cantonner les femmes à leur rôle de mère au foyer. Les jeunes femmes, les femmes pauvres et précaires en subiront d’autant plus les conséquences.

On prend ainsi pleinement conscience de la nécessité d’une riposte non plus cantonnée au niveau national, mais également à l’échelle européenne. Cette riposte est d’autant plus nécessaire que nos adversaires sont, quant à eux, structurés.

C’est dans ce cadre que s’est tenue la réunion de convergence, l’idée étant de dégager des pistes de travail communes pour l’avenir.
Il existe des réseaux féministes européens et nous avons déjà participé à plusieurs actions communes face à l’austérité (dont la mobilisation de grande ampleur le 1er février dernier, en solidarité avec les espagnoles pour défendre le droit à l’IVG) mais la difficulté est de ne pas se laisser absorber par nos luttes locales quotidiennes et de faire vivre ces réseaux.

Plusieurs perspectives ont été dégagées :

  • En interne, la création d’un réseau entre les féministes d’Attac pour élaborer des analyses communes et porter ensemble les questions féministes dans les Attac d’Europe.
  • Constituer, avec les femmes et organisations présentes ici, une liste électronique qui nous permette de rester en lien, d’échanger sur le fond et sur les mobilisations dans nos pays.
  • Participer à l’action européenne 2015 de la Marche mondiale des femmes (collectif d’organisations et d’individues) : une caravane féministe est en préparation, au départ de Turquie le 8 mars et arrivée au Portugal le 17 octobre 2015. L’objectif est de montrer que d’autres modèles sont possibles et comment des femmes essayent déjà de les mettre en œuvre. La caravane va donc aller à la rencontre de femmes en lutte dans un grand nombre de pays d’Europe pour rendre visible les alternatives féministes et faire des liens entre les mobilisations.

Lysiane Rollet et Marion Lafon sont membres de la commission « Genre » d’Attac France.

P.-S.

Si vous souhaitez plus d’informations sur nos actions ou si vous voulez rejoindre ces initiatives, n’hésitez pas à envoyer un courriel à l’adresse genre-contact@attac.org.

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