La taxe, l’aéroport, les requins : Attac ne lâche rien !

mardi 22 avril 2014, par Attac France

Après le pacte budgétaire, ratifié sans en changer un mot malgré les promesses électorales du candidat socialiste. Après la reculade de la non-réforme bancaire, dont les banques françaises se sont félicitées. Après les déclarations d’amour de Pierre Moscovici au Medef (« Bercy est la maison des entreprises »), qui ne sont pas restées platoniques mais ont donné naissance à l’Accord national interprofessionnel (ANI) et la loi « compétitivité-emploi », à la réforme des retraites, au « Crédit d’impôt compétitivité emploi », à la « TVA sociale », et maintenant à l’inepte « Pacte de responsabilité ». Après l’abandon du droit de vote des étrangers... Après tant de renoncements, il ne restait plus vraiment d’espoir…

(Illustration - Soulcié - Iconovox)

Et pourtant, une fois de plus, le gouvernement de François Hollande a réussi à nous décevoir. Des conditions exceptionnelles étaient réunies pour l’adoption d’une taxe sur les transactions financières (TTF) ambitieuse à l’échelle européenne : une première proposition de la Commission européenne qui constituait une bonne base ; l’accord de onze États pour la mise en place d’une coopération renforcée ; le soutien actif de la nouvelle coalition gouvernementale allemande, qui avait inscrit une taxe ambitieuse dans son programme de gouvernement ; et un large soutien de la population et de la société civile.

À l’occasion du sommet franco-allemand du 19 février, les gouvernements français et allemand devaient finaliser le projet de TTF. Le PS et le SPD disposaient d’une opportunité historique pour la mise en place d’une TTF ambitieuse en Europe. Plus de 300 associations, ONG et syndicats européens avaient adressé à François Hollande une lettre ouverte pour qu’il respecte ses engagements de campagne et soutienne avec l’Allemagne le projet de directive européenne sur la TTF.

Mais il n’en fut rien : le gouvernement français et Bercy ont, jusqu’à la dernière minute, agi en coulisse pour réduire drastiquement la portée de la taxe en jouant sur les modalités concrètes de sa mise en œuvre. Tout d’abord en refusant d’y inclure les pratiques les plus spéculatives : les produits dérivés, spécialités des banques françaises, ou encore la taxation du « trading haute-fréquence ». Puis en faisant mine d’inclure les produits dérivés mais sous la forme d’un impôt prélevé une seule fois par an, à un taux incertain et aux recettes nébuleuses. À l’opposé d’une taxe qui devait s’appliquer à chaque transaction et contribuer à désarmer la spéculation. Bref, une nouvelle manœuvre pour laisser les requins bancaires [1] passer à travers les mailles du filet.François Hollande a indiqué lors de la conférence de presse franco-allemande « préférer une taxe imparfaite que pas de taxe du tout ». Une déclaration qui sonne comme une provocation cynique alors que le gouvernement allemand a choisi de ne pas céder aux positions françaises et s’en tient à une définition large de la TTF.

Tout porte à croire que le gouvernement français va poursuivre son travail de sape du projet de TTF. François Hollande semble désormais assumer pleinement son rôle de chien de garde des intérêts de la finance, comme en témoignent les critiques outrancières de Pierre Moscovici face aux propositions de réforme bancaire de la Commission européenne, jugées « irresponsables ».

Ce choix politique assumé est rigoureusement contraire au discours du Bourget qui a permis à François Hollande d’être élu. Mais la résignation n’est pas pour autant de mise. À l’occasion des élections européennes, nous multiplierons les initiatives d’éducation populaire et d’interpellation des candidat-e-s pour l’instauration d’une véritable TTF. Quelle crédibilité pour les candidat-e-s socialistes dans ce scrutin, si leur gouvernement continue à saboter activement, au vu et au su de tous, l’une de leurs principales promesses électorales ?

Les capitulations successives du président Hollande se font sur ordre. Sur ordre de ces banques et de ces multinationales prédatrices dont les actionnaires tiennent en main les marionnettes politiques qui nous gouvernent. Après le succès de la première journée d’actions « anti-requins », le samedi 15 mars dernier, nous allons poursuivre notre mobilisation citoyenne contre leur impunité en multipliant les actions pour faire plier la BNP, la Société générale et Unilever.

Contre un modèle néolibéral, productiviste et antidémocratique tel que le dessinent les projets d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, d’exploitation des gaz de schiste et de grand marché transatlantique, nous serons présents avec toutes les forces engagées dans ces luttes.

L’espoir est permis, car en Europe, des résistances face à l’offensive néolibérale se développent et commencent à obtenir des victoires. L’Université d’été européenne des mouvements sociaux, organisée par le réseau des Attac d’Europe à Paris du mardi 19 au samedi 23 août, sera l’occasion de mieux connaître ces dynamiques et de créer des échanges entre elles. Ce sera aussi un moment important de mobilisation vers les prochaines échéances communes : les actions à l’occasion de l’inauguration des nouveaux bâtiments de la Banque centrale européenne à Francfort cet automne, le Forum social mondial à Tunis en mars 2015 et la mobilisation internationale pour la 21e conférence des Nations unies sur le changement climatique, prévue à Paris fin 2015.

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