La politique du pire

mercredi 2 avril 2014, par Thomas Coutrot

François Hollande a démontré à nouveau toute son inconsistance politique en nommant Manuel Valls à Matignon en réponse à l’insurrection abstentionniste d’un électorat de gauche exaspéré par une politique droitière. Mais son discours annonçant cette nomination bat un autre record, celui de l’inconsistance économique.

Cette chronique sera publiée dans le numéro de Politis du jeudi 3 avril.

On connaissait déjà le « pacte de compétitivité », dont les 30 milliards d’euros donnés au patronat ne s’accompagnent que de vagues promesses non chiffrées du Medef concernant d’hypothétiques « contreparties ». Avec l’hypothèse absurde que les patrons utiliseront cet argent pour embaucher et investir alors que ces mêmes patrons, interrogés par l’Insee, déclarent en majorité qu’ils souffrent surtout d’un manque de demande pour leurs produits.

Mais voici maintenant le « pacte de solidarité » et ses « trois piliers ». « L’éducation et la formation de la jeunesse » ? C’était déjà la « priorité absolue » du candidat Hollande. Mais le taux de chômage des jeunes est de 24% comme en mai 2012. « La sécurité sociale avec la priorité donnée à la santé » ? Le même nous disait pourtant dans ses vœux de Nouvel An que la sécurité sociale « doit en terminer avec les excès et les abus ». Les prochaines mesures d’économies budgétaires donneront sans doute la priorité... aux coupes dans la santé.

Le troisième pilier est tout aussi vermoulu. C’est celui du « pouvoir d’achat avec une réduction des impôts des Français et une baisse des cotisations payées par les salariés ». Autrement dit, « je prends de la main droite, je donne de la main gauche » : la baisse des cotisations salariales pour les bas salaires sera financée par la suppression de la prime pour l’emploi, que touchent les mêmes catégories de salariés. C’est mot pour mot le jeu de bonneteau du candidat Nicolas Sarkozy (« je propose aux 7 millions de Français qui gagnent entre 1200 et 1400-1500 euros, de supprimer des charges sur leur salaire pour augmenter leur salaire net en redéployant la prime pour l’emploi », 22/02/2012).

Pour le reste, avec Valls et Montebourg la transition écologique est définitivement enterrée, et les coupes de 50 milliards d’euros en trois ans dans les dépenses publiques sont confirmées. Mais attention ! « Il ne s’agit pas de faire des économies pour faire des économies » mais d’être « plus juste et plus efficace »... Tous les observateurs s’interrogent : où trouver 50 milliards d’euros ? La « réforme des territoires », seul piste concrète évoquée, ne pourrait rapporter au mieux qu’un petit milliard d’euros. On peut donc s’attendre à des annonces brutales dans les mois qui viennent.

Hollande montre donc toute sa détermination à aller jusqu’au bout du désastre. Sans doute espère-t-il que son nouveau premier ministre saura mater les révoltes. Aux mouvements sociaux de refuser les provocations et de montrer que fort heureusement, les alternatives mûrissent partout dans les actions et initiatives citoyennes.

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