Nous nous appuyons sur le sentiment partagé que les ultra-riches et les multinationales jouissent d’une insupportable impunité. En effet, que ce soit en matière de droits sociaux et humains, de préservation des écosystèmes ou d’évasion fiscale, les multinationales semblent avoir gagné la bataille face à des États complaisants ou trop faibles pour s’opposer à leur pouvoir et leurs armées de lobbyistes. Ces entreprises ont l’oreille de la plupart des chefs d’États et disposent de capitalisations boursières dépassant le PIB de nombreux pays. Elles se retrouvent en situation de force pour influencer la fabrique des lois ou pour trouver des failles afin de contourner les dispositions qui leur déplaisent. Elles sont les grandes gagnantes du libre-échange qui leur permet de mettre les pays en concurrence pour peser lourdement sur les normes sociales, fiscales et écologiques. Il n’y aura pas de changement majeur de politique sans bouleversement de ce rapport force.
Pour y arriver, nous devons défendre l’aspiration d’une grande majorité de la population à plus de justice fiscale, sociale ou écologique. En effet, qu’elle soit légale ou pas, l’évasion fiscale aggrave fortement les déficits publics, contribue à l’injustice fiscale et à une baisse du consentement à l’impôt. Elle mine ainsi l’un des piliers de la démocratie et sert d’argument à l’affaiblissement des services publics et de la protection sociale. Plutôt que de stigmatiser les plus pauvres, les fonctionnaires ou les chômeurs, les gouvernements devraient promouvoir la justice fiscale en menant une lutte sans merci contre l’évasion fiscale des ultra-riches et des multinationales.
Qu’elles soient fossiles ou financières, les industries extractives font peser de lourdes menaces sur les peuples et la planète. Elles sont des freins majeurs à la transition sociale et écologique de nos économies. Plutôt que de confier les clefs de notre avenir collectif aux banques et multinationales, aux partenariats publics-privés ou à la finance carbone, les gouvernements devraient promouvoir la justice écologique et les biens communs en développant de nouvelles manières de produire et de partager les ressources et les richesses.
Pour mener nos combats, nous devons également nouer des alliances avec des acteurs associatifs, syndicaux et politiques tout en démontrant que le changement ne se fera pas sans des mouvements sociaux forts et indépendants capables de porter et de renforcer les attentes des citoyen·ne·s. C’est ainsi que nous serons toujours plus nombreux/ses à agir pour mettre un terme à l’impunité dont jouissent les multinationales et les ultra-riches.
Cette année s’est ouverte avec deux procès inédits les 6 et 12 février derniers. Si le procès de Nicole Briend a été reporté au 7 juin, nous avons obtenu une victoire symbolique en gagnant notre procès contre Apple, le tribunal déboutant la marque à la pomme et légitimant nos actions « dans le cadre d’une campagne d’intérêt général sur le paiement des impôts et l’évasion fiscale ». Nous repasserons à l’action à l’occasion de la loi qui se prépare contre la fraude fiscale en proposant la formation d’une alliance large pour la justice fiscale. Le 7 juin, nous vous donnons rendez-vous devant le tribunal de Carpentras pour demander la relaxe de la « faucheuse de chaises » Nicole Briend.
La victoire collective contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes en appelle d’autres ; nous proposons aux comités locaux de continuer de se mobiliser contre les grands projets inutiles et de mener campagne contre le financement des industries fossiles. En particulier l’argent du fond de réserve des retraites, du livret A et du livret développement durable ne doivent plus servir à financer les industries extractives. Cette campagne sera lancée à l’occasion d’une semaine de mobilisations à partir du 8 et jusqu’au 15 septembre, date anniversaire des 10 ans de la chute de Lehman Brothers.
N’oublions pas le CETA qui, après sa ratification par le Parlement européen, doit être examiné par l’Assemblée nationale fin 2018. Dès à présent, avec le collectif Stop CETA, nous interpellons les parlementaires, et nous nous mobiliserons lors du débat à l’Assemblée. Nous devons également rester à l’affût pour accompagner les mobilisations sociales, dont les mobilisations féministes, en poursuivant notre travail d’éducation populaire pour démonter le « business model Macron ».
Pour fêter nos 20 ans, nous nous retrouverons dans de nombreuses villes ces prochains mois et le samedi 2 juin à La Bellevilloise à Paris. Ce sera l’occasion de revenir sur ce que nous avons accompli depuis 1998, de faire connaître plus largement notre mouvement et de réfléchir à nos perspectives pour les années à venir, notamment notre engagement pour une réelle transition écologique, sociale et féministe. Pour favoriser l’engagement de chacun.e, nous travaillons à repenser les espaces d’implication dans l’association et à mettre en œuvre une politique de formation ambitieuse. Enfin, du 22 au 26 août, nous organisons à Grenoble une Université d’été des mouvements citoyens, qui réunira de nombreuses organisations associatives et syndicales.