Le paysage des négociations climatiques qui s’ouvrent à Durban (28 novembre-9 décembre 2011) est sombre. Les pays industriels ne respectent pas les modestes engagements pris à Kyoto en 1997. Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 6 % en 2010 par rapport à 2009, dépassant le pire des scénarios du GIEC. Les transferts financiers visant à contenir le changement climatique et à s’adapter sont toujours attendus et aucun accord n’a été trouvé pour l’organisation du Fonds vert pour le climat. Le seul traité international dont nous disposons, le protocole de Kyoto, est vidé de sa substance : aucun engagement contraignant de réductions d’émissions n’est pris pour l’après-2012. L’échéance pour un nouveau traité est repoussée au mieux à 2020, au moment où le GIEC fait le lien entre le changement climatique et les événements météorologiques extrêmes, inondations, ouragans, sécheresse, orages violents !
L’heure est à l’unilatéralisme, rebaptisé stratégie « bottom up ». D’un régime contraignant avec objectif global de réduction des émissions, on passe à l’enregistrement de déclarations d’intention unilatérales. Les pays industriels, États-Unis en tête, refusent un accord politique visant à réduire de manière contraignante les émissions de gaz à effet de serre.
À Durban, les techniciens de la finance climatique vont tenter de mettre en place le Fonds vert et attirer les capitaux privés sous le haut patronage de la Banque mondiale, avancer sur la transformation des forêts en produits financiers (programme REDD+) et sur l’inclusion des sols dans les mécanismes financiers d’attribution des droits à polluer, préserver les marchés du carbone et autres « mécanismes de flexibilité » du protocole de Kyoto. Place donc aux « expert s », pour des arrangements sans traité international, sans ratification des parlements nationaux. Pour eux, le changement climatique n’est pas l’affaire des peuples !
Attac et AITEC seront présentes à Durban avec les mouvements sociaux africains et sud-africains, avec le mouvement pour la justice climatique, pour construire des alternatives locales et globales au modèle productiviste responsable de la crise climatique. Pour pérenniser ces résistances et les expériences locales, nous avons besoin d’un traité international, qui leur donne un cadre, qui soit discuté de manière multilatérale, qui permette un débat démocratique et rende la parole aux peuples.
Avec les mouvements sociaux présents à Durban nous disons : Occupy COP17 !
Paris, le 24 novembre 2011